©(Photo JOEL SAGET / AFP)
Majorité absolue ou relative? Coalition gouvernementale ou blocage institutionnel? Qui comme Premier ministre? Le suspense plane en France sur les conséquences des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, même si certains avancent déjà leurs pions sur les différents scénarios.
Majorité absolue
C’est l’hypothèse la plus claire d’un point de vue institutionnel: au soir du second tour, l’un des trois blocs – Rassemblement national (RN, extrême droite), gauche ou camp présidentiel – obtient une majorité absolue avec au moins 289 sièges à l’Assemblée nationale.
Une période de cohabitation pourrait alors s’ouvrir. En cas de succès, le parti d’extrême droite compte proposer Jordan Bardella comme Premier ministre, sans demander la démission du président Emmanuel Macron.
Pour le camp présidentiel, le Premier ministre sortant Gabriel Attal paraît le mieux placé pour rester en poste, mais M. Macron n’a pas confirmé cette hypothèse, prônant l’élargissement du bloc central.
À gauche, l’équation est plus complexe. Le Nouveau Front populaire (NFP) n’a arrêté ni le nom ni la méthode de désignation de son potentiel Premier ministre, rôle pris en 2022 par Jean-Luc Mélenchon, qui irrite aujourd’hui nombre de ses alliés.
Le parti La France insoumise (LFI) de ce dernier plaide pour une désignation par le groupe majoritaire au sein de cette alliance, alors que le patron des socialistes prône «un vote» des députés nouvellement élus, insoumis, socialistes, écologistes et communistes.
M. Macron, chargé constitutionnellement de nommer le futur Premier ministre, aura-t-il son mot à dire? «Il est en théorie libre de choisir qui il veut. Mais l’expérience permet d’imaginer qu’il désignera le nom proposé par le parti majoritaire», explique la professeure de Droit public Anne Levade.
Majorité relative
Les calculs se compliquent sérieusement dans l’hypothèse où aucune force politique, comme c’est actuellement le cas depuis 2022, n’obtient de majorité absolue.
M. Bardella a clairement annoncé mardi soir sur la chaîne France 2 qu’il «refusera d’être nommé» Premier ministre sans majorité absolue à l’Assemblée.
«S’il y a une majorité relative, le Premier ministre ne peut pas agir», avait-il dit plus tôt.
Un tel gouvernement est en effet menacé en permanence par une motion de censure des oppositions, ce qui risque de contraindre le suivant à nouer des accords pour gouverner.
C’est l’objectif affiché par M. Macron lorsqu’il évoque une «fédération de projets», formule dégainée pour illustrer le changement de méthode de l’exécutif.
Jusque-là plutôt fermé à l’hypothèse d’une coalition, il s’y ouvre désormais clairement, en laissant 67 circonscriptions sans investir de candidat au nom de «l’arc républicain». «Ce n’est pas qui m’aime me suive, c’est la volonté de bâtir des consensus, de tisser des compromis», a-t-il expliqué.
En cas de majorité relative de l’alliance de gauche ou du RN, la donne pourrait être encore plus compliquée. «L’hypothèse d’un Premier ministre très marqué politiquement d’un côté ou de l’autre paraît la moins probable, car il peinerait à dégager une majorité claire», pointe Mme Levade.
Dès lors, «on peut tout imaginer», même «l’option d’un Premier ministre technicien ou d’union nationale, si le président l’estime susceptible de créer un accord pour gouverner».
Blocage ou coalition?
Avec trois blocs potentiellement irréconciliables, le risque d’un blocage institutionnel, sans aucun Premier ministre en mesure de dégager une majorité, est clairement sur la table.
«Si le RN a une majorité relative, comment on gouverne?», s’interroge un responsable du camp présidentiel. Pour un proche du président, cette hypothèse «obligera des gens à prendre leur responsabilité, à faire un accord de gouvernement».
De là à imaginer une grande coalition susceptible d’obtenir une majorité contre le RN? Plusieurs sources macronistes y pensent, avec l’espoir de rallier la droite républicaine et une partie de la gauche, en tout cas certains socialistes.
«Cela dépendra beaucoup des équilibres du Nouveau Front populaire» à l’Assemblée, selon Mme Levade. «Chacun des acteurs aura la responsabilité de décider si le pays devient ingouvernable ou si un accord est possible.»
Par Antoine Maignan, AFP
Majorité absolue
C’est l’hypothèse la plus claire d’un point de vue institutionnel: au soir du second tour, l’un des trois blocs – Rassemblement national (RN, extrême droite), gauche ou camp présidentiel – obtient une majorité absolue avec au moins 289 sièges à l’Assemblée nationale.
Une période de cohabitation pourrait alors s’ouvrir. En cas de succès, le parti d’extrême droite compte proposer Jordan Bardella comme Premier ministre, sans demander la démission du président Emmanuel Macron.
Pour le camp présidentiel, le Premier ministre sortant Gabriel Attal paraît le mieux placé pour rester en poste, mais M. Macron n’a pas confirmé cette hypothèse, prônant l’élargissement du bloc central.
À gauche, l’équation est plus complexe. Le Nouveau Front populaire (NFP) n’a arrêté ni le nom ni la méthode de désignation de son potentiel Premier ministre, rôle pris en 2022 par Jean-Luc Mélenchon, qui irrite aujourd’hui nombre de ses alliés.
Le parti La France insoumise (LFI) de ce dernier plaide pour une désignation par le groupe majoritaire au sein de cette alliance, alors que le patron des socialistes prône «un vote» des députés nouvellement élus, insoumis, socialistes, écologistes et communistes.
M. Macron, chargé constitutionnellement de nommer le futur Premier ministre, aura-t-il son mot à dire? «Il est en théorie libre de choisir qui il veut. Mais l’expérience permet d’imaginer qu’il désignera le nom proposé par le parti majoritaire», explique la professeure de Droit public Anne Levade.
Majorité relative
Les calculs se compliquent sérieusement dans l’hypothèse où aucune force politique, comme c’est actuellement le cas depuis 2022, n’obtient de majorité absolue.
M. Bardella a clairement annoncé mardi soir sur la chaîne France 2 qu’il «refusera d’être nommé» Premier ministre sans majorité absolue à l’Assemblée.
«S’il y a une majorité relative, le Premier ministre ne peut pas agir», avait-il dit plus tôt.
Un tel gouvernement est en effet menacé en permanence par une motion de censure des oppositions, ce qui risque de contraindre le suivant à nouer des accords pour gouverner.
C’est l’objectif affiché par M. Macron lorsqu’il évoque une «fédération de projets», formule dégainée pour illustrer le changement de méthode de l’exécutif.
Jusque-là plutôt fermé à l’hypothèse d’une coalition, il s’y ouvre désormais clairement, en laissant 67 circonscriptions sans investir de candidat au nom de «l’arc républicain». «Ce n’est pas qui m’aime me suive, c’est la volonté de bâtir des consensus, de tisser des compromis», a-t-il expliqué.
En cas de majorité relative de l’alliance de gauche ou du RN, la donne pourrait être encore plus compliquée. «L’hypothèse d’un Premier ministre très marqué politiquement d’un côté ou de l’autre paraît la moins probable, car il peinerait à dégager une majorité claire», pointe Mme Levade.
Dès lors, «on peut tout imaginer», même «l’option d’un Premier ministre technicien ou d’union nationale, si le président l’estime susceptible de créer un accord pour gouverner».
Blocage ou coalition?
Avec trois blocs potentiellement irréconciliables, le risque d’un blocage institutionnel, sans aucun Premier ministre en mesure de dégager une majorité, est clairement sur la table.
«Si le RN a une majorité relative, comment on gouverne?», s’interroge un responsable du camp présidentiel. Pour un proche du président, cette hypothèse «obligera des gens à prendre leur responsabilité, à faire un accord de gouvernement».
De là à imaginer une grande coalition susceptible d’obtenir une majorité contre le RN? Plusieurs sources macronistes y pensent, avec l’espoir de rallier la droite républicaine et une partie de la gauche, en tout cas certains socialistes.
«Cela dépendra beaucoup des équilibres du Nouveau Front populaire» à l’Assemblée, selon Mme Levade. «Chacun des acteurs aura la responsabilité de décider si le pays devient ingouvernable ou si un accord est possible.»
Par Antoine Maignan, AFP
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