©(Photo par WILLIAM WEST / AFP)
Le fondateur de Wikileaks et lanceur d'alerte Julian Assange est rentré mercredi en Australie pour profiter de sa liberté retrouvée, après un accord avec la justice américaine qui a mis fin à une saga judiciaire de près de 14 ans.
L'avion privé qui le transportait s'est posé mercredi soir à l'aéroport de Canberra, où se trouvaient des dizaines de journalistes, a constaté une équipe de l'AFP.
Au cours d'une conférence de presse, Mme Assange a ensuite expliqué que son mari avait besoin d'intimité et de temps pour se rétablir après plus de cinq ans passés dans une prison de haute sécurité à Londres.
«Il a besoin de temps, il a besoin de récupérer et c'est tout un processus», a-t-elle dit, semblant au bord des larmes. « Je vous demande, s'il vous plaît, de nous donner de l'espace, de nous donner de l'intimité (...), de laisser notre famille être une famille avant qu'il puisse parler à nouveau, au moment de son choix».
Plus tôt dans la journée, M. Assange, 52 ans, avait été libéré au terme d'une rapide audience au tribunal fédéral américain de Saipan, dans les îles Mariannes du Nord. "Vous pourrez sortir de cette salle d'audience en homme libre", lui avait dit la juge Ramona V. Manglona.
M. Assange n'aura pas le droit de retourner aux États-Unis sans autorisation, a précisé le ministère américain de la Justice.
Conformément à l'accord, l'ancien informaticien, accusé d'avoir rendu publics des centaines de milliers de documents confidentiels américains dans les années 2010, a plaidé coupable d'obtention et de divulgation d'informations sur la défense nationale.
«J'ai encouragé ma source», la militaire américaine Chelsea Manning, à l'origine de cette fuite massive, «à fournir du matériel qui était classifié», a reconnu mercredi à la barre Julian Assange, fatigué, mais visiblement détendu.
Il a quitté le tribunal sans faire de déclarations. «Aujourd'hui est un jour historique. Il met un terme à 14 années de batailles judiciaires», s'est félicitée son avocate Jennifer Robinson.
Julian Assange a ensuite embarqué sans tarder dans un avion qui avait quitté les îles Mariannes, un petit territoire américain du Pacifique, pour Canberra.
Son père, John Shipton, dans un entretien avec le diffuseur australien ABC, a fait part de sa «joie» car son fils pourra «passer du temps de qualité avec son épouse Stella et ses deux enfants, se promener de long en large sur la plage (...) et apprendre à être patient et jouer avec des enfants pendant plusieurs heures - toute la beauté de la vie ordinaire».
Julian Assange«a énormément souffert dans sa lutte pour la liberté d'expression, la liberté de la presse», a souligné Barry Pollack, son autre avocat. «Le travail de WikiLeaks se poursuivra et M. Assange, je n'en doute pas, continuera avec force son combat en faveur de la liberté d'expression et de la transparence».
Le Premier ministre australien Anthony Albanese s'est félicité d'un «résultat positif» que «la grande majorité des Australiens souhaitaient»
Le lanceur d'alerte avait quitté lundi le Royaume-Uni, où il était emprisonné depuis cinq ans, après avoir accepté le principe d'un plaider-coupable.
Aux termes de cet accord, il n'était plus poursuivi que pour le seul chef de «complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale», pour lequel il a été condamné à une peine de 62 mois de prison, déjà couverte par ses cinq années de détention provisoire.
Mme Assange a lancé un appel aux dons pour payer les 520.000 dollars (485.000 euros) que son époux doit rembourser au gouvernement australien pour l'affrètement de l'avion qui l'a amené en Australie. Il n'a «pas été autorisé à emprunter un vol commercial», a-t-elle expliqué sur X.
Le tribunal des îles Mariannes du Nord avait été choisi en raison du refus de M. Assange de se rendre sur le continent américain.
Les Nations Unies ont salué le dénouement d'une affaire qui avait soulevé «une série de préoccupations en matière de droits humains».
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