Liban-Sud: escalade ou apaisement?
©Photo by Rabih DAHER / AFP

 
Les lectures divergent quant aux conséquences de l'escalade au Liban-Sud, où le conflit perdure depuis le 8 octobre 2023, un jour après les événements du 7 octobre. Ces derniers ont bouleversé la région et marqué un tournant dans le conflit israélo-arabe dont les répercussions se font sentir jusqu’à ce jour. En parallèle, la guerre israélienne se poursuit sans relâche dans la bande de Gaza, la transformant en une zone invivable.
Beaucoup de Libanais s’interrogent, à juste titre, sur la possibilité d'une extension de la guerre actuelle à la frontière sud, considérant que cette guerre a déjà toutes les caractéristiques d'un conflit dévastateur. De nombreux villages ont subi de grands dommages, avec des arbres brûlés et des champs d'oliviers et autres cultures entièrement décimés. Cependant, cette guerre reste évidemment limitée par rapport à ce qui pourrait se produire si Israël décidait de déverser sa haine historique contre le Liban et d'étendre le conflit en ciblant la capitale, les infrastructures et autres installations vitales, comme cela s'est produit en 2006.

Il est évident que de nombreux acteurs régionaux et internationaux ne souhaitent pas voir émerger un nouveau foyer de tension dans la région, en plus de celui de Gaza. Une escalade incontrôlée pourrait totalement déraper et mettre l'ensemble du Moyen-Orient au bord de l'explosion, rendant la situation encore plus complexe. En effet, cela pourrait contraindre de nombreux acteurs régionaux à s'impliquer dans le conflit, déclenchant potentiellement des réponses de la part d'autres pays et parties, transformant ainsi le conflit en une crise aux conséquences incommensurables.
C'est peut-être ce qui a motivé Washington à dépêcher à plusieurs reprises l'envoyé spécial du président américain, Amos Hochstein, à Beyrouth et Tel Aviv en vue d’apaiser les tensions, réduire les escalades et prévenir toute nouvelle confrontation qui rendrait la gestion de la situation extrêmement difficile. Bien que ces efforts politiques et diplomatiques n'aient pas encore abouti, leur persistance suggère que Washington n'a pas encore donné à Israël le feu vert pour envahir le Liban et déclencher une guerre majeure dans la région.
Cet élément ne peut être sous-estimé pour la simple raison qu’Israël ne pourrait pas se lancer dans une aventure militaire aux conséquences politiques majeures sans le soutien américain, qui n'est pas encore disponible, du moins jusqu'à présent. Toutes les guerres israéliennes précédentes contre le Liban ont, d'une manière ou d'une autre, bénéficié de l’approbation américaine. Il est d'ailleurs difficile de comprendre les évolutions politiques actuelles de la position américaine par rapport aux positions adoptées lors de périodes historiques antérieures.
Il est certain que le Liban traverse des semaines difficiles et des épreuves sévères. Surmonter cette période ne sera pas facile sans anticiper des coûts élevés, dont une grande partie a déjà été supportée. En outre, renforcer la stabilité intérieure, dans le temps encore imparti, semble de plus en plus difficile et complexe, vu les divisions politiques profondes et les désaccords qui continuent d'entraver l'élection d'un nouveau président de la République.
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