Avec «Roofs of the City», Maral Der Boghossian célèbre Beyrouth

Du 18 au 31 juillet 2024, l’exposition Roofs of the City de Maral Der Boghossian nous invite à un voyage pictural envoûtant sur les toits de Beyrouth. Une ode vibrante à la ville, mêlant nostalgie et explosion de couleurs. 
Cet été, la scène artistique beyrouthine sera marquée par un événement de taille: l’exposition solo de Maral Der Boghossian, Roofs of the City, présentée du 18 au 31 juillet 2024 chez KOHAR Artisan Book Bindery. Un projet ambitieux mené en tandem avec sa sœur Nanor, designer graphique, et soutenu par BERYT-CCI, qui promet de révéler toute la poésie et la luminosité du regard que pose l’artiste sur sa ville.

Le vernissage, prévu le 17 juillet de 17h à 21h, donnera le coup d’envoi de cette immersion dans l’univers fascinant de Maral Der Boghossian. Les visiteurs pourront ensuite découvrir l’exposition en semaine de 12h à 18h et les samedis de 10h à 13h (fermée le dimanche), avec un parking à disposition pour faciliter leur venue. Une occasion unique de se laisser porter par la vision unique de cette artiste accomplie, qui sublime avec grâce et sensibilité les paysages urbains de Beyrouth.
Mais qui est donc Maral Der Boghossian, cette artiste qui célèbre avec tant de poésie les toits et les façades de la capitale libanaise? Née à Paris en 1976 de parents libanais arméniens, Maral semble porter en elle les échos d’une histoire familiale douloureuse. Son œuvre puise ses racines dans une enfance marquée par la peur de perdre son foyer, héritage des traumatismes transgénérationnels liés au génocide arménien et à la guerre civile libanaise. Une angoisse sourde qui a façonné son regard sur la ville et son attachement viscéral à ces lieux qui incarnent la stabilité et la sécurité.

Pourtant, les vues plongeantes sur les toits de Beyrouth éveillent aussi chez Maral des souvenirs d’une douceur insoupçonnée, comme des fragments de bonheur nichés au cœur de la tourmente. Dans cette dualité entre l’ombre de la perte et la lumière du refuge, l’artiste a tissé un lien indéfectible avec ces paysages urbains qui racontent son histoire intime. Chaque façade, chaque fenêtre, chaque tuile devient sous son pinceau le réceptacle d’une émotion, d’une tranche de vie, d’un espoir farouchement préservé.


C’est à Bourj Hammoud, son quartier d’adoption, que Maral Der Boghossian trouve son inspiration au quotidien. En immortalisant sur la toile les façades de ce voisinage où ses ancêtres ont posé leurs valises il y a plus de 80 ans, fuyant le génocide, elle dessine les contours de son havre intérieur. Un processus créatif qui s’amorce dans ses carnets de croquis, peuplés d’esquisses de vues urbaines saisies sur le vif lors de ses déambulations, et qu’elle capture aussi parfois par l’objectif de son appareil photo. Autant de jalons qui nourrissent ensuite son travail en atelier, où elle recompose ces fragments de réel en tableaux vibrants de sincérité.

La lumière, véritable fil rouge de l’œuvre de Maral Der Boghossian, occupe une place de choix dans son processus artistique. Telle une conteuse d’histoires, elle choisit avec soin des heures spécifiques où les façades se parent des plus belles nuances sous le soleil de l’après-midi. Une palette chatoyante qui n’est pas sans rappeler celle de Jean-Baptiste Camille Corot, maître incontesté de l’école de Barbizon. C’est d’ailleurs en se frottant à l’une de ses œuvres emblématiques, Le Pont de Mantes, que la jeune artiste a affiné son regard, apprivoisant les subtilités de la lumière et l’atmosphère énigmatique des paysages suburbains. Une révélation qui a orienté durablement sa recherche picturale.

L’univers d’Edward Hopper, maître américain des villes silencieuses et des personnages solitaires, a aussi trouvé un écho profond chez Maral Der Boghossian. Mais même si elle partage avec le peintre une fascination pour les jeux d’ombres et de lumières qui sculptent les façades, elle ne transmet pas sa mélancolie signature dans des toiles lumineuses et rassurantes. Pour Maral, la ville n’est jamais un lieu de solitude ou d’aliénation, mais au contraire un espace de réconfort et de douceur, tel un cocon protecteur où se réfugier loin des tourments du monde.
L’exposition Roofs of the City est aussi le fruit d’une collaboration artistique entre Maral Der Boghossian et sa sœur Nanor, designer graphique basée à Beyrouth. Nanor a joué un rôle essentiel dans la mise en lumière des peintures de Maral, en combinant et en interprétant différents niveaux de paysages urbains et suburbains, soulignant les différentes couches d’émotions et de mouvements que l’artiste a dépeints sur sa toile. Ensemble, les deux sœurs ont créé une synergie unique, où les coups de pinceau, le choix des couleurs et les compositions se mêlent pour créer une poésie visuelle qui parle au spectateur sans prononcer un mot.

Distinguée parmi 92 projets par une subvention de BERYT dans le cadre d’un financement de la Banque mondiale, l’exposition Roofs of the City marque une étape cruciale dans le parcours de cette artiste singulière. Avec son style illustratif minutieux, ses traits délicats et ses couleurs apaisantes, Maral Der Boghossian transcende son histoire personnelle pour nous offrir une vision onirique et sereine des toits de Beyrouth. Une œuvre sensible qui oscille entre figuration et abstraction, entre le réel et l’imaginaire, et qui nous invite à poser un regard nouveau sur cette ville au charme indéniable.
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