©Une vue générale montre des sièges vides à l'Assemblée nationale française à Paris le 8 juillet 2024, au lendemain du second tour des élections législatives en France. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
Les résultats des élections législatives du 7 juillet ont entériné une situation jamais vue sous la Ve République. Trois blocs plus ou moins homogènes, aucun en mesure de s’imposer aux deux autres pour exercer le pouvoir, tandis que s’ouvre à l’Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, une série de consultations pour préparer le nouvel hémicycle.
Celle-ci s’est ouverte avec la démission du Premier ministre, Gabriel Attal, qui avait déjà essuyé un refus du président Emmanuel Macron au lendemain du second tour. Cette décision fut annoncée dans un premier temps au cours d’une réunion du Conseil des ministres, mardi, à 13h30, avant d’être rendue effective en début de soirée.
Pour autant, une telle configuration n’empêche pas l’équipe actuelle d’expédier les affaires courantes. Du moins durant la période des Jeux olympiques et jusqu’à ce qu’un nouveau chef du gouvernement soit nommé.
En cause, la possibilité pour les ministres élus députés de retrouver leur mandat parlementaire pour participer jeudi à l'élection de la présidence de l'Assemblée nationale. Les deux jours suivants sont dédiés à l'attribution des postes stratégiques en son sein.
Dans un premier temps, la session de vendredi doit être consacrée à l’élection des membres du Bureau de l’Assemblée nationale, la plus haute instance de l’institution. Vient ensuite la session de samedi, centrée sur celle des présidents des huit commissions permanentes: lois, défense nationale, affaires étrangères, culture, développement durable, affaires sociales, économie et finance.
Mais, pour y arriver, les députés devront s’entendre sur le choix de la personne qui prendra place au « Perchoir », le nom donné à la présidence de l’Assemblée. Et c’est là que les choses se corsent: à l’instar du poste de Premier ministre, cette fonction nécessitera d’intenses tractations au vu du cloisonnement politique actuel.
Une partie du camp présidentiel tente ainsi de bâtir une majorité pour garder ce poste clé. Si toutes les options restent sur la table à l’heure actuelle, les regards se portent davantage du côté de la droite modérée.
Du moins, c’est ainsi que Yaël Braun-Pivet, candidate du camp présidentiel à sa réélection, entend l’emporter, après avoir échoué à réunir un Front républicain» avec l’aide des partis de la gauche modérée.
Une telle alliance lui permettrait de parvenir à son objectif. En effet, l’élection au Perchoir se joue généralement en trois tours. Les deux premiers à la majorité absolue puis, si celle-ci n’est pas atteinte, un troisième à la majorité relative.
Dans ce cadre, une potentielle alliance centriste avec Les Républicains dépasserait le nombre de voix du Nouveau Front populaire (NFP).
Du côté de la gauche, l’unité précédant le second tour se fracture déjà entre La France insoumise (LFI, gauche radicale) et les autres membres de l’alliance, Parti socialiste en tête. Concernant le Perchoir, l’ensemble des responsables se sont accordés sur le principe d’une candidature commune… qui reste encore à être déterminée.
Les différents acteurs qui composent le NFP souhaitent néanmoins avoir plus de succès que pour la nomination d’un candidat au poste de Premier ministre. Car les intenses tractations, menées depuis les résultats du second tour, n’ont pour l’instant abouti à aucun consensus.
Pire encore, les deux camps semblent peu disposés à faire des compromis. LFI, qui considère que le droit lui revient en tant que formation majoritaire de l’alliance, a proposé le premier un profil: celui de la présidente du conseil régional de La Réunion, Huguette Bello, membre du Parti communiste français (PCF), mais réputée proche de LFI.
En face, le PS a immédiatement rejeté la proposition. Avant de proposer, avec le PCF et les écologistes, le profil de Laurence Tubiana, personnalité issue de la société civile… que LFI s’est empressé d’écarter. En cause, un profil trop «Macron-compatible», selon ces derniers.
Quoiqu’il en soit, Emmanuel Macron devrait arrêter son choix sur une personnalité dans les semaines à venir, selon l’évolution de la donne politique. À moins qu’une alliance politique bénéficiant de la majorité absolue voie le jour, il devra se reporter sur un bloc ayant la majorité relative.
Dans un tel contexte, le Président bénéficie d’un choix discrétionnaire, avec une grande liberté dans cette décision. Cependant, il doit tenir compte des équilibres politiques, notamment de la majorité à l'Assemblée nationale, car le nouveau Premier ministre doit pouvoir obtenir la confiance de celle-ci.
Le Premier ministre français Gabriel Attal quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet où sa démission a été acceptée, le 16 juillet 2024. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Néanmoins, contrairement au Liban, un tel vote n’est pas systématique en France. Si le président ne tient pas compte de l’Assemblée, le nouveau gouvernement serait toujours exposé à une mention de censure ultérieure.
Si le NFP n’arrive pas à se décider, ou si la majorité présidentielle n’arrive pas à conclure un accord avec la droite modérée, les prochaines semaines à l’Assemblée devraient voir le brouillard de guerre maintenu dans l’hémicycle. La meilleure carte d’Emmanuel Macron résiderait, le cas échéant, dans un gouvernement technocratique… qui n’en resterait pas moins vulnérables aux autres blocs.
Dernière réunion pour Attal
Celle-ci s’est ouverte avec la démission du Premier ministre, Gabriel Attal, qui avait déjà essuyé un refus du président Emmanuel Macron au lendemain du second tour. Cette décision fut annoncée dans un premier temps au cours d’une réunion du Conseil des ministres, mardi, à 13h30, avant d’être rendue effective en début de soirée.
Pour autant, une telle configuration n’empêche pas l’équipe actuelle d’expédier les affaires courantes. Du moins durant la période des Jeux olympiques et jusqu’à ce qu’un nouveau chef du gouvernement soit nommé.
En cause, la possibilité pour les ministres élus députés de retrouver leur mandat parlementaire pour participer jeudi à l'élection de la présidence de l'Assemblée nationale. Les deux jours suivants sont dédiés à l'attribution des postes stratégiques en son sein.
Dans un premier temps, la session de vendredi doit être consacrée à l’élection des membres du Bureau de l’Assemblée nationale, la plus haute instance de l’institution. Vient ensuite la session de samedi, centrée sur celle des présidents des huit commissions permanentes: lois, défense nationale, affaires étrangères, culture, développement durable, affaires sociales, économie et finance.
Objectif Perchoir
Mais, pour y arriver, les députés devront s’entendre sur le choix de la personne qui prendra place au « Perchoir », le nom donné à la présidence de l’Assemblée. Et c’est là que les choses se corsent: à l’instar du poste de Premier ministre, cette fonction nécessitera d’intenses tractations au vu du cloisonnement politique actuel.
Une partie du camp présidentiel tente ainsi de bâtir une majorité pour garder ce poste clé. Si toutes les options restent sur la table à l’heure actuelle, les regards se portent davantage du côté de la droite modérée.
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Du moins, c’est ainsi que Yaël Braun-Pivet, candidate du camp présidentiel à sa réélection, entend l’emporter, après avoir échoué à réunir un Front républicain» avec l’aide des partis de la gauche modérée.
Une telle alliance lui permettrait de parvenir à son objectif. En effet, l’élection au Perchoir se joue généralement en trois tours. Les deux premiers à la majorité absolue puis, si celle-ci n’est pas atteinte, un troisième à la majorité relative.
Dans ce cadre, une potentielle alliance centriste avec Les Républicains dépasserait le nombre de voix du Nouveau Front populaire (NFP).
Le NFP à couteaux tirés
Du côté de la gauche, l’unité précédant le second tour se fracture déjà entre La France insoumise (LFI, gauche radicale) et les autres membres de l’alliance, Parti socialiste en tête. Concernant le Perchoir, l’ensemble des responsables se sont accordés sur le principe d’une candidature commune… qui reste encore à être déterminée.
Les différents acteurs qui composent le NFP souhaitent néanmoins avoir plus de succès que pour la nomination d’un candidat au poste de Premier ministre. Car les intenses tractations, menées depuis les résultats du second tour, n’ont pour l’instant abouti à aucun consensus.
Pire encore, les deux camps semblent peu disposés à faire des compromis. LFI, qui considère que le droit lui revient en tant que formation majoritaire de l’alliance, a proposé le premier un profil: celui de la présidente du conseil régional de La Réunion, Huguette Bello, membre du Parti communiste français (PCF), mais réputée proche de LFI.
En face, le PS a immédiatement rejeté la proposition. Avant de proposer, avec le PCF et les écologistes, le profil de Laurence Tubiana, personnalité issue de la société civile… que LFI s’est empressé d’écarter. En cause, un profil trop «Macron-compatible», selon ces derniers.
Horizon politique embrumé
Quoiqu’il en soit, Emmanuel Macron devrait arrêter son choix sur une personnalité dans les semaines à venir, selon l’évolution de la donne politique. À moins qu’une alliance politique bénéficiant de la majorité absolue voie le jour, il devra se reporter sur un bloc ayant la majorité relative.
Dans un tel contexte, le Président bénéficie d’un choix discrétionnaire, avec une grande liberté dans cette décision. Cependant, il doit tenir compte des équilibres politiques, notamment de la majorité à l'Assemblée nationale, car le nouveau Premier ministre doit pouvoir obtenir la confiance de celle-ci.
Le Premier ministre français Gabriel Attal quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet où sa démission a été acceptée, le 16 juillet 2024. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Néanmoins, contrairement au Liban, un tel vote n’est pas systématique en France. Si le président ne tient pas compte de l’Assemblée, le nouveau gouvernement serait toujours exposé à une mention de censure ultérieure.
Si le NFP n’arrive pas à se décider, ou si la majorité présidentielle n’arrive pas à conclure un accord avec la droite modérée, les prochaines semaines à l’Assemblée devraient voir le brouillard de guerre maintenu dans l’hémicycle. La meilleure carte d’Emmanuel Macron résiderait, le cas échéant, dans un gouvernement technocratique… qui n’en resterait pas moins vulnérables aux autres blocs.
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