©(Crédit photo : Maison Blanche)
De ses débuts de sénateur à sa nomination de colistier de Barack Obama jusqu’à son élection à la présidence des États-Unis, Joe Biden aura marqué de son empreinte l’histoire politique américaine des cinquante dernières années. Retour sur une carrière ininterrompue au service de l’oncle Sam.
Ces dernières semaines, Joe Biden enchaîne les gaffes monumentales. Le 27 juin, il apparaît en difficulté lors du premier débat face à l’ancien président Trump, confus et en difficulté au moment d’aligner des arguments face à un candidat républicain imperturbable comme à son habitude. Deux semaines plus tard, à deux heures d’intervalle, il confond le président ukrainien Volodymyr Zelensky avec son homologue russe Vladimir Poutine, puis sa vice-présidente Kamala Harris avec son ennemi juré Donald Trump. C’en est trop pour les Démocrates. Le natif de Scranton en Pennsylvanie ne peut plus gérer le bureau d’une des premières puissances mondiales tel Michael Scott à Dunder Mifflin. Dix jours après ces terribles bourdes, il se retire de la course à l’élection présidentielle américaine et signe le début d’une fin de carrière qui l’aura amené au sommet.
Une personne lit un post X de Joe Biden annonçant son retrait de la présidentielle le 21 juillet 2024. (Photo : Chris Delmas / AFP)
Joseph Robinette Biden Jr. descend d’une famille catholique irlandaise ayant émigré au États-Unis. Son deuxième prénom lui viendrait d’une famille de protestants français ayant fui l’Hexagone après les massacres de la Saint-Barthélémy. Les généalogistes sont sceptiques sur cette idée mais Biden aime répéter à qui veut l’entendre ses racines gauloises tout en avouant ne pas vraiment savoir. En somme, il incarne la famille américaine typique. Issue d’une immigration des premières heures de l’Amérique, travailleuse, religieuse et aimante. “Mon père disait toujours : La famille est le début, le milieu et la fin », dit-il lors d’un discours à la Maison-Blanche en 2023.
Joe Biden entre avec succès au parti démocrate en 1970. Un an plus tard, il remporte sa première élection et devient élu local dans le comté de New Castle dans le Delaware. Père de trois enfants, il devient le cinquième plus jeune sénateur de l’histoire en novembre 1972, à l’âge de 29 ans. Un mois plus tard, il perd sa femme et sa fille Naomi dans un accident de la route. Il prête serment le 5 janvier 1973 à l’hôpital alors que son premier fils, Beau, est hospitalisé. Réélu cinq fois à ce poste, il reste le plus possible aux côtés de sa famille et prend le train jusqu’au Congrès à Washington tous les jours pendant 36 ans.
Joe Biden, sénateur du Delaware, annonce le 23 septembre 1987 qu'il se retire de la course à l'investiture présidentielle démocrate de 1988. (Photo : Jérome Delay / AFP)
En 1975, il rencontre Jill , sa femme actuelle, avec qui il a une fille, Ashley, née en 1981. Elle devient son pilier et l’accompagne tout au long de sa vie politique. “Je suis le mari de Jill”, aime répéter celui qui deviendra le 46eme président des États-Unis. Alors qu’elle arrête toute activité professionnelle pendant deux ans le temps de s’occuper de leur fille et des deux fils du précédent mariage de Joe Biden, lui gagne en popularité. En 1987, il se présente pour la première fois aux primaires démocrates en vue de la présidentielle. Ce n’est pas son heure, une affaire de plagiat dans un discours de campagne en révèle une autre lors de ses études d’avocat. Biden se retire, puis subit une double rupture d’anévrisme qui l'amène à faire sept mois de convalescence.
Lorsqu’il revient sur le devant de la scène, c’est pour occuper la prestigieuse Commission judiciaire du Sénat. Jusqu’en 1995, il la préside et est l’auteur de plusieurs lois. Entre celle contre les crimes violents ou celle renforçant la lutte contre le narcotrafic, Joe Biden préfère mettre en avant sa loi contre les violences domestiques faites aux femmes. Une loi qui a “considérablement amélioré les réponses fédérales, tribales, étatiques et locales à ces crimes”, selon le Réseau national pour mettre fin à la violence domestique (NNEDV).
La suite de sa carrière, il la passe au cœur des affaires étrangères. Il soutient l’usage de la force pour faire respecter les droits de l’homme au Kosovo et s’engage aux côtés du président Bush pour une intervention militaire en Irak. En 2001, il vote également la loi controversée du Patriot Act permettant aux États-Unis de détenir sans limite et sans inculpation toute personne soupçonnée d’appartenir à une organisation terroriste. L’année suivante, il devient le premier élu américain à se rendre en Afghanistan après le chute de Talibans.
Deux décennies après sa première tentative, Joe Biden se relance dans la course présidentielle en 2008. En mauvaise position dans les sondages des primaires démocrates, il se retire, une nouvelle fois. Pendant sa campagne, il qualifie Barack Obama de “premier Afro-Américain mainstream [...] éloquent, brillant, propre et beau». Une bourde dont il est déjà coutumier mais Obama ne lui en tiendra pas rigueur puisqu’il le nommera colistier de son élection. Le 20 janvier 2009, Joe Biden accède à la Maison-Blanche… en tant que vice-président.
Barack Obama serre la main de Joe Biden le 6 novembre 2012. (Photo : Christopher Dilts)
Un rôle qu’il occupera durant les deux mandats de Barack Obama. Biden devient son conseiller clé, son homme de confiance, son ami. L’ex-président loue chez lui des qualités d’empathie et de battants malgré sa réputation de gaffeur en série. Une personnalité qui le rend authentique aux yeux d’Obama. En février 2015, il perd son fils Beau atteint d’un cancer du cerveau et annonce cinq mois plus tard sa décision de ne pas concourir pour la prochaine présidentielle. La candidate démocrate Hillary Clinton perdra contre celui qui deviendra son principal adversaire politique, Donald Trump.
Pressenti pour être candidat face à l’ogre politique républicain en 2020, Joe Biden jouit d’une certaine aura. Il publie en 2017 ses mémoires d’une vie parsemée d’épreuves et de résilience. Le New York Times parle d’un livre qui dévoile les “coulisses d'un drame, honnête, brut et riche en détails”. Mais son début de campagne fait l’objet de critiques et il obtient des scores décevants. Ses performances lors des débats télévisés vont le remettre dans la course jusqu’à ce que Bernie Sanders, devenu son seul adversaire, se désiste et lui apporte son soutien.
Joe Biden file vers la Maison-Blanche, mais cette fois, pour s’asseoir dans le bureau ovale. Le 7 novembre 2020, il devient le plus vieux président des États-Unis à l’âge de 78 ans après quatre candidatures à l’élection présidentielle. Son ascension fût longue, laborieuse mais ses performances télévisées finissent par le propulser au poste de président dont il rêvait à 22 ans, alors étudiant à la faculté de droit de Syracuse. Le 27 juin dernier, après quatre années d’un mandat intense, c’est sa performance lors du premier débat contre Trump qui finit par sonner le glas de la carrière politique de Joseph Robinette Biden Jr.
Ces dernières semaines, Joe Biden enchaîne les gaffes monumentales. Le 27 juin, il apparaît en difficulté lors du premier débat face à l’ancien président Trump, confus et en difficulté au moment d’aligner des arguments face à un candidat républicain imperturbable comme à son habitude. Deux semaines plus tard, à deux heures d’intervalle, il confond le président ukrainien Volodymyr Zelensky avec son homologue russe Vladimir Poutine, puis sa vice-présidente Kamala Harris avec son ennemi juré Donald Trump. C’en est trop pour les Démocrates. Le natif de Scranton en Pennsylvanie ne peut plus gérer le bureau d’une des premières puissances mondiales tel Michael Scott à Dunder Mifflin. Dix jours après ces terribles bourdes, il se retire de la course à l’élection présidentielle américaine et signe le début d’une fin de carrière qui l’aura amené au sommet.
Une personne lit un post X de Joe Biden annonçant son retrait de la présidentielle le 21 juillet 2024. (Photo : Chris Delmas / AFP)
Joseph Robinette Biden Jr. descend d’une famille catholique irlandaise ayant émigré au États-Unis. Son deuxième prénom lui viendrait d’une famille de protestants français ayant fui l’Hexagone après les massacres de la Saint-Barthélémy. Les généalogistes sont sceptiques sur cette idée mais Biden aime répéter à qui veut l’entendre ses racines gauloises tout en avouant ne pas vraiment savoir. En somme, il incarne la famille américaine typique. Issue d’une immigration des premières heures de l’Amérique, travailleuse, religieuse et aimante. “Mon père disait toujours : La famille est le début, le milieu et la fin », dit-il lors d’un discours à la Maison-Blanche en 2023.
La famille, pilier de sa carrière politique
Joe Biden entre avec succès au parti démocrate en 1970. Un an plus tard, il remporte sa première élection et devient élu local dans le comté de New Castle dans le Delaware. Père de trois enfants, il devient le cinquième plus jeune sénateur de l’histoire en novembre 1972, à l’âge de 29 ans. Un mois plus tard, il perd sa femme et sa fille Naomi dans un accident de la route. Il prête serment le 5 janvier 1973 à l’hôpital alors que son premier fils, Beau, est hospitalisé. Réélu cinq fois à ce poste, il reste le plus possible aux côtés de sa famille et prend le train jusqu’au Congrès à Washington tous les jours pendant 36 ans.
Joe Biden, sénateur du Delaware, annonce le 23 septembre 1987 qu'il se retire de la course à l'investiture présidentielle démocrate de 1988. (Photo : Jérome Delay / AFP)
En 1975, il rencontre Jill , sa femme actuelle, avec qui il a une fille, Ashley, née en 1981. Elle devient son pilier et l’accompagne tout au long de sa vie politique. “Je suis le mari de Jill”, aime répéter celui qui deviendra le 46eme président des États-Unis. Alors qu’elle arrête toute activité professionnelle pendant deux ans le temps de s’occuper de leur fille et des deux fils du précédent mariage de Joe Biden, lui gagne en popularité. En 1987, il se présente pour la première fois aux primaires démocrates en vue de la présidentielle. Ce n’est pas son heure, une affaire de plagiat dans un discours de campagne en révèle une autre lors de ses études d’avocat. Biden se retire, puis subit une double rupture d’anévrisme qui l'amène à faire sept mois de convalescence.
Un élu américain qui prend du galon
Lorsqu’il revient sur le devant de la scène, c’est pour occuper la prestigieuse Commission judiciaire du Sénat. Jusqu’en 1995, il la préside et est l’auteur de plusieurs lois. Entre celle contre les crimes violents ou celle renforçant la lutte contre le narcotrafic, Joe Biden préfère mettre en avant sa loi contre les violences domestiques faites aux femmes. Une loi qui a “considérablement amélioré les réponses fédérales, tribales, étatiques et locales à ces crimes”, selon le Réseau national pour mettre fin à la violence domestique (NNEDV).
La suite de sa carrière, il la passe au cœur des affaires étrangères. Il soutient l’usage de la force pour faire respecter les droits de l’homme au Kosovo et s’engage aux côtés du président Bush pour une intervention militaire en Irak. En 2001, il vote également la loi controversée du Patriot Act permettant aux États-Unis de détenir sans limite et sans inculpation toute personne soupçonnée d’appartenir à une organisation terroriste. L’année suivante, il devient le premier élu américain à se rendre en Afghanistan après le chute de Talibans.
L’accession à la Maison-Blanche
Deux décennies après sa première tentative, Joe Biden se relance dans la course présidentielle en 2008. En mauvaise position dans les sondages des primaires démocrates, il se retire, une nouvelle fois. Pendant sa campagne, il qualifie Barack Obama de “premier Afro-Américain mainstream [...] éloquent, brillant, propre et beau». Une bourde dont il est déjà coutumier mais Obama ne lui en tiendra pas rigueur puisqu’il le nommera colistier de son élection. Le 20 janvier 2009, Joe Biden accède à la Maison-Blanche… en tant que vice-président.
Barack Obama serre la main de Joe Biden le 6 novembre 2012. (Photo : Christopher Dilts)
Un rôle qu’il occupera durant les deux mandats de Barack Obama. Biden devient son conseiller clé, son homme de confiance, son ami. L’ex-président loue chez lui des qualités d’empathie et de battants malgré sa réputation de gaffeur en série. Une personnalité qui le rend authentique aux yeux d’Obama. En février 2015, il perd son fils Beau atteint d’un cancer du cerveau et annonce cinq mois plus tard sa décision de ne pas concourir pour la prochaine présidentielle. La candidate démocrate Hillary Clinton perdra contre celui qui deviendra son principal adversaire politique, Donald Trump.
Plus vieux président de l’histoire
Pressenti pour être candidat face à l’ogre politique républicain en 2020, Joe Biden jouit d’une certaine aura. Il publie en 2017 ses mémoires d’une vie parsemée d’épreuves et de résilience. Le New York Times parle d’un livre qui dévoile les “coulisses d'un drame, honnête, brut et riche en détails”. Mais son début de campagne fait l’objet de critiques et il obtient des scores décevants. Ses performances lors des débats télévisés vont le remettre dans la course jusqu’à ce que Bernie Sanders, devenu son seul adversaire, se désiste et lui apporte son soutien.
Joe Biden file vers la Maison-Blanche, mais cette fois, pour s’asseoir dans le bureau ovale. Le 7 novembre 2020, il devient le plus vieux président des États-Unis à l’âge de 78 ans après quatre candidatures à l’élection présidentielle. Son ascension fût longue, laborieuse mais ses performances télévisées finissent par le propulser au poste de président dont il rêvait à 22 ans, alors étudiant à la faculté de droit de Syracuse. Le 27 juin dernier, après quatre années d’un mandat intense, c’est sa performance lors du premier débat contre Trump qui finit par sonner le glas de la carrière politique de Joseph Robinette Biden Jr.
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