Trump reçoit le prince héritier saoudien avec tous les égards
©SAUL LOEB / AFP

Donald Trump a reçu mardi le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avec tous les honneurs protocolaires, pour sa première visite à Washington depuis 2018.

Le président américain et le dirigeant de facto du royaume saoudien ont prévu de signer des accords économiques et militaires, en plus d'évoquer la question très sensible d'une reconnaissance d'Israël par l'Arabie saoudite.

Loin de la froideur de son prédécesseur Joe Biden, qui promettait de traiter le prince en «paria», Donald Trump affiche avec lui une franche complicité et lui offre un spectaculaire retour en grâce.

Outre la signature d'un accord-cadre sur le nucléaire civil, Donald Trump a promis d'accéder à sa très sensible demande d'avions de combat. «Nous vendrons des F-35» à Ryad, a déclaré lundi le président américain.

Interrogé par CBS, un haut responsable de l'administration américaine a déclaré qu’outre des contrats d’armement, le président ferait des annonces concernant les investissements saoudiens dans les infrastructures américaines d'intelligence artificielle et la concrétisation de l'engagement d'investissement de 600 milliards de dollars pris par l'Arabie saoudite, lors de la visite du président américain en Arabie saoudite en mai dernier.

Mohammed ben Salmane («MBS») gouverne de facto le royaume depuis 2017, même si son père, le roi Salmane, reste le souverain en titre. La Maison Blanche prévoit pour autant un accueil digne d'un chef d'État, avec des salves d'artillerie et des drapeaux américains et saoudiens drapés sur les bâtiments. L'armée américaine organisera un survol de la Maison Blanche pendant l'arrivée de MBS. 

Un dîner en tenue de soirée sera également organisé en l'honneur de M. ben Salmane. Selon une personne proche de l'organisation interrogée par la chaîne CBS, 120 invités sont attendus, dont 30 membres de la délégation saoudienne. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un dîner d'État, il s'agit du premier dîner officiel organisé par M. Trump au cours de son second mandat en l'honneur d'un chef d'État.

«Honneur»

C'est «plus qu'une rencontre», a insisté Donald Trump, souhaitant « faire honneur » à cet allié incontournable dans la région.

En octobre 2018, les liens bilatéraux étaient en lambeaux après la mort de Jamal Khashoggi. Ce journaliste résidant aux États-Unis, critique du pouvoir saoudien après en avoir été proche, avait été assassiné dans le consulat saoudien à Istanbul par des agents venus d'Arabie saoudite.

Son corps, démembré, n'a jamais été retrouvé. Directement mis en cause par les services américains, MBS n'a jamais été visé par les sanctions de Washington.

De fait, la raison d'État a relégué le dossier à l'arrière-plan. En mai déjà, MBS avait reçu le chef d'État américain avec faste, promettant des investissements de 600 milliards de dollars aux États-Unis.

Mais il n'a pas accédé jusqu'ici à la priorité absolue de Donald Trump : signer les accords d'Abraham, par lesquels des pays arabes ont reconnu Israël pendant son premier mandat.

Le président américain répète que le royaume est proche de s'y joindre. Mais la guerre dans la bande de Gaza rend la perspective incertaine.

Riyad exige d'abord des progrès vers la création d'un État palestinien, dont Israël ne veut pas. Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté une résolution mentionnant «un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d'État».

Garanties de défense

Mohammed ben Salmane vient pour sa part chercher des garanties américaines de défense, encouragé par l'exemple du Qatar : Doha, après avoir subi des frappes israéliennes, a obtenu un engagement américain à le protéger en cas de nouvelle attaque.

Outre les F-35, dont seul Israël dispose au Moyen-Orient, le royaume veut se procurer des puces américaines sophistiquées et dont l'exportation est sévèrement encadrée. Très dépendant du pétrole, il en a besoin pour développer ses projets d'intelligence artificielle dans le cadre d'un ambitieux programme de transformation économique.

Pour les chasseurs comme pour les puces, Washington devrait réclamer que la Chine, dont les Saoudiens sont proches, ne mette pas la main sur ces technologies sensibles.

Les deux hommes devraient par ailleurs partager la volonté de créer un environnement régional propice aux affaires.

L'Arabie saoudite s'emploie à calmer les tensions avec l'Iran. Le président a de son côté récemment affirmé que Téhéran entendait dialoguer sur une levée des sanctions américaines.

M. Ben Salmane prévoit aussi d'exhorter Donald Trump à intervenir personnellement pour aider à résoudre la guerre au Soudan lors de leur rencontre mardi à Washington, selon l’agence Reuters, ayant recueilli les propos de cinq personnes proches des discussions.

Les sources, deux diplomates arabes et trois diplomates occidentaux, ont déclaré que le prince héritier saoudien estime que l'implication directe de Trump est essentielle pour sortir de l'impasse dans les efforts visant à mettre fin à la guerre, citant son plan pour Gaza comme exemple.

Le prince saoudien a déjà joué un rôle-clé dans la décision de Donald Trump de suspendre les sanctions contre la Syrie, et dans le rapprochement historique avec son nouveau dirigeant, l'ex-jihadiste Ahmed el-Chareh.

Enfin, les relations bilatérales se doublent de contacts familiaux. Le gendre du président, Jared Kushner, médiateur aussi actif qu'informel au Moyen-Orient, a des liens avec Ryad via sa société d'investissement.

Et le promoteur saoudien Dar Global vient d'annoncer un nouveau partenariat avec la Trump Organization, gérée par les fils du président.

Par Aurélia END / AFP

 

 
 
 
 
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