Un bébé âgé de deux semaines et pesant 1,3 kg a été sauvé de complications graves liées à sa pathologie cardiaque. Un nouvel accomplissement médical à l’Hôtel-Dieu de France, porteur d’espoir au sein du flot actuel d’informations tragiques. Quelle est la particularité d’une telle intervention? Quelles sont les facteurs de sa réussite? Le professeur Zakhia Saliba, cardiopédiatre à l’HDF a tout expliqué à Ici Beyrouth.
Un accomplissement médical remarquable a été réalisé, le 25 juin dernier, à l’Hôtel-Dieu de France (HDF): la première intervention par cathétérisme cardiaque sur un nouveau-né prématuré, au Liban et dans la région.
Grâce au cardiopédiatre Zakhia Saliba et son équipe, un bébé âgé de deux semaines et pesant 1,3 kg a été sauvé de complications graves liées à une malformation cardiaque nommée «persistance du canal artériel».
Qu’est-ce qu’un canal artériel persistant?
«Le canal artériel est une structure nécessaire pour la vie du fœtus, qui se ferme à la naissance», explique à Ici Beyrouth le professeur Saliba, chef du service de cathétérisme cardiaque pédiatrique et congénital à l’HDF. «Quand ce canal reste ouvert après la naissance, on parle de persistance du canal artériel», poursuit-il.
La particularité du cas en question est que le bébé est né avant le terme, donc avec un petit poids. Les répercussions sont alors plus étendues et le traitement plus urgent et beaucoup plus compliqué.
«La persistance du canal artériel prend un aspect différent chez le prématuré car elle entrave la maturité des autres organes dont le cœur, les poumons et le cerveau», souligne le Pr Saliba.
Si le canal n’est pas fermé par intervention médicale, «le bébé souffrira de gêne respiratoire et devra donc être intubé pour être alimenté en oxygène (oxygénothérapie), ce qui, à long terme, causerait des complications au niveau de plusieurs organes et poserait un risque vital», souligne le Pr Saliba.
«Si le traitement chez l’enfant normal se fait vers l’âge de quelques mois, voire quelques années, il est urgent chez le prématuré», poursuit-il.
Une technique utilisée pour la première fois chez l’enfant prématuré
Le traitement du canal artériel persistant existe sous trois modalités: les médicaments, la chirurgie traditionnelle et le cathétérisme.
«Nous avons essayé les médicaments avec l’enfant, confie le Pr Saliba, mais sans résultat. En outre, ils sont rares et ont beaucoup d’effets secondaires.»
Quant à la chirurgie traditionnelle, elle pose des risques énormes chez un bébé de petit poids.
«Nous nous sommes alors lancés dans l’expérience du cathétérisme cardiaque, une solution très récente, utilisant une prothèse spécialement conçue pour les tout-petits qui pèsent entre un et deux kilos», indique le Pr Saliba. «Cette technique est pratiquée dans quelques centres de par le monde» chez les enfants prématurés de petit poids, explique-t-il.
Pratiquement, l’intervention consiste à introduire un tube fin et flexible pour poser cette prothèse, afin de fermer le passage anormal entre deux grandes artères près du cœur.
«Au Liban et dans la région, on ne s’était pas encore aventuré dans cette manœuvre chez les prématurés parce qu’elle nécessite une grande expertise de la part du médecin, ainsi qu’une collaboration interdisciplinaire», précise le Pr Saliba.
Dans ce cadre, il n’a pas manqué de saluer la coopération entre les différents spécialistes de l’HDF qui ont contribué à la réussite de l’opération, à savoir le néonatologue, l’anesthésiste, ses collègues cardiopédiatres ainsi que toute l’équipe soignante et les techniciens.
«Au lendemain de l’opération, le bébé n’avait plus besoin d’oxygénothérapie, et dix ou quinze jours plus tard, il est rentré chez lui, alors qu’il avait atteint le poids de deux kilogrammes», révèle-t-il.
Un vrai happy ending, qui, selon Pr Saliba, «donne de l’espoir car ce genre de pathologies n’est pas rare chez les prématurés».
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