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- L’inévitable guerre
L’attaque présumée de Tel-Aviv par les Houthis et la fermeté de la riposte israélienne nous renvoient aux complications d’une guerre qui se ressource dans les dynamiques multiples de la nouvelle guerre froide. La plausibilité de la version houthie est à vérifier pour des raisons de faisabilité sur le plan militaire et pour les insinuations politiques qui s’y rattachent. Les opérateurs de l’attaque cherchent à en dissimuler l’origine afin d’éviter les effets de choc d’une riposte israélienne hautement destructrice. En effet, l’ampleur de la riposte est suffisamment parlante pour nous instruire sur la détermination de la politique israélienne de défense, quels que soient les auteurs et les enjeux. Qu’il s’agisse du port de Hodeïda au Yémen, de Beyrouth ou de Damas, la riposte israélienne ne lésine plus, ni sur les moyens ni sur les objectifs, ni sur le degré de létalité. Les théâtres opérationnels instrumentés par la stratégie kaléidoscopique de l’Iran ont ouvert la voie à des scénarios de guerre, aux amplitudes multiples et dont les enjeux évoluent entre le terrorisme et la guerre totale où rien n’est à exclure. Cette trame conflictuelle évolue sur un continuum linéaire qui se prête à toutes les modulations et aux requis de circonstances.
Les dynamiques conflictuelles propulsées depuis le 7 octobre 2023 se structurent sur une base axiomatique qui rend compte des évolutions subséquentes sur les divers terrains: le régime iranien instrumentalise tous les théâtres opérationnels qui couvrent la totalité de l’arc de conflit moyen oriental au service d’une guerre d’usure qui vise à fragiliser les lignes de défense israéliennes, à sanctuariser la militarisation insidieuse du nucléaire iranien et à asseoir les bases d’une géopolitique régionale alternative en coordination avec le nouvel axe totalitaire en cours d’installation. À défaut d’une vision intégrée des dynamiques conflictuelles en cours, on aurait du mal à comprendre ces éruptions continues de violence qui compliquent de manière cumulative l’évolution de cette guerre et ses finalités disparates. Les rapports de force établis graduellement par le régime iranien moyennant des politiques de mainmise sur l’ensemble du Proche-Orient servent désormais de plateformes aux politiques de subversion iraniennes opérant sur la base d’une combinatoire où les politiques putschistes, le terrorisme et la criminalité organisée se rejoignent.
Quelles que soient les démarches diplomatiques en vue de court-circuiter les embardées cycliques de violence, elles finiront par buter sur un obstacle de taille, celui des visées impériales d’un totalitarisme islamique en marche. L’unique alternative à cette politique de déstabilisation tient au changement des rapports de force, aux politiques d’endiguement à géométrie variable et à la défaite de la déferlante totalitaire. Autrement, la vigilance et le soutien aux oppositions politiques et aux politiques sécessionnistes mandatées par des impératifs géopolitiques et géostratégiques sont plus que jamais requis. Le régime islamique iranien n’est qu’une variante de l’islam politique, issue de la mouvance des «Frères musulmans», qui a inspiré Al-Qaïda, Daech et leurs corollaires en Asie centrale, et qui opère sur la base de déclinaisons systémiques, opérationnelles et stratégiques propres. On ne peut pas dissocier les conflits en cours des mutations idéologiques et stratégiques sur le plan régional et leurs incidences sur les dynamiques politiques dans une région qui a perdu ses repères et ses ancrages, l’effondrement du système régional n’étant pas un accident de l’histoire. Nous sommes devant les échecs conjugués d’une modernité faillie.
Les intermèdes diplomatiques à Gaza, ponctués par les régimes de trêve, la libération des otages et l’échange de prisonniers, le travail humanitaire et la poursuite alternée des combats avec tous leurs aléas conjugués, n’ont jamais pu induire des changements au niveau des fins assignées à cette guerre. Le Hamas poursuit son combat qui fait fi de la lourdeur du bilan humain (38.000 victimes, des dizaines de milliers de blessés et d’infirmes à vie…), du désastre urbain, écologique et humanitaire (60% du district détruit et saccagé, 40 millions de tonnes de débris, des déplacements de masse et des urgences en tous genres: alimentation, médical, hébergement, scolarisation …), ainsi que des crimes de guerre occasionnés par la politique des boucliers humains et l’instrumentalisation des infrastructures urbaines à des fins militaires. Ce qui compte de manière ultime c’est la survie du Hamas et la poursuite de la politique iranienne de déstabilisation. La politisation de la Cour internationale de justice et de la Cour pénale internationale, pilotée par le Libanais Nawaf Salam et ses commanditaires et par le régime sud-Africain, a induit des effets pervers qui ont discrédité la justice internationale au profit d’agendas politiques manifestes, contribuant à l’exacerbation des conflits et à l’affaissement des institutions internationales et de leur pouvoir d’arbitrage.
En contrepartie, la stratégie iranienne de «l’uniformité des champs de bataille» a fini par créer un arc de crise triangulaire réunissant Gaza et les territoires palestiniens, le Liban-Sud et le sud-ouest syrien. La politique des étaux serrés a conduit à la politique contre-offensive israélienne qui cherche à enrayer la stratégie de l’encerclement, changer les rapports de force et remodeler la donne géopolitique en vigueur. L’impuissance des régimes arabes, l’ineptie politique de l’Arabie saoudite, les ambiguïtés de la satrapie du Qatar, la détermination de l’offensive iranienne, les paradoxes des intérims électoraux dans les démocraties occidentales et l’implosion du système interétatique régional rendent la contre-offensive israélienne impérative et incontournable afin de contenir les aléas en cours et de changer la dynamique régionale. Il ne s’agit pas uniquement de l’intérêt israélien stricto sensu, mais de la reconfiguration des équilibres régionaux et internationaux.
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