©(AFP)
Tandis que la recomposition des forces politiques en France laisse entrevoir un camp présidentiel affaibli, les appétits politiques s’aiguisent parmi les proches d’Emmanuel Macron.
Potentiels prétendants à la succession du président français Emmanuel Macron, Gabriel Attal et Gérald Darmanin se disputent déjà l’héritage de leur mentor, de la présidence du groupe à l’Assemblée nationale à celle du parti, voire au-delà, avec en ligne de mire la présidentielle de 2027.
Tous les deux sont ministres démissionnaires d’un gouvernement qui ne gère plus que les affaires courantes. L’un, Premier ministre et député des Hauts-de-Seine venu du Parti socialiste, incarne l’aile gauche de la macronie, tandis que l’autre, ministre de l’Intérieur et député du Nord, a quitté Les Républicains et représente son aile droite.
La seule chose qui les réunit est leur refus de gouverner avec le Rassemblement national (extrême-droite) ou La France insoumise (gauche radicale).
Quand le patron de la place Beauvau salue, dans un message à ses collègues députés, le pacte législatif proposé par la droite, Gabriel Attal redit souhaiter «dépasser les clivages» en travaillant autant avec «la droite républicaine» qu’avec «la gauche sociale-démocrate».
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Ils n’affichent pas non plus la même relation avec le chef de l’État. Le chef du gouvernement a pris ses distances avec Emmanuel Macron depuis la dissolution sur laquelle il n’a pas été consulté. Gérald Darmanin ne manque, lui, jamais d’exposer sa «loyauté» à l’égard du président, qui l’avait mis dans la confidence de sa décision avant les autres membres du gouvernement.
«Introspection»
Une première joute a opposé les deux hommes pour la présidence du groupe à l’Assemblée nationale.
Gabriel Attal «a tué le père» à cette occasion, selon une source Renaissance. En prenant rapidement la tête du groupe, porté par une campagne des législatives appréciée dans son camp, il a précipité cette autonomisation avec le président qui, sans parvenir à imposer ses volontés, avait demandé d’attendre septembre pour désigner un successeur et a jugé «désastreux» le «spectacle» donné par son ex-majorité.
Gérald Darmanin a lui renoncé à se porter candidat. Et l’idée d’une direction collégiale du groupe qu’il avait mise en avant – «tout sauf Attal» selon une source proche du ministre – n’a pas davantage prospéré.
Le locataire de Beauvau a alors minoré la portée de l’élection de Gabriel Attal en marquant son intérêt pour le parti, qui a fait l’objet d’une deuxième bataille.
«Les élections au sein du groupe ne règlent (...) en aucun cas» les «problèmes majeurs» de Renaissance, a écrit l’élu du Nord à ses collègues députés, s’inquiétant de «la ligne politique» du parti dirigé par Stéphane Séjourné, un proche du Premier ministre et surtout de son «fonctionnement».
Mais face au risque d’un échec dans une formation où le secrétaire général est élu et où les adhérents sont plus à gauche que le groupe, Gérald Darmanin a jeté l’éponge, appelant le camp macroniste à faire son «introspection» sans «continuer de faire comme avant».
«Bascule»
Le ministre de l’Intérieur s’est aussi étonné que Stéphane Séjourné soit resté à la tête de Renaissance malgré la défaite aux législatives. Lors d’un bureau exécutif jeudi matin, ce dernier n’a pas dit s’il quittait la tête du parti mais a souhaité ne pas accélérer le calendrier du prochain congrès qui doit se tenir avant le 30 novembre.
Faute de candidats, l’ambitieux Gabriel Attal pourrait finalement aussi prendre la tête de Renaissance à la rentrée, avance un ministre. La «bascule» serait d’autant plus spectaculaire pour ce parti, rampe de lancement d’Emmanuel Macron en 2017, ajoute-t-il.
De son côté, Gérald Darmanin se démarque. Il fustige les Parisiens «bien nés», tombe la cravate pour marquer la «sécession» avec «les élites» et propose en solo d’augmenter le Smic, fidèle à son image d’«homme de droite à la fibre sociale très prononcée».
Une figure macroniste relève «un truc plus profond pour Gérald. Il considère qu’on a tout donné à Gabriel et que lui a dû tout arracher».
Son objectif «est la présidence de la République», commente de son côté un ministre, après que le ministre de l’Intérieur a tenté de se rapprocher d’Édouard Philippe, le patron d’Horizons et de «se mettre dans sa roue, pour éventuellement prendre le volant».
À moins que ce ne soit simplement pour essayer de «continuer à exister parce qu’il se rend compte qu’il n’a pas le poids politique», cingle un adversaire.
Il fera en tout cas sa rentrée politique le 15 septembre à Tourcoing. Et «verra qui est le mieux placé en 2027 pour porter cette ligne de droite sociale, gaulliste», selon son entourage.
Anne Renaut, avec AFP
Potentiels prétendants à la succession du président français Emmanuel Macron, Gabriel Attal et Gérald Darmanin se disputent déjà l’héritage de leur mentor, de la présidence du groupe à l’Assemblée nationale à celle du parti, voire au-delà, avec en ligne de mire la présidentielle de 2027.
Tous les deux sont ministres démissionnaires d’un gouvernement qui ne gère plus que les affaires courantes. L’un, Premier ministre et député des Hauts-de-Seine venu du Parti socialiste, incarne l’aile gauche de la macronie, tandis que l’autre, ministre de l’Intérieur et député du Nord, a quitté Les Républicains et représente son aile droite.
La seule chose qui les réunit est leur refus de gouverner avec le Rassemblement national (extrême-droite) ou La France insoumise (gauche radicale).
Quand le patron de la place Beauvau salue, dans un message à ses collègues députés, le pacte législatif proposé par la droite, Gabriel Attal redit souhaiter «dépasser les clivages» en travaillant autant avec «la droite républicaine» qu’avec «la gauche sociale-démocrate».
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Ils n’affichent pas non plus la même relation avec le chef de l’État. Le chef du gouvernement a pris ses distances avec Emmanuel Macron depuis la dissolution sur laquelle il n’a pas été consulté. Gérald Darmanin ne manque, lui, jamais d’exposer sa «loyauté» à l’égard du président, qui l’avait mis dans la confidence de sa décision avant les autres membres du gouvernement.
«Introspection»
Une première joute a opposé les deux hommes pour la présidence du groupe à l’Assemblée nationale.
Gabriel Attal «a tué le père» à cette occasion, selon une source Renaissance. En prenant rapidement la tête du groupe, porté par une campagne des législatives appréciée dans son camp, il a précipité cette autonomisation avec le président qui, sans parvenir à imposer ses volontés, avait demandé d’attendre septembre pour désigner un successeur et a jugé «désastreux» le «spectacle» donné par son ex-majorité.
Gérald Darmanin a lui renoncé à se porter candidat. Et l’idée d’une direction collégiale du groupe qu’il avait mise en avant – «tout sauf Attal» selon une source proche du ministre – n’a pas davantage prospéré.
Le locataire de Beauvau a alors minoré la portée de l’élection de Gabriel Attal en marquant son intérêt pour le parti, qui a fait l’objet d’une deuxième bataille.
«Les élections au sein du groupe ne règlent (...) en aucun cas» les «problèmes majeurs» de Renaissance, a écrit l’élu du Nord à ses collègues députés, s’inquiétant de «la ligne politique» du parti dirigé par Stéphane Séjourné, un proche du Premier ministre et surtout de son «fonctionnement».
Mais face au risque d’un échec dans une formation où le secrétaire général est élu et où les adhérents sont plus à gauche que le groupe, Gérald Darmanin a jeté l’éponge, appelant le camp macroniste à faire son «introspection» sans «continuer de faire comme avant».
«Bascule»
Le ministre de l’Intérieur s’est aussi étonné que Stéphane Séjourné soit resté à la tête de Renaissance malgré la défaite aux législatives. Lors d’un bureau exécutif jeudi matin, ce dernier n’a pas dit s’il quittait la tête du parti mais a souhaité ne pas accélérer le calendrier du prochain congrès qui doit se tenir avant le 30 novembre.
Faute de candidats, l’ambitieux Gabriel Attal pourrait finalement aussi prendre la tête de Renaissance à la rentrée, avance un ministre. La «bascule» serait d’autant plus spectaculaire pour ce parti, rampe de lancement d’Emmanuel Macron en 2017, ajoute-t-il.
De son côté, Gérald Darmanin se démarque. Il fustige les Parisiens «bien nés», tombe la cravate pour marquer la «sécession» avec «les élites» et propose en solo d’augmenter le Smic, fidèle à son image d’«homme de droite à la fibre sociale très prononcée».
Une figure macroniste relève «un truc plus profond pour Gérald. Il considère qu’on a tout donné à Gabriel et que lui a dû tout arracher».
Son objectif «est la présidence de la République», commente de son côté un ministre, après que le ministre de l’Intérieur a tenté de se rapprocher d’Édouard Philippe, le patron d’Horizons et de «se mettre dans sa roue, pour éventuellement prendre le volant».
À moins que ce ne soit simplement pour essayer de «continuer à exister parce qu’il se rend compte qu’il n’a pas le poids politique», cingle un adversaire.
Il fera en tout cas sa rentrée politique le 15 septembre à Tourcoing. Et «verra qui est le mieux placé en 2027 pour porter cette ligne de droite sociale, gaulliste», selon son entourage.
Anne Renaut, avec AFP
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