Bien que l’été 2024 ait démarré sur les chapeaux de roue, il semble moins prometteur que celui de 2023. Les premiers chiffres de la saison sont moins bons que ceux de l’année dernière, même s’ils demeurent satisfaisants dans l’ensemble. Une seule chose demeure sûre, le Liban a, une fois de plus, conquis le cœur des expatriés.
Malgré la poursuite de la guerre à Gaza et au Liban-Sud, le rebond par rapport à l’hiver et au printemps est impressionnant, avec un afflux continu de vacanciers expatriés. Il faut dire que le Liban attend ces deux mois d’été avec impatience pour générer d’importants bénéfices. En effet, le secteur du tourisme au Liban a contribué à 30% du PIB en 2023, avec des revenus s’élevant à 6 milliards de dollars. Ces chiffres seront sans doute difficilement atteints cette année: les recettes générées par ce flux de visiteurs étaient d’environ 3,8 milliards de dollars l’été 2023, 3,5 milliards l'été 2022, contre 1,2 milliard en 2021.
Le président du syndicat des propriétaires d’agences de voyage, Jean Abboud, estime que la saison est «excellente». Près de 14.000 personnes arrivent chaque jour à l’aéroport international de Beyrouth (AIB) et 85 à 90 avions atterrissent quotidiennement. Il assure que la saison estivale 2024 se présente aussi favorablement que celle de l’année précédente. Il a souligné que le taux d’occupation des avions est supérieur à 96% et que des vols supplémentaires ont été mis en place pour répondre à la demande croissante. Il a également indiqué que «les réservations pour le mois d'août continuent d’augmenter, ce mois représentant le pic de la saison estivale». M. Abboud a précisé que les touristes arabes représentent environ 25% du total des arrivées, principalement des Jordaniens, des Irakiens et des Égyptiens.
Du côté des restaurateurs, le vice-président du syndicat, Khaled Naha, affirme à Ici Beyrouth que, comparativement à 2023 où les établissements ont affiché complet pendant toute la saison et généré des recettes exceptionnelles, meilleures qu’avant la crise de 2019, l'année 2024 n’est pas aussi «performante». Il estime que cela est dû à la psychose de la guerre et de la fermeture de l’aéroport. Il assure que durant les week-ends, les restaurants, cafés, plages et boîtes de nuit sont bondés, alors que le reste de la semaine, la fréquentation est moindre. M. Naha assure que 70% des visiteurs sont des Libanais expatriés qui restent beaucoup en famille, 25% des touristes arabes (Irakiens, Égyptiens et Jordaniens) et 5% des Européens et Américains qui accompagnent souvent des expatriés Libanais ou viennent assister à des mariages.
M. Naha tient à rappeler que plusieurs enseignes locales et internationales ont ouvert leurs portes au Liban cette année, précisant que le secteur touristique fait travailler beaucoup de Libanais et attire les étrangers. Il souligne que 10.000 libanais sont revenus travailler au Liban dans le secteur de la restauration. Néanmoins, il tient à préciser que les coûts et les dépenses ont beaucoup augmenté du fait de l’inflation mondiale, d’une part, et du coût de l’électricité et de l’eau au Liban, d’autre part.

Pour les hôtels, toutefois, la saison est «catastrophique». Le président de la Fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar indique à Ici Beyrouth que le taux d’occupation des hôtels n’atteint pas les 30% , contre 70% en 2023. Il estime que le mois d’août sera pire, regrettant le fait que le Liban n’a pas choisi d’être en guerre.  
«L’industrie hôtelière est touchée de plein fouet», déplore-t-il, rappelant que la majorité des expatriés disposent de logements au Liban. Il souligne également que la situation des hôtels est très mauvaise. Il explique que pour couvrir ses frais de fonctionnement, un établissement hôtelier a besoin d’un taux d’occupation qui varie entre 30 et 50%.
Il rappelle que les hôtels traditionnels n’ont plus la cote, les expatriés et touristes privilégiant les maisons d’hôtes ou autres hôtels de charme. Le taux d’occupation des hôtels classiques est en baisse, la tendance étant aux petits établissements style Relais et Châteaux et les maisons d’hôtes. Sans oublier les Airbnb qui ont pris une grosse part du marché.
Pour ce qui est des maisons d’hôtes, le succès est inférieur à celui enregistré l’année dernière. Le président du syndicat des propriétaires de maisons d’hôtes, Ramzi Salman, indique qu’il est désormais clair qu’il existe une nette baisse dans le volume, que ce soit au niveau du taux d’occupation ou de la restauration. Il estime que «les performances sont inférieures de 20% à celles de l’année dernière», précisant que ce chiffre peut varier selon les endroits. M. Salman considère que la baisse n’est pas catastrophique, mais que la saison est loin d’être aussi performante que l’année dernière.       
https://youtu.be/f6B55OZosHI
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