Shift, réalisé par Sherine Raffoul et Moussa Shabandar, explore la transition de Chadi Saad, ancien chasseur devenu observateur d'oiseaux, dans le cadre du projet Biodiversité et Cinéma. Ce film sur la métamorphose personnelle et écologique est projeté au festival du REEF qui se tient à Kobayat.
Shift est un documentaire réalisé par Sherine Raffoul et Moussa Shabandar, avec Chadi Saad, et Serge Elia comme consultant environnemental. Produit par Eliane Raheb, ce projet est né d'une initiative du REEF, Hammana Artist House et Aflamuna. Il est soutenu par l'Institut Français, en collaboration avec le LEM (Lebanese Environmental Movement) et l’IMS (International Media Support), dans le cadre du workshop Biodiversité et Cinéma.
Dans un environnement chaotique où tout appelle à la division et où les guerres s'animent, de jeunes cinéastes s'acharnent à raconter des histoires hors du commun, et pourtant si proches de l'essentiel. Tout commence avec un fil conducteur, une caméra, et des yeux levés vers le ciel.
Sherine Raffoul et Moussa Shabandar filment les propos de Chadi Saad dans les hautes montagnes libanaises. Le spectateur assiste à un témoignage poignant de l'homme autrefois chasseur, qui condamne désormais la chasse des oiseaux et la taxe de criminelle. Chadi attribue son changement de perspective aux magnifiques couleurs des oiseaux et à ses lectures, notamment celles de Spinoza dont il s'inspire pour comprendre que l'homme et la nature ne font qu'un. Ce documentaire met en lumière l'importance d'une compréhension philosophique et scientifique, en plus de la nécessité de documenter les oiseaux migrateurs et ceux trouvant refuge au cœur du Liban. Voir Shift est essentiel pour une remise en question, mais aussi pour, comme le dit la réalisatrice Sherine Raffoul, «rencontrer les oiseaux».
Questions à Sherine Raffoul
Comment avez-vous choisi votre personnage principal?
Nous voulions explorer la route migratoire aviaire à travers les yeux de Chadi Saad, une personne qui la connaît très bien et qui a choisi d’en faire sa vocation. Nous sommes également intéressés par le concept de transition de vie et de changement de perception. Chadi est un des pionniers dans la région à s'être adonné à l'art d'observer les oiseaux, d'abord avec ses yeux, puis quelques années plus tard avec une caméra. Ancien chasseur intensif, il a choisi de favoriser la place des oiseaux dans sa vie, de comprendre leur diversité et leur comportement. Vivre au rythme de leur passage, assister à leur naissance, leur deuil, leur quotidien, au lieu de les tuer.
Quel angle veut montrer votre caméra?
Notre film fait partie d'une série de huit films produits dans le cadre du workshop traitant de la biodiversité et du cinéma. Chacun aborde un aspect particulier de notre terroir libanais. Choisir de montrer les oiseaux était essentiel pour nous, car le Liban est sur l'un des principaux couloirs migratoires. Nous faisons partie de la deuxième route aviaire, la plus grande au monde. Ce que nous cherchons à mettre en relief dans ce film, en plus de l'incroyable diversité d'oiseaux qui jalonne le ciel libanais, c'est de montrer une alternative: l'art d'observer les oiseaux (birdwatching). Les pratiques de chasse irresponsables mettent en péril la vie de nos amis les oiseaux à chaque saison migratoire. La chasse illégale a toujours été courante au Liban; les moyens mis en œuvre sont multiples. Les chasseurs ne tuent plus quelques oiseaux comme des chasseurs responsables, ils les massacrent et souvent, ils ne connaissent que très peu leur proie. Beaucoup d'oiseaux sont abattus uniquement pour le plaisir, sans être consommés. Il s'agit ici de mettre en avant la possibilité d'une chasse plus responsable et d'attiser la curiosité de nos contemporains sur la richesse de la nature.
Quel a été le point décisif de votre personnage?
Il a changé sa perception du ciel. Regarder le ciel avec de nouveaux yeux, c'est un miracle.
Qu’est-ce qui vous interpelle chez les oiseaux migrateurs?
Le Liban est sur la deuxième route migratoire la plus grande au monde; les oiseaux viennent de Russie et d'Europe en automne pour migrer vers l'Afrique du Sud et retournent au printemps par le même chemin. C'est fabuleux quand on y pense: 214 espèces d'oiseaux différentes sillonnent notre ciel chaque année, oiseaux locaux et migrateurs inclus. C'est une chance unique au monde. Très peu de Libanais en sont conscients.
Croyez-vous au pouvoir du cinéma de faire la différence?
Un film documentaire, dans ce cas, est un langage facilitateur qui permet de mettre en lumière des sujets complexes et de clarifier des fonctionnements. Une fois projeté, il permet la discussion. Au Liban, la chasse est un sujet difficile à expliquer. Nombreux sont ceux qui ne cherchent pas à remettre en question leurs actions. Montrer les répercussions de nos habitudes individuelles sur l'ensemble est toujours un moyen d'ouvrir le débat, de provoquer le développement de la pensée et potentiellement de créer un changement vers des habitudes plus vertueuses. Il est important de créer un changement chez les gens, non pas en leur proposant seulement de voir les choses autrement, mais en leur permettant de se plonger dans le sujet, de le ressentir, de le vivre. Le cinéma offre un avant-goût, mais rien n'égale l'expérience directe.
Le festival du REEF se poursuit jusqu’au 28 juillet 2024.
Shift est un documentaire réalisé par Sherine Raffoul et Moussa Shabandar, avec Chadi Saad, et Serge Elia comme consultant environnemental. Produit par Eliane Raheb, ce projet est né d'une initiative du REEF, Hammana Artist House et Aflamuna. Il est soutenu par l'Institut Français, en collaboration avec le LEM (Lebanese Environmental Movement) et l’IMS (International Media Support), dans le cadre du workshop Biodiversité et Cinéma.
Dans un environnement chaotique où tout appelle à la division et où les guerres s'animent, de jeunes cinéastes s'acharnent à raconter des histoires hors du commun, et pourtant si proches de l'essentiel. Tout commence avec un fil conducteur, une caméra, et des yeux levés vers le ciel.
Sherine Raffoul et Moussa Shabandar filment les propos de Chadi Saad dans les hautes montagnes libanaises. Le spectateur assiste à un témoignage poignant de l'homme autrefois chasseur, qui condamne désormais la chasse des oiseaux et la taxe de criminelle. Chadi attribue son changement de perspective aux magnifiques couleurs des oiseaux et à ses lectures, notamment celles de Spinoza dont il s'inspire pour comprendre que l'homme et la nature ne font qu'un. Ce documentaire met en lumière l'importance d'une compréhension philosophique et scientifique, en plus de la nécessité de documenter les oiseaux migrateurs et ceux trouvant refuge au cœur du Liban. Voir Shift est essentiel pour une remise en question, mais aussi pour, comme le dit la réalisatrice Sherine Raffoul, «rencontrer les oiseaux».
Questions à Sherine Raffoul
Comment avez-vous choisi votre personnage principal?
Nous voulions explorer la route migratoire aviaire à travers les yeux de Chadi Saad, une personne qui la connaît très bien et qui a choisi d’en faire sa vocation. Nous sommes également intéressés par le concept de transition de vie et de changement de perception. Chadi est un des pionniers dans la région à s'être adonné à l'art d'observer les oiseaux, d'abord avec ses yeux, puis quelques années plus tard avec une caméra. Ancien chasseur intensif, il a choisi de favoriser la place des oiseaux dans sa vie, de comprendre leur diversité et leur comportement. Vivre au rythme de leur passage, assister à leur naissance, leur deuil, leur quotidien, au lieu de les tuer.
Quel angle veut montrer votre caméra?
Notre film fait partie d'une série de huit films produits dans le cadre du workshop traitant de la biodiversité et du cinéma. Chacun aborde un aspect particulier de notre terroir libanais. Choisir de montrer les oiseaux était essentiel pour nous, car le Liban est sur l'un des principaux couloirs migratoires. Nous faisons partie de la deuxième route aviaire, la plus grande au monde. Ce que nous cherchons à mettre en relief dans ce film, en plus de l'incroyable diversité d'oiseaux qui jalonne le ciel libanais, c'est de montrer une alternative: l'art d'observer les oiseaux (birdwatching). Les pratiques de chasse irresponsables mettent en péril la vie de nos amis les oiseaux à chaque saison migratoire. La chasse illégale a toujours été courante au Liban; les moyens mis en œuvre sont multiples. Les chasseurs ne tuent plus quelques oiseaux comme des chasseurs responsables, ils les massacrent et souvent, ils ne connaissent que très peu leur proie. Beaucoup d'oiseaux sont abattus uniquement pour le plaisir, sans être consommés. Il s'agit ici de mettre en avant la possibilité d'une chasse plus responsable et d'attiser la curiosité de nos contemporains sur la richesse de la nature.
Quel a été le point décisif de votre personnage?
Il a changé sa perception du ciel. Regarder le ciel avec de nouveaux yeux, c'est un miracle.
Qu’est-ce qui vous interpelle chez les oiseaux migrateurs?
Le Liban est sur la deuxième route migratoire la plus grande au monde; les oiseaux viennent de Russie et d'Europe en automne pour migrer vers l'Afrique du Sud et retournent au printemps par le même chemin. C'est fabuleux quand on y pense: 214 espèces d'oiseaux différentes sillonnent notre ciel chaque année, oiseaux locaux et migrateurs inclus. C'est une chance unique au monde. Très peu de Libanais en sont conscients.
Croyez-vous au pouvoir du cinéma de faire la différence?
Un film documentaire, dans ce cas, est un langage facilitateur qui permet de mettre en lumière des sujets complexes et de clarifier des fonctionnements. Une fois projeté, il permet la discussion. Au Liban, la chasse est un sujet difficile à expliquer. Nombreux sont ceux qui ne cherchent pas à remettre en question leurs actions. Montrer les répercussions de nos habitudes individuelles sur l'ensemble est toujours un moyen d'ouvrir le débat, de provoquer le développement de la pensée et potentiellement de créer un changement vers des habitudes plus vertueuses. Il est important de créer un changement chez les gens, non pas en leur proposant seulement de voir les choses autrement, mais en leur permettant de se plonger dans le sujet, de le ressentir, de le vivre. Le cinéma offre un avant-goût, mais rien n'égale l'expérience directe.
Le festival du REEF se poursuit jusqu’au 28 juillet 2024.
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