D’aucuns estiment que le nombre de visiteurs au Liban est plutôt encourageant et renforce la confiance en ce pays sinistré. Le Liban a souffert ces dernières années de la pandémie du COVID-19, de l'explosion du port de Beyrouth, ainsi que d'un effondrement économique, financier et monétaire sans précédent, qualifié par la Banque mondiale comme l'une des «pires crises au monde».
Notons cependant la contradiction suivante: l'afflux croissant de visiteurs au Liban en dépit de la situation tendue à la frontière Sud. Depuis le début de la guerre en octobre dernier, les pertes sont estimées à environ 2 milliards de dollars américains, un chiffre significatif, surtout face aux défis multiples et complexes auxquels l'économie libanaise est confrontée.
Dans le même état d'esprit, il est de bon escient de soulever une contradiction notable: certaines zones du Liban vivent au rythme de fêtes et de soirées, et les complexes touristiques et balnéaires dépassent parfois leur capacité d'accueil, tandis que d'autres régions, notamment au Liban-Sud, subissent incendies, bombardements israéliens, destruction et mort. Il ne fait aucun doute qu’une seule partie du pays ne suffit pas à redresser l’économie, alors que la situation dans l'autre partie contribue à aggraver les problèmes et à alourdir les charges.
Bien que la beauté naturelle exceptionnelle du Liban soit un atout, l'économie d'un pays ne peut reposer uniquement sur le tourisme et la saison des vacances, nonobstant leur importance.
Si, cette fois-ci, les gens ont ignoré les risques imminents malgré la guerre au Liban-Sud, cela ne peut se reproduire à chaque fois. Tout coup de canon, en dehors du cadre politique et géographique «défini» du conflit, suffirait à faire fuir tous les ressortissants, à faire partir les expatriés et à plonger le pays dans une réalité totalement différente.
L'économie libanaise a toujours souffert de profondes distorsions, notamment l'absence de justice sociale et de développement équilibré. Même Beyrouth, «riche» dans les années 60 et 70, était entourée de ceintures de pauvreté (et l'est toujours aujourd'hui). De plus, l'État s'est rarement sérieusement soucié du secteur industriel et n'a pas souvent pris la peine de réduire les coûts de production.
Il est vrai qu'un pays comme le Liban, avec sa superficie géographique limitée et ses ressources naturelles insuffisantes, n'est pas prédisposé à faire partie du club des pays industrialisés ni à s'engager dans des industries lourdes. Cependant, il existe certaines industries avancées au Liban qui méritent d'être soutenues, comme par exemple les industries de l'habillement, du mobilier et des produits alimentaires qui relèvent à la fois des secteurs industriel et agricole.
Le Liban peut également réaliser des progrès significatifs dans le secteur des technologies de l'information. En effet, le pays exporte, chaque année, des milliers de diplômés compétents qui réussissent souvent brillamment à l'étranger, pour peu qu'ils bénéficient de conditions de soutien et de stabilité. Ce secteur a été complètement négligé par l'État, malgré son potentiel et ses capacités à pénétrer les marchés mondiaux et y rivaliser efficacement d’éventuels concurrents.
Fournir un soutien à ce secteur lui permettrait de devenir compétitif sur les marchés extérieurs, la même logique s'appliquant aux secteurs de l'industrie et de l'agriculture. Cependant, cela nécessite l'élaboration d'une politique économique claire dans laquelle l'État assume sa responsabilité en tant que régulateur, tout en laissant des marges de liberté économique et d'initiative individuelle.
Le Liban peut sortir de ce tunnel économique sombre, mais cela requiert une certaine organisation et beaucoup de stabilité. À ce moment-là, le citoyen libanais agira de lui-même pour changer sa réalité sans compter sur personne.
Cela est possible et réalisable, mais cela arrivera-t-il effectivement?
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