Dans les rues de Beyrouth, jour et nuit, les gens sont sur leurs smartphones, à l’affût de la moindre information. Il faut dire que les Libanais pourraient participer aux Jeux olympiques des personnes connectées à l’info et rafler toutes les médailles.
Chaque habitant de ce pays qui ne ressemble à nul autre a sur son appareil une dizaine d’applications qui mitraillent en rafales vraies et fausses informations. À chaque alerte, les téléphones sonnent. Au bureau, en voiture, au restaurant, à la maison… partout, entre deux discussions banales, les gens ont les yeux rivés sur leurs appareils, chacun s’enorgueillissant d’annoncer le premier ce qu’il vient de lire. Viennent ensuite les analyses. «Ils vont attaquer cette nuit», «jamais de la vie, ils veulent juste faire peur», «ils vont frapper par surprise», «dans notre région, il n’y a pas de dépôts d’armes», «pourvu qu’ils ne tapent pas l’aéroport, j’ai payé 1.000 dollars mon billet pour aller en Grèce»… bref! Une cacophonie habituelle.
Parce qu’il est bien connu que nous avons des spécialistes de tous les domaines autour de nous. Les habitants de Beyrouth ne prennent même plus la peine de faire des stocks de nourriture, ni de faire le plein de l’ensemble de chaque parc automobile particulier. La lassitude et le fatalisme sont devenus la règle.
Et, en fin de soirée, la conclusion de la discussion est insensiblement la même. «Iza darabo» (s’ils frappent), réveillez-moi. Avant de se coucher, chacun, masquant en public son inquiétude, fait bien attention à entrouvrir les fenêtres de la maison. On ne sait jamais, avec le souffle des bombes… les vieux réflexes ont la peau dure.
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