De la musicothérapie modale des Grecs et des Arabes à la neuro-musicothérapie contemporaine, cette discipline a évolué, au fils des siècles, en exploitant les effets psychophysiologiques de la musique sur le corps et l'esprit.
Si, selon Platon, la musique adoucit les mœurs, elle serait aussi dotée de vertus thérapeutiques. À travers les âges, l’expérience humaine aurait permis d’établir une corrélation profonde entre la musique et la guérison, tant physique que mentale. En effet, cette thérapie dans toute l'étendue que peut revêtir ce terme, est loin d’être une pratique nouvelle. «La musicothérapie, autrement dit l’art de soigner – et de rééduquer – en recourant à la musique, a connu son stade initial, que je dénomme “musicothérapie modale”, avec les Grecs de l’Antiquité et les Arabes du Moyen-âge, qui sollicitaient l’éthos (teneur et effet émotionnels) des modes mélodiques des compositions écoutées pour induire des états d’extase et de transe chez les patients», explique le professeur Nidaa Abou Mrad, doyen de la faculté de musique et musicologie de l’Université Antonine, pour Ici Beyrouth. Cette pratique leur permettait, selon le musicologue, de se libérer de leurs maux – ce qui correspond au principe même de la catharsis – ou de contrecarrer leurs «humeurs excessives» pathogènes, selon la théorie humorale attribuée à Hippocrate.
«La musicothérapie a connu son deuxième stade à partir du milieu du XXe siècle, en Occident, où des psychologues et des acousticiens ont d’abord voulu exploiter les vertus relaxantes et sédatives (réduisant l’angoisse et la douleur) de l’écoute musicale en «musicothérapie (dite) fonctionnelle», poursuit le professeur Abou Mrad, lui-même docteur en médecine et initiateur de la formation en musicothérapie à l’Université Antonine. Il précise, en outre, que ce sont les psychologues d’obédience freudienne qui ont ensuite voulu exploiter les vertus communicationnelles de la musique, inhérentes au paradigme psychanalytique, en «musicothérapie réceptive» (reposant sur l’écoute musicale du patient) et en «musicothérapie active» (reposant sur la pratique musicale du patient). Et ce, en mettant l’accent sur la relation thérapeutique, initiée par la musique, entre patient et thérapeute.
Il reste que les recherches modernes ont démontré que la musique a la capacité de provoquer et de moduler puissamment les émotions et les états d'âme, avec des impacts mesurables sur l'activité cardiaque, la pression artérielle et la respiration. Par exemple, certaines études ont montré que les rythmes cardiaque et respiratoire augmentent en réponse à une musique stimulante par rapport à une musique apaisante. De plus, la musique entraîne des modifications dans l'activité de structures cérébrales telles que l'amygdale, l'hypothalamus, le cortex insulaire et le cortex orbitofrontal, impliquées dans la régulation de la fonction cardiaque.
Le stade le plus récent de cette discipline est celui de la neuro-musicothérapie (NMT). Prise dans son acception restreinte, la NMT s’adresse aux patients souffrant de troubles cognitifs, sensoriels ou moteurs d’origine neurologique. Elle contribue à la réhabilitation des personnes atteintes de lésions (comme les accidents vasculaires cérébraux) ou de dégénérescence (comme la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer) cérébrales, de trouble du spectre de l’autisme ou d’autres troubles cognitifs. «Prise dans une acception plus large, celle que je propose à la communauté scientifique, la NMT marque l’émergence du paradigme neuroscientifique en musicothérapie, celle-ci s’ouvrant à la neurologie et la neuropsychologie cognitive de la musique, non seulement pour rééduquer les patients atteints de pathologies neurologiques, mais également pour mettre à profit les approches neuroscientifiques de la musique, centrées sur les effets de celle-ci, dans des situations thérapeutiques», souligne l’expert.
Et le professeur Abou Mrad de conclure: «Le stade en cours d’élaboration de cette discipline est celui de la “musicothérapie intégrative” qui, selon François-Xavier Vrait, président fondateur de la Fédération française de musicothérapie, projette d’intégrer les modèles précités pour mieux servir le patient.»
Si, selon Platon, la musique adoucit les mœurs, elle serait aussi dotée de vertus thérapeutiques. À travers les âges, l’expérience humaine aurait permis d’établir une corrélation profonde entre la musique et la guérison, tant physique que mentale. En effet, cette thérapie dans toute l'étendue que peut revêtir ce terme, est loin d’être une pratique nouvelle. «La musicothérapie, autrement dit l’art de soigner – et de rééduquer – en recourant à la musique, a connu son stade initial, que je dénomme “musicothérapie modale”, avec les Grecs de l’Antiquité et les Arabes du Moyen-âge, qui sollicitaient l’éthos (teneur et effet émotionnels) des modes mélodiques des compositions écoutées pour induire des états d’extase et de transe chez les patients», explique le professeur Nidaa Abou Mrad, doyen de la faculté de musique et musicologie de l’Université Antonine, pour Ici Beyrouth. Cette pratique leur permettait, selon le musicologue, de se libérer de leurs maux – ce qui correspond au principe même de la catharsis – ou de contrecarrer leurs «humeurs excessives» pathogènes, selon la théorie humorale attribuée à Hippocrate.
Soigner et rééduquer
«La musicothérapie a connu son deuxième stade à partir du milieu du XXe siècle, en Occident, où des psychologues et des acousticiens ont d’abord voulu exploiter les vertus relaxantes et sédatives (réduisant l’angoisse et la douleur) de l’écoute musicale en «musicothérapie (dite) fonctionnelle», poursuit le professeur Abou Mrad, lui-même docteur en médecine et initiateur de la formation en musicothérapie à l’Université Antonine. Il précise, en outre, que ce sont les psychologues d’obédience freudienne qui ont ensuite voulu exploiter les vertus communicationnelles de la musique, inhérentes au paradigme psychanalytique, en «musicothérapie réceptive» (reposant sur l’écoute musicale du patient) et en «musicothérapie active» (reposant sur la pratique musicale du patient). Et ce, en mettant l’accent sur la relation thérapeutique, initiée par la musique, entre patient et thérapeute.
Il reste que les recherches modernes ont démontré que la musique a la capacité de provoquer et de moduler puissamment les émotions et les états d'âme, avec des impacts mesurables sur l'activité cardiaque, la pression artérielle et la respiration. Par exemple, certaines études ont montré que les rythmes cardiaque et respiratoire augmentent en réponse à une musique stimulante par rapport à une musique apaisante. De plus, la musique entraîne des modifications dans l'activité de structures cérébrales telles que l'amygdale, l'hypothalamus, le cortex insulaire et le cortex orbitofrontal, impliquées dans la régulation de la fonction cardiaque.
De la rééducation à la thérapeutique
Le stade le plus récent de cette discipline est celui de la neuro-musicothérapie (NMT). Prise dans son acception restreinte, la NMT s’adresse aux patients souffrant de troubles cognitifs, sensoriels ou moteurs d’origine neurologique. Elle contribue à la réhabilitation des personnes atteintes de lésions (comme les accidents vasculaires cérébraux) ou de dégénérescence (comme la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer) cérébrales, de trouble du spectre de l’autisme ou d’autres troubles cognitifs. «Prise dans une acception plus large, celle que je propose à la communauté scientifique, la NMT marque l’émergence du paradigme neuroscientifique en musicothérapie, celle-ci s’ouvrant à la neurologie et la neuropsychologie cognitive de la musique, non seulement pour rééduquer les patients atteints de pathologies neurologiques, mais également pour mettre à profit les approches neuroscientifiques de la musique, centrées sur les effets de celle-ci, dans des situations thérapeutiques», souligne l’expert.
Et le professeur Abou Mrad de conclure: «Le stade en cours d’élaboration de cette discipline est celui de la “musicothérapie intégrative” qui, selon François-Xavier Vrait, président fondateur de la Fédération française de musicothérapie, projette d’intégrer les modèles précités pour mieux servir le patient.»
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