D’aucuns se demandent si la Ligue des États arabes (LEA), créée en 1945 (le Liban en était l'un de ses fondateurs, ndlr), a toujours une raison d’être aujourd'hui. D’autres se demandent même si la Ligue a réussi à répondre aux aspirations minimales des populations arabes.
Le déclin du nationalisme comme dénominateur commun des États arabes a-t-il impacté l’activité de la Ligue et son rôle futur?
Ces questions, qui soulèvent des critiques concernant la Ligue des États arabes et son rôle futur, demeurent sans réponses claires, notamment en raison des approches variées dans les différents pays, souvent influencées par des croyances idéologiques plutôt que par une lecture objective des faits. Ce qui reste de l’ancienne génération – qui percevait l’arabité comme un concept viable – est actuellement en voie de disparition.
Toute comparaison entre les expériences européenne et arabe en termes de rapprochement politique et économique suppose la même conclusion incontestable. Bien que la création de la Ligue des États arabes en 1945 ait précédé la première coopération européenne, initiée au milieu des années 50, il n’y a guère eu de volonté politique arabe pour réaliser ce rapprochement.
Il est vrai que l’Union européenne a connu – et connaît toujours – des régressions majeures, notamment celle du Brexit (sortie de la Grande Bretagne de l’espace européen) depuis quelques années, mais l’union en question existe bel et bien: une monnaie unique, un seul marché, une coopération douanière, une liberté de circulation des biens et des individus, et d’autres avantages ayant permis à l’économie européenne de prospérer et de se développer.
Certes, l’Europe fait face à des défis économiques, sociaux et politiques importants qui menacent son unité, tels que la montée en puissance de l’extrême droite et l’opposition farouche à l’immigration et aux immigrés eux-mêmes.
Cela étant dit, le monde arabe demeure bien en retard quant aux concepts de base comme les libertés publiques et individuelles, la démocratie et les droits de l’Homme, menacés même en Occident à l’heure actuelle.
Les disparités entre États arabes se font de plus en plus claires, tant sur les plans économique, social qu'ailleurs. Le manque de solutions proposées par la Ligue, notamment en matière de coopération entre pays arabes, alimente les doutes au sujet des capacités et du rôle de cette entité.
De toute évidence, les États arabes ont des priorités économiques et politiques majeures, rendant difficile le rôle de la LEA. Après tout, plusieurs pays, comme la Syrie, le Soudan, ou le Yémen, se sont enlisés dans des conflits sans fin, tandis que d’autres – comme le Liban et l’Irak, par d’exemple – sont confrontés à la corruption et au chaos qui paralysent leurs institutions. Par ailleurs, des pays comme l’Arabie Saoudite et le Qatar réalisent des exploits économiques sans précédent.
Quoi qu’il en soit, il est impératif de remettre en question le rôle et la structure de la Ligue des États arabes, en organisant plusieurs microcosmes de sommets arabes qui permettraient d'élaborer un ordre du jour limité dans un premier temps.
Des projets pareils doivent bénéficier du soutien des États arabes les plus puissants pour entamer une nouvelle étape plus prometteuse. Quoique modestes, de tels changements demeurent une meilleure alternative au laxisme total qui caractérise le monde arabe actuel.
Il ne fait aucun doute que le rapprochement entre États arabes n’a pas apporté les résultats escomptés – ni sur le plan économique, ni sur le plan politique – ce qui a entraîné la fragmentation d’un monde arabe phagocyté par Israël, l’Iran et la Turquie. Cette situation pourrait-elle perdurer?
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