Alain Delon, icône éternelle du cinéma français, est décédé à l'âge de 88 ans, laissant derrière lui une filmographie inoubliable et un héritage cinématographique mondialement reconnu.
Alain Delon, figure emblématique du cinéma français, est décédé ce dimanche, à l'âge de 88 ans, marquant la fin d'une époque pour le septième art. Son décès a été accueilli avec une profonde tristesse par les cinéphiles du monde entier. Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, a exprimé ce sentiment partagé en déclarant: «Alain Delon laisse derrière lui une filmographie éblouissante et une trace ineffaçable. C’est avec la même tristesse que celle ressentie par les cinéphiles du monde entier que nous avons appris la disparition d'Alain Delon. Il incarnait le cinéma français bien au-delà des frontières, il fut l’image des Trente Glorieuses triomphantes, il était de ces personnalités qui s’adressaient conjointement au grand public comme aux spécialistes, œuvrant pour le cinéma commercial comme pour le cinéma d’auteur.» Thierry Frémaux a souligné l'humilité et le respect profond qu’Alain Delon portait aux maîtres du cinéma: «Il parlait de façon magnifique des cinéastes qui l’ont fait roi: Visconti, Clément, Deray, Melville, Verneuil, Cavalier, etc. Il était incroyablement respectueux de ses metteurs en scène et attentif à ses partenaires.» Thierry Frémaux a tenu à rappeler que «si nous sommes tristes aujourd’hui pour l’homme et pour ses enfants, Alain Delon, l’artiste, demeurera: il laisse derrière lui une filmographie éblouissante et une trace ineffaçable».
En 2019, Alain Delon a été honoré par une Palme d'or d'honneur au Festival de Cannes, l'une de ses dernières apparitions publiques. «Nous gardons un extraordinaire souvenir de cet hommage, de son émotion, qu’il a fait ressentir à toute la salle, de ses mots bouleversants et de cet adieu qu’il fit au cinéma. Ce fut un moment unique et privilégié: la célébration de l’une des plus grandes stars de cinéma de l’Histoire», a rappelé Thierry Frémaux.
Cannes 2013. Crédit photo: Valery Hache/AFP
Crédit photo: Guillaume Souvant/AFP
Nathalie Delon et Alain Delon «Doucement les basses» conférence de presse 1971. Crédit photo: -/AFP
Romy Schneider et Alain Delon 1959. Crédit photo: -/AFP
L’Académie des arts et techniques du cinéma, qui organise chaque année la cérémonie des César, a également rendu hommage à l’acteur, soulignant qu’il était devenu une «icône éternelle du septième art» et «l'incarnation du cinéma français à l’international». L’Académie a également précisé que «nombre de ses films, tournés sous la caméra des plus grands, sont devenus des classiques». Ils ont rappelé ses rôles inoubliables dans Plein soleil de René Clément, Le Guépard et Rocco et ses frères de Luchino Visconti, Le Samouraï, et Un flic comme des œuvres incontournables du cinéma. Malgré son immense carrière, Delon n'a été récompensé qu'une seule fois par un César, en 1985, pour son rôle dans Notre histoire de Bertrand Blier. Il a également présidé la cérémonie des César à deux reprises, en 1995 et 2000.
Alberto Barbera, directeur de la Mostra de Venise, a décrit Delon comme ayant accédé «à l’Olympe des immortels». «Alain Delon a réussi là où le plus grand nombre de ses collègues ont échoué: être considéré comme le plus bel homme du monde et en même temps un acteur extraordinaire. S'il quitte aujourd'hui sa dépouille mortelle, c’est pour monter à l'Olympe des immortels dont nous nous souviendrons à jamais», a-t-il déclaré. Barbera a également salué Delon comme une «icône du cinéma français qui doit une partie de son succès planétaire à des films tournés en Italie, Rocco et ses frères, Le Guépard, Le Professeur, une star populaire qui a laissé son empreinte indélébile sur les œuvres des plus grands auteurs du cinéma européen, de Luchino Visconti à Michelangelo Antonioni, Joseph Losey, Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Melville, Valerio Zurlini, René Clément».
Chiara Sbarigia, présidente des légendaires studios Cinecittà à Rome, a évoqué la mémoire d’«un talent intemporel du cinéma mondial», rendant hommage à son «infatigable passion et ses interprétations magistrales» dans des chefs-d'œuvre tels que Rocco et ses frères et Le Guépard de Luchino Visconti, qui ont fait de lui un acteur incontournable du cinéma italien. En Italie, où Delon a mené une grande partie de sa carrière dans les années 1950 et 1960, sa mort a fait la Une des grands titres de presse. «Il n'y aura plus jamais un acteur comme Delon, unique et immortel», a regretté Il Corriere della Sera, tandis que La Stampa et La Repubblica disaient «Adieu au mythe du cinéma français».
L'actrice italienne Claudia Cardinale, partenaire de Delon dans Le Guépard, a réagi à sa disparition en déclarant: «Le bal est fini. Tancrède s'en est allé danser avec les étoiles...» Évoquant le personnage de Tancrède, qu'Alain Delon interprétait dans ce film culte de Luchino Visconti (1963), Claudia Cardinale a ajouté: «On me demande de mettre des mots... mais la tristesse est beaucoup trop intense. Je me joins à la douleur de ses enfants, de ses proches, de ses fans...» Elle a signé son message par «Per sempre tua (À toi pour toujours), Angelica», reprenant le nom de son propre personnage dans le film, qui avait reçu la Palme d'or au festival de Cannes.
Après avoir été honoré à Cannes en mai 2019, Alain Delon avait adressé une dernière fois un message poignant à ses fans, dans un texte empreint d’une dimension testamentaire, transmis exclusivement à l'AFP. «Au lendemain de cette Palme d'or d'honneur, l'envie me prend de remercier toutes celles et tous ceux qui m'ont témoigné d'une manière ou d'une autre leur affection et leur sympathie, et plus encore. Alors que mon voyage touche à sa fin, je veux le dire: j'ai connu tant de passions, tant d'amours, tant de succès et d'échecs, tant de controverses, tant d'esclandres, de ténébreuses affaires, tant de souvenirs, tant de rendez-vous manqués et de rencontres impromptues, tant de hauts et de bas; que lorsque les honneurs ne seront plus que de vains et lointains souvenirs, il est une seule chose qui brillera par sa constance et sa longévité: vous, vous seuls. À vous qui avez fait ce que je suis et qui ferez ce que je serai, il me fallait vous le dire. Je vous dis merci, merci, merci.»
Avec AFP
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