Thérapie génique: une nouvelle ère de traitements anticancéreux commence…

La thérapie génique redéfinit la médecine moderne avec ses succès dans les cancers hématologiques et des avancées récentes dans le traitement des tumeurs solides, notamment le sarcome synovial.

La thérapie génique est en plein essor. Ayant connu ses premiers balbutiements à la fin du XXe siècle, elle compte depuis plusieurs succès à son actif. Cette approche révolutionnaire s’impose désormais comme la pierre angulaire de ce qu’on pourrait baptiser la nouvelle médecine. Elle consiste à modifier le matériel génétique (et donc l’ADN) des cellules dans le but de guérir maintes pathologies. Des centaines d’essais cliniques sont en cours pour tester l’efficacité et l’innocuité de cette thérapie dite innovante. Le but: tenter de traiter une gamme variée de maladies, qu’elles soient héréditaires (comme le déficit immunitaire combiné sévère chez les «bébés bulles», la myopathie de Duchenne – une maladie neuromusculaire grave –, et la bêta-thalassémie, à titre d’exemples) ou acquises (comme les maladies neurodégénératives, cardiaques, ophtalmiques, mais surtout le cancer), affectant divers systèmes de l’organisme.

Nouveau pilier

La thérapie génique occupe aujourd'hui une place de choix dans le traitement de certains cancers hématologiques : six approbations de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (ou US Food and Drug Administration – FDA en anglais) ont déjà été accordées, entre août 2017 et février 2022, pour des traitements reposant sur des lymphocytes T (un type de cellules immunitaires) génétiquement reprogrammés. Cette stratégie thérapeutique consiste ainsi à prélever puis à modifier, au laboratoire, des lymphocytes du patient lui-même, afin qu'ils puissent reconnaître une cible particulière présente sur les cellules tumorales. Une fois réinjectées chez le patient, ces cellules médicaments sont alors capables de cibler spécifiquement les cellules cancéreuses et les détruire. Cette thérapie cellulaire (c’est-à-dire un traitement basé sur des cellules plutôt que des molécules) s'affirme désormais comme un nouveau pilier du traitement anticancéreux, aux côtés de la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, l’immunothérapie et la thérapie ciblée.


Obstacles et échecs

Alors que la thérapie génique a conduit à des rémissions totales dans certains cancers hématologiques, notamment les leucémies aiguës lymphoblastiques et certains types de lymphomes, les résultats cliniques semblent décevants dans les cancers dits solides. En effet, ces derniers sont entourés d'un microenvironnement tumoral complexe qui limite la pénétration des cellules immunitaires, et donc la destruction des tumeurs proprement dites. De plus, les cellules saines et les cellules cancéreuses partagent souvent des marqueurs similaires, ce qui complique considérablement le ciblage des tumeurs solides et accroît de ce fait le risque de toxicité et d’effets secondaires. Enfin, l'hétérogénéité des cellules tumorales au sein des cancers solides rend difficile la conception de thérapies géniques adaptées et durables.


Premier succès  

Le 2 août, la FDA a annoncé l'approbation accélérée de la première thérapie génique destinée à des patients adultes atteints d’une tumeur solide: le sarcome synovial (une tumeur rare et agressive des tissus mous) non résécable ou métastatique (c’est-à-dire qui s'est propagée au-delà de son emplacement initial) chez des patients ayant déjà été traités par chimiothérapie. D'après les données épidémiologiques, ce cancer affecte chaque année environ 1.000 personnes aux États-Unis, se manifestant principalement chez les hommes dans la trentaine ou plus jeunes. Le traitement conventionnel implique généralement une chirurgie pour retirer la tumeur. Il peut également inclure une radiothérapie et/ou une chimiothérapie si la tumeur est plus grande, récidivante ou métastatique.
L’approbation de la FDA constitue une avancée majeure dans le traitement du sarcome synovial, étant la première nouvelle option thérapeutique pour les patients atteints de ce cancer depuis plus d'une décennie. Il s’agit d’une thérapie à base de lymphocytes T modifiés génétiquement pour exprimer un récepteur contre une cible tumorale (MAGE-A4), exprimé par ce sarcome. La décision de la FDA est basée sur les résultats d’un essai clinique montrant un taux de réponse global de 43,2% et un taux de réponse complète de 4,5%. La durée médiane de la réponse était de six mois. Il est à préciser que la FDA peut accorder une approbation accélérée à des médicaments pour des maladies graves ou potentiellement mortelles pour lesquelles il existe un besoin médical non satisfait. Entre-temps, l'entreprise pharmaceutique mène d'autres essais pour vérifier le bénéfice clinique prédit. En adoptant une approche ciblée et personnalisée, la thérapie génique inaugure une nouvelle ère dans la lutte contre cette maladie complexe et dévastatrice qu’est le cancer.

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