Jeux paralympiques: Arz Zahreddine, l'enfant du Liban face à son destin
©Arz Zahreddine lors d'une séance d'entraînement au village olympique. Photo tirée du compte Instagram de Arz Zahreddine

Le jeune sportif concourra ce dimanche au 100m, catégorie T64 en para-athlétisme.
L'athlète paralympique libanais Arz Zahreddine se prépare à vivre une nouvelle aventure aux Jeux de Paris, après avoir participé à ceux de Tokyo en 2020. Zahreddine est le premier Libanais et arabe à se qualifier dans la catégorie des amputés, ce qui fait de lui un symbole de détermination et de défi face à l'adversité. Le champion de 25 ans concourra dimanche soir à 22h23 (heure de Beyrouth) au 100m, catégorie T64 en para-athlétisme.
Cinquième participation pour le Liban
Il s’agit de la cinquième participation paralympique du Liban depuis les Jeux à Sydney en 2000. Édouard Maalouf avait représenté le pays du Cèdre à Pékin en 2008, remportant deux médailles de bronze, puis à Londres en 2012. Le Liban a, par contre, été absent à Athènes en 2004 et à Rio en 2016.
Dans le cadre de sa préparation intensive pour les Jeux, Zahreddine s'astreint à un régime alimentaire strict et à un programme d'entraînement quotidien en salle et sur le terrain. «Je ne m’arrête pratiquement pas», confie-t-il à Ici Beyrouth.
Cette fois-ci, il participera au 100m, au lieu du 200m. Zahreddine exprime son penchant pour le 100m, sa nouvelle distance de prédilection. «Je suis enthousiaste à l'idée de relever ce nouveau défi», ajoute-t-il.
Caprices du destin

Mais avant d'en arriver là, le destin, dans ses caprices incompréhensibles, l’a frappé durement dans son enfance. Sa vie a brutalement basculé dans l’horreur à la suite d'un terrible accident de voiture survenu dans le tunnel de Chekka quand il avait trois ans. Il a ainsi perdu sa jambe droite au-dessous du genou.
«J’ai eu une enfance difficile entre les brimades et les opérations avant de réaliser à l’âge de 7 ans que mon salut viendrait du sport», explique le champion à Ici Beyrouth.
Sa vie sportive a donc commencé à l’âge de 7 ans, quand il a voulu faire de l’escrime. Il a réussi à s’imposer dans cette discipline aux niveaux national et régional. Entre 2012 et 2017, il a remporté plusieurs médailles d’or, d’argent et de bronze aux championnats nationaux libanais, mais aussi des médailles de bronze aux championnats juniors d’Asie de l’Ouest au fleuret par équipe et à l’épée individuelle.
À 18 ans, il change de cap et passe à l’athlétisme avec les Jeux de Tokyo en ligne de mire. Commence alors une longue et fastidieuse chasse aux sponsors pour l’achat des appareils indispensables à l’entraînement...
«Grâce aux différents sponsors qui m’ont offert tous les équipements nécessaires, j’ai pu m’entraîner et me qualifier pour Tokyo», précise-t-il. Mais c’est finalement grâce à ses propres performances qu’il s’est qualifié pour les Jeux de Tokyo en décrochant la médaille d’or au 200m T64 et l’argent au 100m lors de sa première compétition internationale, au Grand Prix Grosseto 2019 en Italie, puis en terminant huitième aux championnats du monde de para-athlétisme de Dubaï en 2019, devenant le coureur asiatique le plus rapide.
En 2022, Zahreddine a souffert d'une déchirure musculaire qui l'a contraint à arrêter la compétition pendant un an et demi. Mais à force de persévérance, il est revenu en force en 2023, remportant une médaille d'or aux Jeux de la Francophonie, devenant le premier Libanais et arabe à réussir cette gageure avec à la clé le sésame pour Paris.
«Je veux présenter une image positive du Liban et des arabes à Paris. Je reste convaincu que le véritable handicap est dans l'esprit et non dans le corps. Par conséquent, rien ne m'empêchera de poursuivre mon voyage et d'atteindre mes objectifs. Je vais mettre toutes mes forces dans la bataille de dimanche», a conclu notre champion national.
Il y a 22 ans, l’entrée de la voiture familiale dans le tunnel de Chekka avait plongé Arz Zahreddine dans un cauchemar innommable; verra-t-il enfin le bout du tunnel lors des Jeux de Paris?
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