©Crédit photo: Alberto Pizzoli/AFP
Palme d’or, Oscars, plus de 50 films en 60 ans de carrière… À 85 ans, Claude Lelouch est honoré à la Mostra de Venise pour son œuvre prolifique et romantique. Portrait d’un réalisateur amoureux du cinéma et qui a fait de l’amour son sujet de prédilection.
«Tant que des idées viendront se mettre dans ma tête, je vais continuer à faire ce métier. Et, là, je n’ai jamais eu autant d’idées», a promis Claude Lelouch lors de la présentation de son 51e long-métrage Finalement à Venise. À 86 ans, le réalisateur aux deux Oscars et à la Palme d’or est loin d’avoir dit son dernier mot. Après 60 ans de carrière, il compte bien tourner encore et toujours, avec la même envie de s’émerveiller.
Rien ne destine pourtant le jeune Lelouch, né en 1937 à Paris, à une telle carrière. Après un échec au bac, il devient reporter puis rejoint le service cinématographique de l’armée. En 1960, son premier film essuie un échec critique cuisant. Mais Lelouch s’accroche et enchaîne les réalisations de scopitones, ancêtres du clip, pour vivre.
De gauche à droite: Kad Merad Valérie Perrin Claude Lelouch et Julia Vignali - Crédit photo: Alberto Pizzoli/AFP
Le succès arrive en 1966 avec Un homme et une femme. Cette histoire d’amour passion triomphe au box-office et rafle la mise à Cannes et aux Oscars. Propulsé star, Lelouch enchaîne les tournages à un rythme effréné grâce aux bénéfices de ce succès. En 60 ans, il réalisera plus de 50 films, de L’Aventure c’est l’aventure à Itinéraire d’un enfant gâté en passant par Les Uns et les autres, devenant le cinéaste attitré des stars françaises.
Son crédo? Filmer la vie, l’amour et le hasard avec fougue et spontanéité, caméra à l’épaule. Un style immédiatement reconnaissable où les personnages croquent la vie à pleine dents et finissent toujours par s’en sortir. Car Lelouch est un indécrottable optimiste, malgré les drames traversés. «Je suis optimiste parce que j’ai connu la guerre, l’après-guerre. J’ai échappé au pire. Et quand on a échappé au pire, après, tout le reste, c’est très doux», dit-il.
Cet enthousiasme communicatif et cette vision solaire de l’existence séduisent le public, mais irritent parfois la critique, qui raille sa naïveté et ses happy ends systématiques. Mais Lelouch persiste et signe. Romantique invétéré, il croit dur comme fer au pouvoir des rencontres imprévues, des coups de foudre et des secondes chances, thèmes qui traversent toute sa filmographie.
Son 51e film, Finalement, présenté lundi hors-compétition à Venise, ne déroge pas à la règle. On y suit les aventures d’un brillant avocat qui plaque tout pour vagabonder sur les routes de France, au grand dam de sa femme actrice qui part à sa recherche. Un road-movie optimiste et musical, jalonné de rencontres insolites et porté par les chansons de Didier Barbelivien. «C’est un film qui me ressemble beaucoup», commente Lelouch.
Valérie Perrin et Claude Lelouch - Crédit photo: Alberto Pizzoli/AFP
Car ce film parle de liberté, de quête de sens et de ce besoin fugace de tout recommencer, autant de thèmes chers au cinéaste. «Je pense qu’on a créé un monde qui fait de nous des prisonniers. On est prisonnier de la famille, des enfants, de notre travail… On a tous envie à un moment de recommencer sa vie», souligne-t-il. Un désir d’évasion qu’il a lui-même souvent ressenti, avouant avoir sacrifié sa vie de famille au cinéma.
Mais à 86 ans, celui qui vient de se remarier pour la 4e fois n’a rien perdu de sa soif de vivre et de créer. Présent à Venise au bras de son épouse, il se dit prêt à tourner «tant que le cerveau marche». Et prévient en souriant: «Je sais qu’à mon âge, on peut me dire stop à tout moment.» Avant de lancer, combatif: «Vivement l’année prochaine pour tourner!» et d’assurer avoir plein de nouveaux projets en tête.
L’œil pétillant et le verbe toujours aussi vif, Claude Lelouch veut croire que le meilleur reste à venir. Cet éternel amoureux de la vie et du cinéma n’a certainement pas fini de nous surprendre. Après 60 ans de carrière, il a encore des histoires à raconter et des émotions à nous faire partager. Son 52e film est déjà en route.
Crédit photo: Alberto Pizzoli/AFP
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