La droite à Matignon, LFI joue la rue contre le \
©(Photo par Michel Euler / POOL / AFP)
La France insoumise et plusieurs syndicats étudiants ont appelé à manifester dans toute la France, samedi, contre le «coup de force» d'Emmanuel Macron, même si, au lendemain de sa nomination à Matignon, Michel Barnier s'est déclaré prêt à inclure la gauche dans son gouvernement.-.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi matin à Nantes "contre le coup de force de Macron" après la nomination de Michel Barnier à Matignon, a constaté une correspondante de l'AFP.

Devant la préfecture de Loire-Atlantique et sous un soleil voilé, le député LFI Andy Kerbrat a notamment pris la parole pour appeler à "organiser le blocage du pays face à ce coup de force démocratique".

"Le monarque ne supporte pas qu’on détricote son œuvre. Nous, dans la rue, on va détricoter tout ce qu’il a fait. Le seul unique problème de notre démocratie c’est Emmanuel Macron! Puisqu'il ne respecte pas la Constitution il doit partir", a lancé le député avant que les manifestants ne scandent "Macron démission".

Leur détermination a été décuplée par la nomination de Michel Barnier à Matignon jeudi. Un Premier ministre de droite, preuve que "l'élection a été volée" pour le patriarche insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a exhorté ses troupes à "la mobilisation la plus puissante possible".

"Le président de la République vient de décider de nommer un Premier ministre issu d'une formation politique qui a fait 6% aux élections législatives et qui n'a que 40 députés", a insisté vendredi le coordinateur de LFI Manuel Bompard pour qui Emmanuel Macron "a décidé tout simplement de s'asseoir sur le résultat des élections législatives". "C'est une décision très grave qui a été prise", a-t-il encore fait valoir.

L'initiative lancée fin août par deux syndicats d'étudiants et de lycéens a immédiatement été reprise en main par LFI, qui en fait l'élément central de son nouveau triptyque: "censure, mobilisation, destitution".

En attendant que l'Assemblée rouvre (au plus tard le 1er octobre), pour tenter d'y faire tomber le gouvernement et le chef de l'Etat, la première manche se joue donc dans la rue.

Les organisateurs annoncent "150 points de mobilisation à travers la France", à commencer par Paris où rendez-vous est donné à 14H00 place de la Bastille. Le patron du parti communiste Fabien Roussel y sera aussi, tandis que la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier défilera à Lille.


"Alors que Michel Barnier n'a même pas encore dit ce qu'il ferait (...) ils sont déjà tous en train de manifester. On comprend bien que leur objectif, c'est d'organiser le chaos", a grincé le député macroniste Sylvain Maillard samedi matin sur franceinfo.

Mais à part les chefs de file et les militants, combien seront-ils ? La police anticipait une mobilisation limitée, autour de 30.000 manifestants dont 4 à 8.000 personnes attendues dans la capitale.

Rallier l'opinion

«La mobilisation a tendance à se renforcer encore avec une forte activité sur les réseaux sociaux et tous les supports médiatiques», a souligné une de ces sources.

À noter cependant que la rentrée universitaire est «encore loin» et que «les grandes centrales syndicales n'ont pas repris l'appel à manifester, se concentrant sur des dates ultérieures».

La CGT a en effet rapidement pris ses distances et fixé sa propre date de rentrée sociale, le 1er octobre. «Un syndicat n'est pas un parti politique», s'est justifiée sa numéro un Sophie Binet tout en espérant « que la journée (du 7 septembre) sera réussie ».

Autre absence notable, le parti socialiste n'a pas relayé l'appel à manifester, même si certaines de ses fédérations locales y participeront. Le Nouveau Front populaire, qui revendique la victoire aux législatives fort de ses 193 députés, ne sera donc pas au complet pour protester contre le «déni de démocratie» qu'il dénonce pourtant à l'unisson.

Une difficulté à agir de concert déjà illustrée par la demande de destitution du président de la République : la proposition de résolution, déposée par les députés Insoumis en début de semaine, a bien été paraphée par les 72 membres du groupe LFI, mais seuls six élus écologistes et trois ultramarins s'y sont joints.

Pour briser cet isolement, le parti de gauche radicale tente par tous les moyens de rallier l'opinion à sa cause. Outre les manifestations de samedi, une pétition pour soutenir la procédure de destitution d'Emmanuel Macron a recueilli près de 260 000 signatures en une semaine.
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