On ne présente plus Mejdaline Mhiri, cette passionnée de handball et de sport en général, également journaliste sportive. Nourrissant une aversion profonde pour toutes sortes d'inégalités, elle poursuit une lutte incessante pour la reconnaissance des sportives. Elle a accordé une interview exclusive à Ici Beyrouth.
Mejdaline Mhiri, vous intervenez régulièrement sur des sujets liés aux féminines dans le sport (faible médiatisation, sexisme dans le sport...). Depuis quand et pourquoi ce sujet vous tient-il tellement à cœur?
En fait, je n'avais pas spécialement prévu de me spécialiser sur le sujet. C'est en exerçant mon métier au début, quand j'ai commencé à être journaliste sportive entre 2013 et 2014, que j'ai bien vu qu'il y avait beaucoup moins de place accordée aux femmes.
J'ai commencé au journal Sud-Ouest puisqu'à ce moment-là, j'habitais à Angoulême, dans le sud-ouest de la France. J'ai bien vu qu'il y avait beaucoup moins de sujets, d'articles, de places qui étaient réservés aux féminines dans le journal, et que ça paraissait très normal à tout le monde.
Alors qu'il y avait une équipe qui montait de la troisième à la deuxième division du côté des masculins en rugby et que les filles étaient en première division de football, il y avait beaucoup plus d'articles sur les rugbymen que sur les footballeuses.
À partir de 2016, j'ai voulu rejoindre un média qui justement traitait de ce sujet. C’est à cette époque que j’ai commencé à écrire pour un média, Les Sportives, spécialisé dans le sport féminin, dont j’ai pris la rédaction en chef en novembre 2020.
À partir de 2016, j'ai commencé à écrire les dossiers des numéros des sportives. J'ai pu creuser des sujets en posant des questions telles que: pourquoi est-ce qu'il y a peu de femmes quand on passe devant un city stade, un skatepark? Pourquoi est-ce qu'il y a si peu de femmes qui sont licenciées dans des clubs? Plus j'approfondissais mes recherches, plus je voyais qu'il y avait un vrai souci. J’ai cumulé beaucoup d’expérience sur ce sujet.
Ça fait quelques années que vous êtes rédactrice en chef des Sportives et co-présidente du collectif Femmes journalistes de sport. Avez-vous réussi à équilibrer un peu la tendance ou à faire évoluer les choses?
Pour ce qui est d'équilibrer la tendance, non. La diffusion du sport féminin à la télévision, c'est 4,8% de l'ensemble de la proposition sportive. Donc ça ne va pas en s'améliorant. On est toujours autour des 9% dans les journaux écrits français. Donc non, on ne parle pas davantage des sportives.
Les Jeux paralympiques tirent à leur fin. Est-ce que vous y avez observé les mêmes problèmes?
Avec les Jeux olympiques et paralympiques, on a l'impression qu'on parle beaucoup de sport, c'est sûr. Mais déjà, on parle de celles et ceux qui gagnent principalement. Et il y a moins de filles qui gagnent que de garçons, parce qu'elles ont souvent beaucoup moins de moyens.
Donc non, pour l'instant, ça ne va pas mieux. Et concernant les journalistes de sport, le problème, c'est qu'avant la création de notre association en mars 2021, il n'y avait pas de comptage.
On ne savait pas exactement combien on était. Donc difficile de dire si ça va pire ou mieux. On va se recompter dans un an ou deux. Pour le moment, les femmes sont moins représentées dans les rédactions sportives, ont moins de responsabilités et sont moins bien payées.
Avez-vous quelque chose à ajouter aux lecteurs d'Ici Beyrouth?
J'espère que ça se passe déjà mieux au Liban, côté parité.
Même si je reste convaincue qu'un peu partout, on retrouve les mêmes problèmes concernant la place des femmes dans le handisport que ceux observés dans le sport féminin: le manque de visibilité, le manque de sponsors, etc.
C'est la galère pour toutes les personnes qui font du handisport, pour le dire de manière un peu globale, mais c'est accentué pour les femmes, avec les problèmes qu'on rencontre d'habitude.
Et pour le coup, il n'y a pas encore de parité. Dans la délégation française des Jeux paralympiques par exemple, il n'y a que 80 femmes sur l’ensemble. Il reste beaucoup de chemin à faire.
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