Le Conseil des ministres, prévu mardi, à 9h, se fait attendre dans une atmosphère de tension.
Dès dimanche, les militaires à la retraite ont menacé d’empêcher la tenue de la réunion gouvernementale si une révision de leurs salaires ne figurait pas, de manière prioritaire, à l’ordre du jour.
Ils réclament une solution durable par le biais d’une loi et rejettent les aides sociales et autres formes de gratifications ou de primes provisoires que le gouvernement a proposées jusque-là.
La présidence du Conseil avait annoncé vendredi que la séance se tiendrait au Grand Sérail en deux temps. Elle devrait commencer à 9h par des discussions sur le rapport du ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, portant sur le projet de budget 2025, et un ordre du jour qui n’a pas été rendu public. De nouveaux points, qui n’ont rien à voir avec l’expédition des affaires courantes, ont été ajoutés lundi à l’agenda de la réunion de mardi.
Celle-ci devrait reprendre à 15h30 et être consacrée à l’examen de l’avant-projet de loi de finances pour l’année à venir.
Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, s’est dit «surpris de l’escalade annoncée par les militaires à la retraite» dans un communiqué publié lundi, en fin d’après-midi. Il a reproché à ces derniers «une décision précipitée», étant donné que «l’examen du budget proposé n’a pas encore débuté».
Sa réponse aux revendications des militaires: de nouvelles «mesures temporaires, en attendant que l’avant-projet de budget soit approuvé par le Parlement», selon le texte.
Voilà que le Premier ministre prescrit une dose supplémentaire de patience à cette catégorie qui, comme un grand nombre de Libanais, a vu ses salaires tomber à 220 dollars depuis plusieurs années.
La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. Les retraités de l’armée ont appelé M. Mikati à un acte radical: annuler la séance de mardi et la remplacer par une réunion avec eux afin de s’entendre sur une «solution adéquate» à ce dossier.
Dans ce cadre, ils ont rappelé au gouvernement toutes ses précédentes promesses qu’il n’a pas honorées et qu’il a maintenu noyées dans les tergiversations.
Les militaires à la retraite ne sont pas les seuls à revendiquer une solution durable à la dévaluation des salaires. Les enseignants contractuels du secteur public s’accrochent aussi à la séance ministérielle de mardi, réclamant que le dossier de l’enseignement public y soit traité.
Dans un communiqué publié dimanche, le comité s’est adressé à M. Mikati l’appelant à «sauver le secteur de l’enseignement public de l’effondrement».
Quant aux onze points rajoutés lundi à l’ordre du jour, certains sont autant de bombes à retardement, telles la levée potentielle de la subvention sur le pain et le blé et l’augmentation du prix des timbres. Autant de sujets qui inquiètent un grand nombre de Libanais. Ceux-ci ont du mal à joindre les deux bouts depuis le début de la crise et assistent, impuissants, à un gouvernement qui ne fait que les accabler de nouvelles charges, sans mener les réformes indispensables à un redressement.
Le bras de fer se poursuit donc, surtout que, dans son communiqué, Najib Mikati a clairement laissé entendre qu’il ne permettra pas aux protestataires d’empêcher la tenue du Conseil des ministres. Il a affirmé avoir demandé aux forces de l’ordre de prendre les dispositions qui s’imposent pour «garantir la tenue de la réunion et préserver dans le même temps la liberté d’expression et d’opposition par les moyens démocratiques».
Rendez-vous mardi pour la suite de la partie.
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