Chaque semaine, nous vous proposons d’explorer une citation marquante, pour en révéler toute la profondeur et la richesse. Nous vous invitons à un voyage passionnant au cœur de la pensée psychanalytique, pour mieux comprendre nos désirs, nos angoisses et nos relations aux autres. Prêts à plonger dans les eaux profondes de l’inconscient?
«Une guerre n’est jamais contre un pays. Une guerre est toujours un combat d’ego et d’idéologie entre une poignée de personnes qui se servent du pays.»
Cette citation pertinente et d’actualité est issue du footballeur français d’origine ivoirienne Stéphane Owona. Elle va nous servir à examiner les motivations inconscientes qui poussent les dirigeants d’un pays à engager leurs nations dans des affrontements dévastateurs.
Au cœur de ces motivations se trouve le narcissisme pathologique de ces dirigeants. Nous avons vu que le narcissisme est, en réalité, une étape normale du développement humain. Cependant, lorsque ce narcissisme primaire persiste à l’âge adulte, il peut donner lieu à des conduites destructrices. Ainsi, les leaders narcissiques ont tendance à surestimer leurs capacités, à se percevoir indispensables, à rechercher constamment l’admiration dans le regard des autres tout en manquant fondamentalement d’empathie envers eux, même s’ils affichent une attitude contraire. Ces traits de personnalité peuvent les pousser à projeter leur ego démesuré sur la scène nationale et internationale, utilisant leur pays comme une extension de leur propre image idéalisée. Toute opposition est perçue comme une menace personnelle à éliminer. Leur objectif primordial est d’assouvir leur besoin d’emprise et de gloire, dans une recherche constante de reconnaissance.
Ces traits pathologiques peuvent pousser ces dirigeants à utiliser la guerre comme moyen de satisfaire un Moi toujours avide et insatisfait, afin d’assurer leur domination, au détriment des intérêts réels de leur pays et de leur peuple. Leurs slogans patriotiques leurrent des citoyens infantilisés qui, aveuglés, n’hésitent pas à sacrifier ce qu’ils ont de plus cher et à s’en enorgueillir. La guerre devient ainsi un outil pour nourrir le sentiment de grandeur de ceux qui se considèrent comme des sauveurs providentiels, ainsi que pour satisfaire leur ambition mégalomaniaque de laisser une empreinte historique, sans considération pour les conséquences dévastatrices sur la vie et les biens des populations.
L’aveuglement idéologique et dogmatique est un autre aspect crucial de la dynamique psychologique de ces dirigeants en guerre. L’attachement rigide à une idéologie peut être compris comme un mécanisme de défense, tel que décrit par Freud dans Malaise dans la civilisation. Cet égarement se manifeste par le rejet de toute information contradictoire, la diabolisation des opposants et la justification d’actes moralement répréhensibles, au nom de leur cause. En vertu du phénomène d’identification à l’agresseur, certains projettent sur les autres leurs séquelles traumatiques transgénérationnelles non résolues au moyen des mécanismes de déni et de clivage qui les amènent à nier toute réalité contradictoire. En s’accrochant désespérément à leur idéologie, ils se créent un sentiment de certitude et de sécurité qui les protège de l’angoisse existentielle et de la remise en question de leurs croyances.
L’attachement aux avantages du pouvoir est un autre moteur psychologique puissant du développement des conflits. La notion freudienne de pulsion de mort éclaire bien cet attachement pathologique des dirigeants à leurs avantages matériels et psychologiques. Entraînés dans une guerre, c’est la pulsion de mort qui envahit leur Moi, donnant non seulement libre cours à l’abolition de l’interdit du meurtre mais aussi incitant à la jouissance morbide devant les destructions, les souffrances et la mort d’un autre réduit à un déchet.
Le désir de domination se traduit par une quête insatiable de richesses et de privilèges, une volonté de résister à tout changement, au mépris du bien-être des vies humaines. Cette dynamique reflète ce que Freud décrit dans sa réponse à Einstein sur «Pourquoi la guerre?», où il évoque les pulsions destructrices inhérentes à la nature humaine. Les dirigeants, en s’accrochant au pouvoir et à ses avantages, s’autorisent à déchainer leurs pulsions destructrices, tout en les justifiant par des motifs idéologiques ou nationaux.
Dans des cas particulièrement pernicieux, certains dirigeants peuvent régresser à des positions plus primitives en période de grandes tensions psychiques, projetant leurs propres peurs et agressivités sur d’autres nations pour justifier le conflit. Jacques Lacan, à travers sa théorie du stade du miroir, pourrait interpréter le besoin de reconnaissance et d’affirmation de leur image de leaders comme une motivation d’origine infantile derrière des guerres initiées par des dirigeants égocentriques. La fragilité sous-jacente de leur Moi les pousse à déployer et à maintenir une image d’un soi grandiose. Ils deviennent maîtres dans la manipulation de l’idéal du Moi et du Surmoi collectif pour rallier leur peuple derrière leur cause, présentant la guerre comme une nécessité pour la survie et la grandeur de la nation. Nous assistons ainsi à un processus de déplacement de l’investissement libidinal du Moi vers un objet extérieur, que ce soit vers un pays ou une idéologie. Ce processus permet aux dirigeants de satisfaire leurs besoins narcissiques tout en donnant l’illusion d’agir pour le bien commun. Mais cette illusion a un coût terrible, car elle conduit à des conflits dévastateurs qui se répètent inlassablement, malgré leurs conséquences désastreuses.
Le film de Stanley Kubrick Dr. Strangelove (ou «Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe») nous offre, dans une mise en scène férocement satirique, une illustration saisissante de dirigeants militaires et politiques dont le narcissisme et l’aveuglement idéologique conduisent le monde au bord de l’apocalypse nucléaire. Les personnages, les uns plus ridicules que les autres, véhiculent une violente critique du pouvoir politico-militaire. Kubrick réussit à illustrer la jouissance à connotation sexuelle qui les emporte lorsqu’ils sont mus par leur folie guerrière. Cela est magistralement représenté dès le générique avec des plans d’avions s’accouplant lors d'un ravitaillement en plein ciel, et par le plan final où l’on voit un officier chevauchant une bombe en plein délire sexuel, poussant des cris très suggestifs.
En mettant en lumière les motivations inconscientes qui se cachent derrière les justifications rationnelles, la psychanalyse nous invite à questionner le pouvoir et ses limites, à inciter à la recherche des voies vers l’apaisement et la compréhension mutuelle. Car, comme le suggère Owona, ce n’est qu’en transcendant les pulsions narcissiques délétères et les aveuglements idéologiques que nous pourrons construire un monde où les conflits laisseront place au dialogue, à l’acceptation de l’altérité et de ses propres limites ainsi qu’à la coopération entre les peuples.
«Une guerre n’est jamais contre un pays. Une guerre est toujours un combat d’ego et d’idéologie entre une poignée de personnes qui se servent du pays.»
Cette citation pertinente et d’actualité est issue du footballeur français d’origine ivoirienne Stéphane Owona. Elle va nous servir à examiner les motivations inconscientes qui poussent les dirigeants d’un pays à engager leurs nations dans des affrontements dévastateurs.
Au cœur de ces motivations se trouve le narcissisme pathologique de ces dirigeants. Nous avons vu que le narcissisme est, en réalité, une étape normale du développement humain. Cependant, lorsque ce narcissisme primaire persiste à l’âge adulte, il peut donner lieu à des conduites destructrices. Ainsi, les leaders narcissiques ont tendance à surestimer leurs capacités, à se percevoir indispensables, à rechercher constamment l’admiration dans le regard des autres tout en manquant fondamentalement d’empathie envers eux, même s’ils affichent une attitude contraire. Ces traits de personnalité peuvent les pousser à projeter leur ego démesuré sur la scène nationale et internationale, utilisant leur pays comme une extension de leur propre image idéalisée. Toute opposition est perçue comme une menace personnelle à éliminer. Leur objectif primordial est d’assouvir leur besoin d’emprise et de gloire, dans une recherche constante de reconnaissance.
Ces traits pathologiques peuvent pousser ces dirigeants à utiliser la guerre comme moyen de satisfaire un Moi toujours avide et insatisfait, afin d’assurer leur domination, au détriment des intérêts réels de leur pays et de leur peuple. Leurs slogans patriotiques leurrent des citoyens infantilisés qui, aveuglés, n’hésitent pas à sacrifier ce qu’ils ont de plus cher et à s’en enorgueillir. La guerre devient ainsi un outil pour nourrir le sentiment de grandeur de ceux qui se considèrent comme des sauveurs providentiels, ainsi que pour satisfaire leur ambition mégalomaniaque de laisser une empreinte historique, sans considération pour les conséquences dévastatrices sur la vie et les biens des populations.
L’aveuglement idéologique et dogmatique est un autre aspect crucial de la dynamique psychologique de ces dirigeants en guerre. L’attachement rigide à une idéologie peut être compris comme un mécanisme de défense, tel que décrit par Freud dans Malaise dans la civilisation. Cet égarement se manifeste par le rejet de toute information contradictoire, la diabolisation des opposants et la justification d’actes moralement répréhensibles, au nom de leur cause. En vertu du phénomène d’identification à l’agresseur, certains projettent sur les autres leurs séquelles traumatiques transgénérationnelles non résolues au moyen des mécanismes de déni et de clivage qui les amènent à nier toute réalité contradictoire. En s’accrochant désespérément à leur idéologie, ils se créent un sentiment de certitude et de sécurité qui les protège de l’angoisse existentielle et de la remise en question de leurs croyances.
L’attachement aux avantages du pouvoir est un autre moteur psychologique puissant du développement des conflits. La notion freudienne de pulsion de mort éclaire bien cet attachement pathologique des dirigeants à leurs avantages matériels et psychologiques. Entraînés dans une guerre, c’est la pulsion de mort qui envahit leur Moi, donnant non seulement libre cours à l’abolition de l’interdit du meurtre mais aussi incitant à la jouissance morbide devant les destructions, les souffrances et la mort d’un autre réduit à un déchet.
Le désir de domination se traduit par une quête insatiable de richesses et de privilèges, une volonté de résister à tout changement, au mépris du bien-être des vies humaines. Cette dynamique reflète ce que Freud décrit dans sa réponse à Einstein sur «Pourquoi la guerre?», où il évoque les pulsions destructrices inhérentes à la nature humaine. Les dirigeants, en s’accrochant au pouvoir et à ses avantages, s’autorisent à déchainer leurs pulsions destructrices, tout en les justifiant par des motifs idéologiques ou nationaux.
Dans des cas particulièrement pernicieux, certains dirigeants peuvent régresser à des positions plus primitives en période de grandes tensions psychiques, projetant leurs propres peurs et agressivités sur d’autres nations pour justifier le conflit. Jacques Lacan, à travers sa théorie du stade du miroir, pourrait interpréter le besoin de reconnaissance et d’affirmation de leur image de leaders comme une motivation d’origine infantile derrière des guerres initiées par des dirigeants égocentriques. La fragilité sous-jacente de leur Moi les pousse à déployer et à maintenir une image d’un soi grandiose. Ils deviennent maîtres dans la manipulation de l’idéal du Moi et du Surmoi collectif pour rallier leur peuple derrière leur cause, présentant la guerre comme une nécessité pour la survie et la grandeur de la nation. Nous assistons ainsi à un processus de déplacement de l’investissement libidinal du Moi vers un objet extérieur, que ce soit vers un pays ou une idéologie. Ce processus permet aux dirigeants de satisfaire leurs besoins narcissiques tout en donnant l’illusion d’agir pour le bien commun. Mais cette illusion a un coût terrible, car elle conduit à des conflits dévastateurs qui se répètent inlassablement, malgré leurs conséquences désastreuses.
Le film de Stanley Kubrick Dr. Strangelove (ou «Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe») nous offre, dans une mise en scène férocement satirique, une illustration saisissante de dirigeants militaires et politiques dont le narcissisme et l’aveuglement idéologique conduisent le monde au bord de l’apocalypse nucléaire. Les personnages, les uns plus ridicules que les autres, véhiculent une violente critique du pouvoir politico-militaire. Kubrick réussit à illustrer la jouissance à connotation sexuelle qui les emporte lorsqu’ils sont mus par leur folie guerrière. Cela est magistralement représenté dès le générique avec des plans d’avions s’accouplant lors d'un ravitaillement en plein ciel, et par le plan final où l’on voit un officier chevauchant une bombe en plein délire sexuel, poussant des cris très suggestifs.
En mettant en lumière les motivations inconscientes qui se cachent derrière les justifications rationnelles, la psychanalyse nous invite à questionner le pouvoir et ses limites, à inciter à la recherche des voies vers l’apaisement et la compréhension mutuelle. Car, comme le suggère Owona, ce n’est qu’en transcendant les pulsions narcissiques délétères et les aveuglements idéologiques que nous pourrons construire un monde où les conflits laisseront place au dialogue, à l’acceptation de l’altérité et de ses propres limites ainsi qu’à la coopération entre les peuples.
Lire aussi
Commentaires