Israël et l'Iran échangent des menaces après une attaque massive de Téhéran
Israël et Téhéran ont échangé des menaces après une attaque iranienne d'envergure sur le territoire israélien pour venger la mort des chefs du Hezbollah et du Hamas palestinien, l'armée israélienne menant mercredi de nouvelles frappes contre le mouvement libanais pro-iranien.

Le Hezbollah a annoncé dans la matinée combattre des forces israéliennes "infiltrées" dans un village du sud du Liban, après avoir affirmé en avoir repoussé, au lendemain de l'annonce par Israël d'incursions terrestres le visant.

"L'Iran a commis une grave erreur (...) et en paiera le prix", a averti le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, après le lancement par l'Iran d'environ 180 missiles selon Israël, 200 selon Téhéran. Israël a aussi déclaré le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres "persona non grata" faute d'avoir condamné l'opération iranienne.

Cette deuxième attaque en près de six mois est "terminée", a indiqué dans la nuit Téhéran, selon qui "90% des missiles" ont atteint leur cible.

Le chef d'état-major iranien, le général Mohammad Bagheri, a averti que l'Iran frapperait "avec une plus grande intensité", visant "toutes les infrastructures" du pays en cas de représailles israéliennes.

Pour la première fois, l'Iran a employé des missiles hypersoniques pour cette opération, baptisée "Promesse honnête 2", selon les médias iraniens.

Un grand nombre a été intercepté par le système antimissile, a indiqué l'armée israélienne, qui a bénéficié du soutien des forces américaines et britanniques, selon le Pentagone et Londres.

L'attaque, qui a fait retentir les sirènes à travers tout le pays, a fait deux blessés légers en Israël et tué un Palestinien en Cisjordanie occupée, selon les secours et un responsable palestinien.

Le Mossad visé 

Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de l'Iran, ont affirmé avoir "visé le cœur" d'Israël pour venger la mort des chefs du Hezbollah, Hassan Nasrallah, du Hamas Ismaïl Haniyeh et d'un de leurs commandants, tué avec Hassan Nasrallah vendredi au Liban.

Selon le chef d'état-major iranien, les missiles ont ciblé "les trois principales bases aériennes militaires" du pays, "le Mossad", services secrets israéliens, et deux autres bases aériennes.

L'Iran a exercé son "droit à l'autodéfense", après une "retenue pendant près de deux mois, afin de laisser la place à un cessez-le-feu à Gaza", a écrit sur X son chef de la diplomatie, Seyed Abbas Araghchi.

Le journal pro-Hezbollah Al-Akhbar a qualifié l'attaque de "revers majeur" pour Israël.

"Cela ne va pas bien se terminer", M. Netanyahou "a une longue tradition de riposte vigoureuse et rapide" et la "retenue n'est pas son point fort", a commenté pour l'AFP l'analyste politique Jordan Barkin.

"Plein soutien" américain

Le 13 avril, en riposte à une frappe meurtrière imputée à Israël sur le consulat iranien à Damas, l'Iran avait mené une première attaque d'ampleur sur Israël, baptisée "Promesse honnête". La plupart des missiles avaient été interceptés par Israël avec l'aide d'alliés, surtout les États-Unis.

"Les États-Unis soutiennent pleinement, pleinement, pleinement Israël", a déclaré mardi le président américain Joe Biden, faisant état de discussions "en cours" avec l'allié israélien sur la réponse à apporter.

L'Iran a averti Washington contre toute intervention, a déclaré M. Araghchi.


L'attaque, dénoncée par l'Union européenne, Londres ou encore le Japon, risque "d'embraser" tout le Moyen-Orient, a averti le chancelier allemand, Olaf Scholz. "La situation évolue de la manière la plus alarmante", a fait écho le Kremlin, appelant "toutes les parties à la retenue".

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se saisir en urgence mercredi de cette escalade, et Rome a convoqué une réunion du G7 dans la journée, selon une source gouvernementale italienne.

Elle intervient après près d'un an de guerre menée par Israël contre le Hamas à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre son territoire le 7 octobre 2023, et d'échanges de tirs transfrontaliers avec le Hezbollah, allié du Hamas.

Vendredi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a été tué dans un raid israélien dévastateur dans la banlieue sud de Beyrouth.

Le 31 juillet, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, avait été tué dans un attentat à Téhéran, imputé à Israël par l'Iran et le Hamas.

Avant les salves de missiles, un attentat a été mené mardi à Tel-Aviv par des Palestiniens de Cisjordanie – l'un abattu et l'autre blessé, selon la police – tuant sept civils, dont un ressortissant grec, selon Athènes.

L'ambassade d'Israël à Stockholm a elle été visée mardi soir par des coups de feu, sans victimes, a indiqué la police suédoise, son homologue danoise rapportant deux "explosions" dans la nuit près de la représentation israélienne dans la banlieue de Copenhague.

Frappes au Liban et à Gaza

Selon l'Agence nationale d'information libanaise (ANI), l'aviation israélienne a mené dans la matinée une nouvelle frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, d'où un photographe de l'AFP a vu de la fumée s'élever après une nuit de violents raids.

L'armée israélienne, qui a annoncé avoir frappé des "cibles" du Hezbollah dans le secteur et appelé les habitants à évacuer, a ensuite exhorté les civils à évacuer "immédiatement" de nouvelles localités dans le sud du Liban.

Une source des services de sécurité libanais a confirmé les frappes de la nuit sur Beyrouth, des journalistes de l'AFP rapportant une vingtaine d'explosions. La télévision du Hezbollah, Al-Manar, a fait état de 11 raids israéliens sur la zone en deux heures.

Le ministère libanais de la Santé a annoncé mardi soir que 55 personnes avaient été tuées et 156 blessées par des frappes israéliennes en 24 heures.

Selon l'unité de gestion des catastrophes, 1.873 personnes ont été tuées au Liban depuis un an.

Selon un responsable israélien, l'incursion terrestre consiste en des "raids localisés d'une ampleur très limitée", destinés, après plus d'une semaine de frappes aériennes visant le Hezbollah, à "éloigner les menaces" sur le nord d'Israël.

Mercredi, l'armée israélienne a également annoncé avoir attaqué deux écoles dans le nord de la bande de Gaza et une troisième dans le centre, utilisées selon elle par le Hamas comme centres de commandement.

Au moins 51 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a annoncé mercredi le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, portant à 41.689 morts le bilan humain dans le territoire palestinien dévasté depuis le début de la guerre.

Par Benoît FINCK, avec Laure AL KHOURY, AFP
Ici Beyrouth
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