Découverte et publication d'un récit perdu de Jean Giono

Un manuscrit de Jean Giono, longtemps perdu et récemment retrouvé dans les archives judiciaires, est publié. Ce document offre un aperçu unique de ses voyages en Haute-Drôme en juillet 1939, enrichissant notre compréhension de l'écrivain et de son époque.
L'écrivain français Jean Giono ressuscite à travers un récit de voyage retrouvé après plus de 80 ans dans des archives judiciaires. Intitulé Voyage à pied dans la Haute-Drôme et publié par les éditions Busclats de Gallimard, le texte détaille une expédition dans les Alpes françaises réalisée en juillet 1939, durant laquelle Jean Giono avait égaré ce précieux cahier.
Né et décédé à Manosque (30 mars 1895 - 9 octobre 1970), Jean Giono était un écrivain et cinéaste français. Son œuvre, profondément enracinée dans le cadre paysan provençal, explore les thèmes universels de la condition humaine. Malgré ses amitiés avec de nombreux écrivains et artistes renommés, il est resté à l'écart des principaux courants littéraires de son temps.
Souvent ciblé par la «section spéciale de la cour d'appel de Paris» durant l'Occupation, l’écrivain mentionne ce cahier dans ses écrits sans jamais préciser sa localisation, laissant les experts peu optimistes quant à sa redécouverte. Toutefois, lors d'une recherche pour un mémoire, le chercheur en histoire Antoine Crovella a eu la surprise de trouver ce manuscrit aux Archives nationales.

Engagé mais controversé, Jean Giono avait des liens initiaux avec le Parti communiste, qu'il rompit en 1936 en raison de divergences sur l'intervention en Espagne. Malgré des allégations de liens avec un groupe communiste à Landry en Savoie, il a toujours nié ces accusations, et son carnet de voyage, perdu à l'époque, aurait pu prouver son innocence.
Paradoxalement, bien qu'ayant rompu avec les communistes, Giono montrait une certaine sympathie pour le régime de Vichy, aligné sur son pacifisme. Dans son récit, il a capturé ses impressions sur la région de Nyons, préfigurant son œuvre de 1951, Les Grands Chemins. Entre descriptions des paysages et rencontres locales, un passage révèle l'antisémitisme ambiant de l'époque, trahissant les tensions sous-jacentes à ses écrits.
Antoine Crovella, analysant ces aspects, commente: «La posture de Giono, à la fois littéraire et politique, se veut antimoderne, prônant une idéalisation du paysan et des valeurs traditionnelles attachées à la terre, en opposition aux élites et à l'internationalisme.»
Avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire