©L'écrivaine turque Hatice Cengiz, fiancée du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi assassiné en 2018. (AFP)
La Turquie, qui cherche à renouer avec Ryad dont elle a besoin pour soutenir son économie en difficulté, a décidé d'en finir avec l'affaire Jamal Khashoggi, journaliste saoudien assassiné et démembré en 2018 à Istanbul.
Transfert du dossier
Realpolitik face à l'inflation
Le journaliste saoudien de 59 ans, détracteur du pouvoir de la famille royale saoudienne et collaborateur du Washington Post, a été assassiné et son corps découpé le 2 octobre 2018 à l'intérieur du consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, où il s'était rendu pour obtenir un document, selon la Turquie. Ce jour-là, Mme Cengiz l'attendait dans la rue, devant les locaux. Mais M. Khashoggi n'a jamais réapparu et ses restes n'ont jamais été retrouvés. Cette affaire empoisonne les relations entre les deux puissances régionales sunnites.
Mais Ankara, en proie à une crise économique et à une inflation au plus haut depuis 20 ans (près de 55% sur les douze derniers mois), cherche depuis plusieurs mois le rapprochement avec Ryad. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé début janvier une visite imminente en Arabie Saoudite - qui n'a pas eu lieu à ce jour. Dans un entretien télévisé jeudi matin, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a reconnu que "des étapes importantes vers la normalisation des relations (avec l'Arabie saoudite) sont en cours". "La coopération judiciaire a atteint un meilleur niveau", a-t-il ajouté.
Pour Erol Önderoglu, représentant de RSF en Turquie contacté par l'AFP, "transférer le dossier vers Ryad, où le monde a déjà assisté à une mascarade de justice, est une terrible nouvelle pour ceux qui souhaitent obtenir justice pour le journaliste". "RSF encourage le ministère turc de la Justice à s'opposer à cette demande déposée le 13 mars dernier par l'Arabie Saoudite", insiste-t-il en notant que "le dossier Khashoggi semble cette fois-ci victime du rapprochement diplomatique entre la Turquie et le royaume" saoudien.
Multipliant depuis quelques mois des initiatives pour renouer des liens avec plusieurs puissances régionales, M. Erdogan a déclaré début décembre vouloir développer les relations d'Ankara avec les pays du Golfe, "sans distinction". Les relations entre Ankara et Ryad s'étaient dégradées en 2017 lors du blocus du Qatar, un proche allié de la Turquie, décrété par l'Arabie Saoudite et suivi par les Émirats.
Avec AFP
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