Israël a l'habitude d'être en conflit avec des factions armées palestiniennes, mais des attaques revendiquées par l'organisation État islamique (EI) ou inspirées par celle-ci ces derniers jours ont fait surgir la crainte de voir le mouvement jihadiste susciter de nouvelles vocations.
Fin du caliphat mais pas de l'EI
Capacité d'action de l'EI
L'attaque de Hadera a fait suite à une autre ayant fait quatre morts dans le sud d'Israël et perpétrée par un autre Arabe israélien, écroué quelques années pour avoir tenté de rejoindre l'EI en Syrie. Mardi soir, une troisième attaque en seulement une semaine a eu lieu dans la banlieue de Tel-Aviv. Un jeune Palestinien a ouvert le feu à l'arme automatique, faisant cinq morts parmi lesquels un policier, un modus operandi plus proche de l'EI que de celui des factions palestiniennes. Celles-ci ont davantage tendance à cibler les forces de sécurité d'Israël, pays qui occupe la Cisjordanie et Jérusalem-Est et impose un blocus sur Gaza.
Or ce cycle de violence ne prouve pas que l'EI compte davantage de membres en Israël, mais ces attaques pourraient toutefois en "inspirer" d'autres, estiment des analystes. "L'EI a toujours la capacité de frapper Israël malgré le mythe selon lequel c'est trop compliqué pour eux", de cibler ce pays aux puissants services de sécurité, souligne Damien Ferré, fondateur de la société Jihad Analytics, spécialisée dans l'étude du jihad et du cyberespace.
Bien qu'affaiblie par des offensives successives en Syrie et en Irak, l'EI a "gardé la capacité de projeter ou d'inspirer des attaques", ajoute M. Ferré. "Israël reste dans le radar même si elle n'est pas une cible prioritaire et c'est une petite success story pour le nouveau calife", dit-il en référence à la nomination du nouveau chef de l'EI, Abou Hassan al-Hachimi al-Qourachi. Les récentes attaques sont "le fait d'agents locaux" et non de la maison-mère de l'EI, ce qui les rend toutefois plus difficiles à anticiper, renchérit Yoram Schweitzer, chercheur à l'Institut national de recherches sécuritaires (INSS) de Tel-Aviv.
Colère palestinienne
Au cours des dernières années, le Hamas a lutté contre des éléments de l'EI qui cherchaient à s'implanter à Gaza, mais le mouvement islamiste a salué l'ensemble des récentes attaques en Israël. A la veille des grands rassemblements liés au ramadan, mois de jeûne musulman devant débuter en fin de semaine, les autorités israéliennes craignent des heurts à Jérusalem notamment, similaires à ceux de l'an dernier qui avaient culminé en une guerre entre le Hamas et Israël.
"Le Hamas ne veut pas d'une guerre actuellement (...) mais veut garder en vie le conflit avec Israël", confie à l'AFP une source sécuritaire israélienne. L'État hébreu est d'ailleurs passé ces jours-ci à son plus haut niveau d'alerte depuis la guerre de l'an dernier. "Il y a un aspect d'imitation. A mesure que ces attaques augmenteront, il y aura un nombre croissant de Palestiniens disposés à se soulever pour évacuer leur colère et leur frustration" face à l'occupation israélienne, estime Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).
A Umm el-Fahm, le maire souligne l'ampleur du crime organisé dans sa ville où circulent des tas d'armes et appelle à davantage d'efforts de la police pour contrer ce fléau. "Demain ces armes seront utilisées ailleurs", alerte-t-il.
Avec AFP
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