L'Union européenne tente tant bien que mal de pousser la Chine à cesser sa solidarité avec la Russie, afin que les sanctions contre cette dernière soient vraiment effectives. Des discussions avec Pékin ont eu lieu toute la semaine et un sommet démarre ce 1er avril. Mais elles se hurtent à la fois à l'interdépendance et aux tensions économiques entre le vieux continent et le géant asiatique.
L'UE s'efforçait vendredi 1er avril de persuader la Chine de renoncer à aider Moscou pour contrer les sanctions occidentales, lors d'un sommet virtuel où Pékin entend relancer sa relation économique avec une Europe fragilisée par la guerre en Ukraine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, s'exprimant au nom des Etats membres, se sont entretenus pendant près de deux heures lundi 28 mars avec le Premier ministre chinois Li Keqiang. Une discussion a également eu lieu le 1er avril avec le président Xi Jinping.
"Sur l'Ukraine, Li Keqiang a indiqué que la Chine s'opposait à la fois aux guerres chaudes et froides, aux divisions entre blocs et qu'elle refusait de prendre parti", a rapporté sur Twitter Wang Lutong, responsable de l'Europe au ministère chinois des Affaires étrangères.
Les responsables chinois et européens "se sont mis d'accord pour travailler ensemble à maintenir la paix, la stabilité et la prospérité mondiales" et "pour conduire un dialogue sur la sécurité énergétique et alimentaire", a ajouté M. Wang.
Pour l'UE, le sommet vise principalement à inciter la Chine à ne pas soutenir trop activement la Russie. "Concrètement, il est essentiel de savoir si la Chine utilise son influence pour établir un cessez-le-feu, des corridors humanitaires" ou "si elle aide Moscou à contourner" les sanctions, en augmentant ses achats d'hydrocarbures ou par une aide financière, expliquait jeudi 31 mars un responsable européen.
Pékin se refuse à condamner l'invasion de l'Ukraine, et avait salué début mars une amitié "solide comme un roc" avec Moscou, défendant les préoccupations "raisonnables" de la Russie pour sa sécurité.
"Les Européens vont chercher à influencer le calcul stratégique des dirigeants chinois, en mettant en exergue le coût économique qu'ils subiraient en cas d'appui concret à la Russie", estime Grzegorz Stec, de l'institut allemand Merics.
"Les réactions alambiquées de la Chine sont une façon d'être du côté russe sans en payer le prix. Sans pression accrue, elle apportera davantage d'aide à Poutine", redoute l'eurodéputé vert allemand Reinhard Bütikofer.
Mais l'UE est prisonnière de sa forte interdépendance avec Pékin: elle absorbe 15% des exportations du géant asiatique, qui lui fournit biens manufacturés et composants cruciaux. La Chine représente 10% des exportations des Vingt-Sept, un marché-clé pour les industriels européens, en particulier allemands.
L'UE et la Chine avaient signé fin 2020, sous l'impulsion de Berlin, un ambitieux accord d'investissements. Mais sa ratification est aujourd'hui gelée par les sanctions de l'UE pour punir le recours au travail forcé dans la région chinoise du Xinjiang et les contre-sanctions de Pékin contre des parlementaires et chercheurs européens. S'y ajoute le conflit dû au blocage par la Chine des importations de Lituanie après l'ouverture d'une représentation taïwanaise dans ce pays.
Désormais, "le danger est que la Chine +survende+ sa neutralité pour obtenir des concessions, comme la reprise des négociations sur l'accord d'investissements", avertit Valérie Niquet de la Fondation pour la recherche stratégique.
Mercredi 30 mars, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, en visite à Pékin, avait obtenu une réaffirmation de l'amitié "sans limite" des deux pays face aux Etats-Unis, au nom d'un nouvel "ordre mondial multipolaire": une vision qui avive l'inquiétude sur l'émergence d'un bloc "autoritaire" contre l'Occident.
"L'idée de détacher la Chine de la Russie est illusoire: quand la guerre en Ukraine sera terminée, l'attention des Etats-Unis se tournera prioritairement, et pas dans un esprit amical, vers la Chine, qui a donc intérêt à maintenir sa coopération" avec son voisin, juge Sylvie Bermann, ex-ambassadrice française à Moscou et à Pékin.
Et de rappeler que la Chine n'est pas isolée, de nombreux pays (Inde, Pakistan, Afrique du Sud, Brésil...) refusant également de critiquer Moscou.
Pour Pékin, les Européens se sont laissé entraînés dans un conflit dont Washington serait l'instigateur et qui a révélé les vulnérabilités de l'Occident.
Ultra-dépendante du gaz russe, "l'Europe s'est peut-être tirée une balle dans le pied en se joignant aux sanctions américaines", prévenait jeudi 31 mars le quotidien nationaliste Global Times. Le journal rejetait tout lien entre les relations UE-Chine et la crise entre les Européens et Moscou née de la guerre en Ukraine, deux questions en revanche "inextricablement liées" selon le responsable européen.
Avec AFP
L'UE s'efforçait vendredi 1er avril de persuader la Chine de renoncer à aider Moscou pour contrer les sanctions occidentales, lors d'un sommet virtuel où Pékin entend relancer sa relation économique avec une Europe fragilisée par la guerre en Ukraine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, s'exprimant au nom des Etats membres, se sont entretenus pendant près de deux heures lundi 28 mars avec le Premier ministre chinois Li Keqiang. Une discussion a également eu lieu le 1er avril avec le président Xi Jinping.
"Sur l'Ukraine, Li Keqiang a indiqué que la Chine s'opposait à la fois aux guerres chaudes et froides, aux divisions entre blocs et qu'elle refusait de prendre parti", a rapporté sur Twitter Wang Lutong, responsable de l'Europe au ministère chinois des Affaires étrangères.
Les responsables chinois et européens "se sont mis d'accord pour travailler ensemble à maintenir la paix, la stabilité et la prospérité mondiales" et "pour conduire un dialogue sur la sécurité énergétique et alimentaire", a ajouté M. Wang.
Pour l'UE, le sommet vise principalement à inciter la Chine à ne pas soutenir trop activement la Russie. "Concrètement, il est essentiel de savoir si la Chine utilise son influence pour établir un cessez-le-feu, des corridors humanitaires" ou "si elle aide Moscou à contourner" les sanctions, en augmentant ses achats d'hydrocarbures ou par une aide financière, expliquait jeudi 31 mars un responsable européen.
Pékin se refuse à condamner l'invasion de l'Ukraine, et avait salué début mars une amitié "solide comme un roc" avec Moscou, défendant les préoccupations "raisonnables" de la Russie pour sa sécurité.
"Les Européens vont chercher à influencer le calcul stratégique des dirigeants chinois, en mettant en exergue le coût économique qu'ils subiraient en cas d'appui concret à la Russie", estime Grzegorz Stec, de l'institut allemand Merics.
"Les réactions alambiquées de la Chine sont une façon d'être du côté russe sans en payer le prix. Sans pression accrue, elle apportera davantage d'aide à Poutine", redoute l'eurodéputé vert allemand Reinhard Bütikofer.
Mais l'UE est prisonnière de sa forte interdépendance avec Pékin: elle absorbe 15% des exportations du géant asiatique, qui lui fournit biens manufacturés et composants cruciaux. La Chine représente 10% des exportations des Vingt-Sept, un marché-clé pour les industriels européens, en particulier allemands.
L'UE et la Chine avaient signé fin 2020, sous l'impulsion de Berlin, un ambitieux accord d'investissements. Mais sa ratification est aujourd'hui gelée par les sanctions de l'UE pour punir le recours au travail forcé dans la région chinoise du Xinjiang et les contre-sanctions de Pékin contre des parlementaires et chercheurs européens. S'y ajoute le conflit dû au blocage par la Chine des importations de Lituanie après l'ouverture d'une représentation taïwanaise dans ce pays.
Désormais, "le danger est que la Chine +survende+ sa neutralité pour obtenir des concessions, comme la reprise des négociations sur l'accord d'investissements", avertit Valérie Niquet de la Fondation pour la recherche stratégique.
Mercredi 30 mars, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, en visite à Pékin, avait obtenu une réaffirmation de l'amitié "sans limite" des deux pays face aux Etats-Unis, au nom d'un nouvel "ordre mondial multipolaire": une vision qui avive l'inquiétude sur l'émergence d'un bloc "autoritaire" contre l'Occident.
"L'idée de détacher la Chine de la Russie est illusoire: quand la guerre en Ukraine sera terminée, l'attention des Etats-Unis se tournera prioritairement, et pas dans un esprit amical, vers la Chine, qui a donc intérêt à maintenir sa coopération" avec son voisin, juge Sylvie Bermann, ex-ambassadrice française à Moscou et à Pékin.
Et de rappeler que la Chine n'est pas isolée, de nombreux pays (Inde, Pakistan, Afrique du Sud, Brésil...) refusant également de critiquer Moscou.
Pour Pékin, les Européens se sont laissé entraînés dans un conflit dont Washington serait l'instigateur et qui a révélé les vulnérabilités de l'Occident.
Ultra-dépendante du gaz russe, "l'Europe s'est peut-être tirée une balle dans le pied en se joignant aux sanctions américaines", prévenait jeudi 31 mars le quotidien nationaliste Global Times. Le journal rejetait tout lien entre les relations UE-Chine et la crise entre les Européens et Moscou née de la guerre en Ukraine, deux questions en revanche "inextricablement liées" selon le responsable européen.
Avec AFP
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