Selon l'Ukraine, un nombre important d'officiers supérieurs russes (entre 5 et 15) auraient déjà été tués dans le conflit qui oppose les deux pays. Si Moscou s'est abstenu de confirmer et qu'aucune vérification indépendante n'est actuellement possible, cela pourrait montrer le niveau d'impréparation de l'armée russe dans cette guerre.
L'ampleur des pertes russes en Ukraine - même si les chiffres restent invérifiables - atteint à l'évidence des proportions considérables, symbolisées par un phénomène constaté dès les premiers jours du conflit : la mort de nombreux généraux et officiers supérieurs.
Vendredi 1er avril, l'Ukraine a affirmé avoir tué le commandant de la 49e armée du district sud de la Russie, le général Iakov Rezantsev, soit, selon elle, le septième officier de ce rang depuis le début de la guerre.
La mort d'Andrei Paliy, commandant adjoint de la flotte de la mer Noire, a été par ailleurs confirmée dans des combats autour de Marioupol (sud-est) par le gouverneur de Crimée (annexée par les Russes), Mikhaïl Razvozhayev.
Le conseiller du président ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, décrivait la semaine passée "l'extraordinaire" taux de mortalité des officiers russes, y voyant la signe de "l'impréparation totale" de l'armée de Moscou. "Des dizaines d'officiers de rang intermédiaire (lieutenants, capitaines ndlr) ont été tués", affirmait-il.
Des médias, citant des communications russes interceptées par les Ukrainiens, ont même évoqué l'assassinat d'un officier russe par ses propres soldats excédés.
Les doutes sont possibles : les Ukrainiens évoquent la mort du général Magomed Tushaev, un Tchétchène, près de Kiev le 26 février. Mais le leader tchétchène Ramzan Kadyrov affirme que ce dernier a participé à une réunion le 23 mars et a diffusé une vidéo dans lequel il serait en train de parler le 13 mars.
Moscou n'a pour sa part admis la mort que d'un général. Certaines sources en évoquent 15. Les vérifications indépendantes sont à ce stade impossibles.
"Je regarde ces chiffres avec une grande prudence", explique à l'AFP Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Center, un groupe de réflexion basé à New York. "Mais que l'on parle de 5 ou de 15, le seul fait qu'ils perdent des généraux démontre que la chaîne de commandement et de contrôle russe est extrêmement faible".
Les analystes occidentaux et experts militaires sont unanimes à décrire une première phase de la guerre globalement ratée par les Russes. L'ex-armée rouge, pourtant précédée d'une flatteuse réputation, a témoigné de grandes faiblesses dans la qualité de son renseignement, sa logistique, ses errances tactiques. Elles "obligent les chefs à aller très en avant sur les lignes de contact", constate un haut responsable militaire français.
Il avance des hypothèses: "les ordres sont mal compris ou mal reçus, les unités n'obéissent pas, ou il y a problème majeur de moral qui oblige les généraux à aller en tête". Et il confirme une probable stratégie ukrainienne. "C'est assez fin. Quand on veut désorganiser une chaîne de commandement, on vise les têtes".
La tâche semble d'autant plus accessible que l'armée russe utilise des outils de communication facilement interceptés. Les unités de Moscou "ne prennent pas garde aux procédés de sécurité informatique et sont facilement interceptables", assure à l'AFP Alexander Grinberg, analyste au Jerusalem Institute for Security and Strategy (JISS).
Sur le terrain, le véhicule du commandant est reconnaissable par ses "antennes et autres véhicules qui le protègent. Ainsi, vous identifiez le poste de commandement tactique", explique-t-il. Les Ukrainiens peuvent alors le "cibler avec un missile antichar ou, encore mieux, avec un drone d'attaque".
Les observateurs occidentaux soulignent que le Kremlin ne semble pas très attentif aux pertes humaines et que la culture militaire russe, encore marquée par l'héritage soviétique, s'appuie sur sa puissance quantitative.
"Les pertes ne sont pas un frein. L'attrition n'arrête pas Poutine", rappelle un diplomate occidental. Mais la chaîne de commandement pose un autre problème. Car les généraux russes ne sont pas interchangeables à l'infini.
"Les chiffres comptent, en particulier les officiers supérieurs", assure Colin Clarke. "Que Poutine sacrifie des conscrits et des mercenaires comme chair à canon est une chose, mais si les informations sont exactes" sur ces pertes de très haut niveau, "l'information parviendra à l'opinion publique et provoquera des maux de tête à l'élite russe", estime-t-il.
Moscou ne fait aucun commentaire sur ses questions. Le fait qu'aucun démenti ne soit publié est considéré par certaines sources comme une confirmation de facto.
Léonid Volkov, un allié proche de l'opposant détenu Alexeï Navalny, a relevé qu'aucun média russe n'avait mentionné les funérailles, le 16 mars, du général Vitali Gerasimov, tué au début du conflit. Il "sera enterré sans que son nom figure sur sa tombe", a-t-il affirmé.
Avec AFP
L'ampleur des pertes russes en Ukraine - même si les chiffres restent invérifiables - atteint à l'évidence des proportions considérables, symbolisées par un phénomène constaté dès les premiers jours du conflit : la mort de nombreux généraux et officiers supérieurs.
Vendredi 1er avril, l'Ukraine a affirmé avoir tué le commandant de la 49e armée du district sud de la Russie, le général Iakov Rezantsev, soit, selon elle, le septième officier de ce rang depuis le début de la guerre.
La mort d'Andrei Paliy, commandant adjoint de la flotte de la mer Noire, a été par ailleurs confirmée dans des combats autour de Marioupol (sud-est) par le gouverneur de Crimée (annexée par les Russes), Mikhaïl Razvozhayev.
Le conseiller du président ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, décrivait la semaine passée "l'extraordinaire" taux de mortalité des officiers russes, y voyant la signe de "l'impréparation totale" de l'armée de Moscou. "Des dizaines d'officiers de rang intermédiaire (lieutenants, capitaines ndlr) ont été tués", affirmait-il.
Des médias, citant des communications russes interceptées par les Ukrainiens, ont même évoqué l'assassinat d'un officier russe par ses propres soldats excédés.
Les doutes sont possibles : les Ukrainiens évoquent la mort du général Magomed Tushaev, un Tchétchène, près de Kiev le 26 février. Mais le leader tchétchène Ramzan Kadyrov affirme que ce dernier a participé à une réunion le 23 mars et a diffusé une vidéo dans lequel il serait en train de parler le 13 mars.
Moscou n'a pour sa part admis la mort que d'un général. Certaines sources en évoquent 15. Les vérifications indépendantes sont à ce stade impossibles.
"Je regarde ces chiffres avec une grande prudence", explique à l'AFP Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Center, un groupe de réflexion basé à New York. "Mais que l'on parle de 5 ou de 15, le seul fait qu'ils perdent des généraux démontre que la chaîne de commandement et de contrôle russe est extrêmement faible".
Les analystes occidentaux et experts militaires sont unanimes à décrire une première phase de la guerre globalement ratée par les Russes. L'ex-armée rouge, pourtant précédée d'une flatteuse réputation, a témoigné de grandes faiblesses dans la qualité de son renseignement, sa logistique, ses errances tactiques. Elles "obligent les chefs à aller très en avant sur les lignes de contact", constate un haut responsable militaire français.
Il avance des hypothèses: "les ordres sont mal compris ou mal reçus, les unités n'obéissent pas, ou il y a problème majeur de moral qui oblige les généraux à aller en tête". Et il confirme une probable stratégie ukrainienne. "C'est assez fin. Quand on veut désorganiser une chaîne de commandement, on vise les têtes".
La tâche semble d'autant plus accessible que l'armée russe utilise des outils de communication facilement interceptés. Les unités de Moscou "ne prennent pas garde aux procédés de sécurité informatique et sont facilement interceptables", assure à l'AFP Alexander Grinberg, analyste au Jerusalem Institute for Security and Strategy (JISS).
Sur le terrain, le véhicule du commandant est reconnaissable par ses "antennes et autres véhicules qui le protègent. Ainsi, vous identifiez le poste de commandement tactique", explique-t-il. Les Ukrainiens peuvent alors le "cibler avec un missile antichar ou, encore mieux, avec un drone d'attaque".
Les observateurs occidentaux soulignent que le Kremlin ne semble pas très attentif aux pertes humaines et que la culture militaire russe, encore marquée par l'héritage soviétique, s'appuie sur sa puissance quantitative.
"Les pertes ne sont pas un frein. L'attrition n'arrête pas Poutine", rappelle un diplomate occidental. Mais la chaîne de commandement pose un autre problème. Car les généraux russes ne sont pas interchangeables à l'infini.
"Les chiffres comptent, en particulier les officiers supérieurs", assure Colin Clarke. "Que Poutine sacrifie des conscrits et des mercenaires comme chair à canon est une chose, mais si les informations sont exactes" sur ces pertes de très haut niveau, "l'information parviendra à l'opinion publique et provoquera des maux de tête à l'élite russe", estime-t-il.
Moscou ne fait aucun commentaire sur ses questions. Le fait qu'aucun démenti ne soit publié est considéré par certaines sources comme une confirmation de facto.
Léonid Volkov, un allié proche de l'opposant détenu Alexeï Navalny, a relevé qu'aucun média russe n'avait mentionné les funérailles, le 16 mars, du général Vitali Gerasimov, tué au début du conflit. Il "sera enterré sans que son nom figure sur sa tombe", a-t-il affirmé.
Avec AFP
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