Si leur présence peut sembler positive de prime abord, les combattants étrangers partis combattre pour la Russie ou l'Ukraine posent problème. Souvent inexpérimentés, ne parlant pas la langue, parfois victimes de problèmes mentaux, il est difficile de les intégrer dans des bataillons organisés. Et leur expérience chaotique du combat pourrait devenir dangereux lors de leur retour au pays.
Ils sont européens, africains ou américains, suprémacistes, islamistes radicaux ou aventuriers. Des combattants étrangers et mercenaires de tout poil ont afflué en Ukraine pour combattre dans un camp ou dans l'autre, posant plus de problèmes qu'ils n'apportent de solutions.
Sont-ils des milliers, des dizaines de milliers ? Les chiffres varient du tout au tout mais aucun n'est fiable.
En revanche, les deux camps brandissent régulièrement leur existence. "Les combattants étrangers constituent un outil de propagande important", résume James Rands, analyste pour l'institut de renseignement britannique Janes.
"Pour les Ukrainiens, la présence de volontaires étrangers envoie un signal à leurs troupes et aux civils qu'ils reçoivent un soutien international. Pour les Russes, les Tchétchènes et les (mercenaires du) groupe Wagner sont des unités qui viennent avec de l'expérience de conflits précédents", estime-t-il.
Début mars, le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait affirmé que quelque 20.000 combattants étrangers, principalement de pays européens, s'étaient portés volontaires. Moscou, pour sa part, mobilise des mercenaires de la société privée Wagner et s'est déclarée favorable au déploiement de Syriens.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait d'abord fait état de 40.000 combattants de l'armée syrienne et de milices alliées prêts à être déployés. Il indique aujourd'hui que des dizaines d'officiers ont passé quelques jours en Ukraine et sont actuellement de retour en Syrie où ils sont formés sous supervision russe.
Les volumes n'ont en tout cas rien à voir avec les quelque 40.000 combattants réellement partis en Syrie dans les années 2010, selon les experts occidentaux. Les recrutements semblent à ce stade individuels, spontanés et à l'évidence peu efficaces.
"En dépit de la profusion d'anecdotes, il n'y a pas de preuves convaincantes que les combattants étrangers fassent la différence sur le front", assure James Rands. Car ils débarquent souvent avec leurs lots de problèmes, d'illusions et d'incompétences. Ils réclament des armes, ne parlent pas la langue et ne connaissent ni le terrain ni la culture du camp qu'ils voudraient servir.
Il y a aussi ceux qui souffrent de fragilités psychologiques. Les toxicomanes, les repris de justice, les ultra-violents portés par des idéologies qui n'ont rien à voir avec le conflit dans lequel ils s'engagent.
La plupart sont donc difficiles à intégrer dans des unités sous un commandement cohérent, avec de la discipline, le respect des tactiques adoptées et la maîtrise de l'engagement.
"Certains ont déjà été expulsés pour des problèmes de santé mentale", constate le Dr. Vera Mironova, de l'université de Harvard, qui en a rencontré personnellement. "Nombre d'entre eux ne s'approcheront jamais du front", assure-t-elle, même si certains sont prêts à corrompre les militaires pour être autorisés à en découdre.
Daniel Byman, professeur à l'université de Georgetown, à Washington, trace des comparatifs avec d'autres théâtres récents et constate que beaucoup de volontaires sont "fondamentalement inaptes à la zone de guerre".
Ils résistent mal à des choses aussi basiques que l'absence de repas chaud ou à la nécessité de dormir dehors. "Un grand nombre de personnes ont de faibles capacités et vont juste rentrer chez eux", estime l'Américain.
James Rands évoque de son côté une vidéo de Tchétchènes en train de prier, supposée intimider leurs adversaires. En lieu et place de quoi ces derniers s'en sont servis pour les géolocaliser et leur tendre une embuscade. Leur chef et plusieurs soldats ont été tués. "Les Ukrainiens les appellent les +forces spéciales tik tok+ suggérant qu'ils ne savent faire que de bonnes vidéos".
De toute évidence, Kiev comme Moscou tentent d'organiser cet apport de combattants qui, sur le long terme, pourraient contribuer localement à des opérations ponctuelles. Mais les risques sur la durée sont majeurs, d'abord sur le théâtre de guerre, ensuite à leur retour dans leurs pays d'origine.
L'Histoire en a témoigné à maintes reprises, les mercenaires obéissent peu ou pas aux lois de la guerre. Le risque de crimes de guerre augmente massivement en leur présence, exposant populations civiles et journalistes.
Et le spectre de voir ces combattants s'engager dans d'autres projets violents est tout aussi préoccupant.
"Si la guerre devait muter en une insurrection sur le long terme, la scène changera" et pourrait générer "des récits extrémistes", prévient Naureen Chowdhury Fink, directrice exécutive du groupe de réflexion Soufan Center.
Au retour, "beaucoup reviendront aguerris par l'expérience du combat et forts de nouveaux réseaux internationaux qui seront activables pour de nouvelles causes", ajoute-t-elle. "Ceux qui veulent faire le mal pourraient être plus en capacité d'y parvenir".
Avec AFP
Ils sont européens, africains ou américains, suprémacistes, islamistes radicaux ou aventuriers. Des combattants étrangers et mercenaires de tout poil ont afflué en Ukraine pour combattre dans un camp ou dans l'autre, posant plus de problèmes qu'ils n'apportent de solutions.
Sont-ils des milliers, des dizaines de milliers ? Les chiffres varient du tout au tout mais aucun n'est fiable.
En revanche, les deux camps brandissent régulièrement leur existence. "Les combattants étrangers constituent un outil de propagande important", résume James Rands, analyste pour l'institut de renseignement britannique Janes.
"Pour les Ukrainiens, la présence de volontaires étrangers envoie un signal à leurs troupes et aux civils qu'ils reçoivent un soutien international. Pour les Russes, les Tchétchènes et les (mercenaires du) groupe Wagner sont des unités qui viennent avec de l'expérience de conflits précédents", estime-t-il.
Début mars, le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait affirmé que quelque 20.000 combattants étrangers, principalement de pays européens, s'étaient portés volontaires. Moscou, pour sa part, mobilise des mercenaires de la société privée Wagner et s'est déclarée favorable au déploiement de Syriens.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait d'abord fait état de 40.000 combattants de l'armée syrienne et de milices alliées prêts à être déployés. Il indique aujourd'hui que des dizaines d'officiers ont passé quelques jours en Ukraine et sont actuellement de retour en Syrie où ils sont formés sous supervision russe.
Les volumes n'ont en tout cas rien à voir avec les quelque 40.000 combattants réellement partis en Syrie dans les années 2010, selon les experts occidentaux. Les recrutements semblent à ce stade individuels, spontanés et à l'évidence peu efficaces.
"En dépit de la profusion d'anecdotes, il n'y a pas de preuves convaincantes que les combattants étrangers fassent la différence sur le front", assure James Rands. Car ils débarquent souvent avec leurs lots de problèmes, d'illusions et d'incompétences. Ils réclament des armes, ne parlent pas la langue et ne connaissent ni le terrain ni la culture du camp qu'ils voudraient servir.
Il y a aussi ceux qui souffrent de fragilités psychologiques. Les toxicomanes, les repris de justice, les ultra-violents portés par des idéologies qui n'ont rien à voir avec le conflit dans lequel ils s'engagent.
La plupart sont donc difficiles à intégrer dans des unités sous un commandement cohérent, avec de la discipline, le respect des tactiques adoptées et la maîtrise de l'engagement.
"Certains ont déjà été expulsés pour des problèmes de santé mentale", constate le Dr. Vera Mironova, de l'université de Harvard, qui en a rencontré personnellement. "Nombre d'entre eux ne s'approcheront jamais du front", assure-t-elle, même si certains sont prêts à corrompre les militaires pour être autorisés à en découdre.
Daniel Byman, professeur à l'université de Georgetown, à Washington, trace des comparatifs avec d'autres théâtres récents et constate que beaucoup de volontaires sont "fondamentalement inaptes à la zone de guerre".
Ils résistent mal à des choses aussi basiques que l'absence de repas chaud ou à la nécessité de dormir dehors. "Un grand nombre de personnes ont de faibles capacités et vont juste rentrer chez eux", estime l'Américain.
James Rands évoque de son côté une vidéo de Tchétchènes en train de prier, supposée intimider leurs adversaires. En lieu et place de quoi ces derniers s'en sont servis pour les géolocaliser et leur tendre une embuscade. Leur chef et plusieurs soldats ont été tués. "Les Ukrainiens les appellent les +forces spéciales tik tok+ suggérant qu'ils ne savent faire que de bonnes vidéos".
De toute évidence, Kiev comme Moscou tentent d'organiser cet apport de combattants qui, sur le long terme, pourraient contribuer localement à des opérations ponctuelles. Mais les risques sur la durée sont majeurs, d'abord sur le théâtre de guerre, ensuite à leur retour dans leurs pays d'origine.
L'Histoire en a témoigné à maintes reprises, les mercenaires obéissent peu ou pas aux lois de la guerre. Le risque de crimes de guerre augmente massivement en leur présence, exposant populations civiles et journalistes.
Et le spectre de voir ces combattants s'engager dans d'autres projets violents est tout aussi préoccupant.
"Si la guerre devait muter en une insurrection sur le long terme, la scène changera" et pourrait générer "des récits extrémistes", prévient Naureen Chowdhury Fink, directrice exécutive du groupe de réflexion Soufan Center.
Au retour, "beaucoup reviendront aguerris par l'expérience du combat et forts de nouveaux réseaux internationaux qui seront activables pour de nouvelles causes", ajoute-t-elle. "Ceux qui veulent faire le mal pourraient être plus en capacité d'y parvenir".
Avec AFP
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