Il avait son pinceau, j’avais ma plume. Les deux titillaient la muse. La sienne était éloquente et prompte à son appel. La mienne taciturne et rétive. Un pinceau à la main, il en pinçait pour une jeune fille artiste. Toutes les toiles qu’il peignait s’articulaient autour d’elle. Moi, j’étais toujours à la recherche d’un mot, du moindre petit mot pour donner le coup d’envoi à mon roman qui tardait à voir le jour ; quoique je passais des nuits blanches à sa recherche. Picasso disait : « je ne cherche pas, je trouve ». Moi, je m’impliquais, corps et âme, à la recherche d’un mot, d’une virgule, d’un point d’interrogation, d’un point à m’exclamer. Crier Eureka !
« Je suis amoureux », qu’il m’annonça un jour. Comme ça, comme si on passait à table d’une manière mondaine, défaire nos ronds de serviette et plonger la tête la première dans le plat servi. Sans préambule, sans fioritures. Les bras m’en tombent. Toi ? En quoi cela t’étonne ? Cela détonne, frérot.
Ce qui comptait pour moi, au final, était son bonheur dont l’embrun lui éclaboussait le cœur à chaque fois qu’il me parlait d’elle.
Le jour arriva où elle fit sa valise pour un ailleurs berlinois. La déchirure est brelienne.
Voici son bitos en feutre qu’il portait non seulement quand l’air était frais. Il lui allait à merveille, intensifiant ainsi sa stature d’artiste. Quand je lui demandais comment allait le peintre aujourd’hui, il rétorquait : « je ne suis pas un barbouilleur, je suis un artiste ».
Je me rendais à son atelier où le désordre était maître. C’est dans ce chaos artistique que sa raison d’être trouvait sa confirmation. Comme il est beau le mot « chaos » qu’il me disait, car il dérègle les sens en les aiguisant simultanément. Une réflexion rimbaldienne.
Les souvenirs de ceux qui ont rejoint la voie lactée sont la main veloutée du passé qui, délicatement et craintivement, tape à la porte de notre présent.
Ghassan était son prénom. Il ne faisait pas de mal à une mouche et cela jusqu’à son dernier jour, où la vie lui moucha l’existence.
Contrairement au Christ, ce qu’il touchait ne se transformait pas en vin. La tuile était son étoile du Nord qui lui fourvoyait dans la galaxie de la consécration de son art. Il ne connaissait pas le compromis. Ses toiles sont son cache-misère. À chaque exposition, il n’avait pas le cul sorti des ronces. Les pastilles rouges tardaient à venir. « Qu’importe que mes toiles se vendent ou pas, me disait-il, je peins pour mes enfants. Mon unique héritage ».
« Je suis amoureux », qu’il m’annonça un jour. Comme ça, comme si on passait à table d’une manière mondaine, défaire nos ronds de serviette et plonger la tête la première dans le plat servi. Sans préambule, sans fioritures. Les bras m’en tombent. Toi ? En quoi cela t’étonne ? Cela détonne, frérot.
Ce qui comptait pour moi, au final, était son bonheur dont l’embrun lui éclaboussait le cœur à chaque fois qu’il me parlait d’elle.
Le jour arriva où elle fit sa valise pour un ailleurs berlinois. La déchirure est brelienne.
Voici son bitos en feutre qu’il portait non seulement quand l’air était frais. Il lui allait à merveille, intensifiant ainsi sa stature d’artiste. Quand je lui demandais comment allait le peintre aujourd’hui, il rétorquait : « je ne suis pas un barbouilleur, je suis un artiste ».
Je me rendais à son atelier où le désordre était maître. C’est dans ce chaos artistique que sa raison d’être trouvait sa confirmation. Comme il est beau le mot « chaos » qu’il me disait, car il dérègle les sens en les aiguisant simultanément. Une réflexion rimbaldienne.
Les souvenirs de ceux qui ont rejoint la voie lactée sont la main veloutée du passé qui, délicatement et craintivement, tape à la porte de notre présent.
Ghassan était son prénom. Il ne faisait pas de mal à une mouche et cela jusqu’à son dernier jour, où la vie lui moucha l’existence.
Contrairement au Christ, ce qu’il touchait ne se transformait pas en vin. La tuile était son étoile du Nord qui lui fourvoyait dans la galaxie de la consécration de son art. Il ne connaissait pas le compromis. Ses toiles sont son cache-misère. À chaque exposition, il n’avait pas le cul sorti des ronces. Les pastilles rouges tardaient à venir. « Qu’importe que mes toiles se vendent ou pas, me disait-il, je peins pour mes enfants. Mon unique héritage ».
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