Ÿuma, un duo tunisien à deux voix et une guitare, et à l’univers folk minimaliste, a présenté ce vendredi 25 mars au Studio de l’Ermitage à Paris son nouvel album « Hannet Lekloub ». Rencontre.
Ÿuma, prénom d’origine nord-amérindienne signifiant allié ou encore « fils ou fille de » en berbère, est le nom d’un duo composé de Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami, respectivement plasticienne et peintre, autant dire des musiciens autodidactes. De nationalité tunisienne, ils proposent un «univers» qu’ils ont imaginé de toute pièce. «Ce n’était pas prémédité, notre public nous décrivait des histoires et des souvenirs personnels que notre musique faisait ressortir en lui», expliquent les deux artistes dans un entretien avec Mondafrique.
Inspirés de légendes urbaines tunisiennes qui disparaissent avec le temps, ou même de fables et de films, ces artistes aiment raconter des histoires. «On se questionne sur le divin, les esprits, les énergies, la réincarnation, surtout dans le premier album «Chura», poursuivent les artistes.
Sans oublier ce travail d’harmonie de voix et de rythmes, ils jouent les thérapeutes. «Certaines personnes au sein de notre public nous racontent que nos chants et notre musique soignent et apaisent leurs douleurs et leurs peines», indiquent Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami.
Luttes culturelles
Leur univers et leur style qui envoutent le public ne sont pas très présents sur le marché musical tunisien, d’où la particularité du duo. «Nous avions l’impression de prendre des risques», souligne Sabrine Jenhani. En Tunisie, la scène musicale se compose beaucoup de live session et de reprises, mais très peu de concerts d’artiste-auteur-compositeur.
Ils souhaitent organiser leurs concerts dans des lieux culturels, tels que les théâtres et les cinémas, plutôt que dans des bars, à titre d’exemple, parce que leur public, majoritairement formé de jeunes adultes, n’a pas l’habitude de se rendre dans ces lieux culturels. «Notre public est un public jeune qui ne va pas souvent, voire pas du tout, au théâtre. Notre but est de les faire venir dans des lieux où ils n’y vont pas habituellement. C’est sacré une scène de théâtre. Il faut donner de la valeur au théâtre, à la mise en scène et à tous les métiers du spectacle».
En défendant sa vision, Ÿuma a contribué à donner de l’espace à la création et à la découverte. Les deux artistes font partie de ceux qui coopèrent actuellement au fleurissement de la culture en Tunisie. Cette lutte culturelle s’accompagne aussi d’une lutte identitaire qui passe notamment par la langue. En effet, le duo ne chante qu’en dialecte tunisien afin de mettre en relief la valeur et la richesse de cette langue qui est finalement synonyme aussi d’identité et d’appartenance à leur pays. « Certains mots du dialecte tunisien ont tendance à disparaitre, comme toute langue qui évolue et se transforme avec les nouvelles générations », explique Ramy Zoghlami. C’est une qualité de dialecte et de dialogue que revendique le duo.
« Ne pas oublier d’où l’on vient, nos origines, notre identité, notre langue, notre culture, c’est important pour nous », ajoute Sabrine Jenhani. Cette quête culturelle, identitaire et de mots que mènent les deux artistes est finalement une quête du sens de la vie.
Feyrouz, source d’inspiration
Depuis le lancement de Ÿuma, produit par un label français, les deux artistes font plusieurs aller-retour en France, où leur musique est très bien reçue. Venant de l’école rock, du metal, ils se tournent vers le jazz et le folk. Ce dernier deviendra le principal style de leur musique à la création de leur duo. Sabrine Jenhani ajoute aussi qu’ils adorent Feyrouz, la célèbre chanteuse libanaise, qui les a énormément inspirés.
Ayant un background musical assez conséquent, varié et riche, le duo souhaite proposer son univers avec des musiques plutôt folk et indie folk, énormément inspirés du patrimoine tunisien poétique. Une musique accessible mais qui relève en même temps d’une expérience porteuse de sens.
Révélé en 2015 en faisant des mash-up et des covers, mixant style occidental et oriental, le duo séduit. C’est donc avec un franc succès que Ÿuma est lancé avec son premier album, «Chura». Pour le groupe indie folk, cet album mélange émotion, nostalgie, poésie et culture tunisienne. Un univers mystique et fabuleux créé de toute pièce, et singulier au duo qui poursuit sur sa lancée avec un deuxième album, « Ghbar njoum », s’inspirant de fables, d’adages et d’histoires. C’est ainsi qu’il s’affirme aujourd’hui comme l’un des leaders de la musique alternative tunisienne.
« Hannet Lekloub », de la tendresse pour le cœur
Le premier single du troisième album, Hannet Lekloub, fut «Denia Dour» (La roue tourne) alors que c’était la dernière composition. Ce choix n’est pas anodin, « parce que cette chanson représente quelque part la genèse même de Hannet Lekloub (« tendresse pour le cœur »), et résume tout ce que raconte l’album ; elle est représentative du thème principal », souligne Ramy Zoghlami.
Sabrine Jenhani ajoute que « ce troisième album est une sorte de retrouvailles, de réconciliation sur le plan humain et musical ». « Il s’agit d’une réconciliation avec certains sujets autrefois épineux et qui arrivent aujourd’hui à trouver leur sens dans nos textes », souligne-t-elle.
L’album, présenté à Paris le 25 mars dernier, est porteur de sens et d’histoire. Certaines chansons sont très personnelles, comme « Wahna Kbar » (Quand on est grands). Cette chanson aborde leurs souvenirs d’enfance, un sujet très émouvant pour eux. « J’ai mis longtemps avant de pouvoir la chanter tant l’émotion était grande », confie Sabrina Jihani. Pour plonger à nouveau dans leurs fables – parfaitement contées par le mariage de leurs voix et leurs mots – il faut écouter avec attention leur album qui est déjà disponible sur les plateformes de téléchargement et en vente sur leur site ici.
Plusieurs dates de tournées sont prévues à partir du mois d’avril en Tunisie, mais aussi en France, en septembre. Pour connaitre toutes les dates et pour les réservations rendez-vous sur leur compte Instagram .
https://mondafrique.com/yuma-deux-voix-tunisiennes-et-une-guitare-pour-soulager-la-douleur/
Ÿuma, prénom d’origine nord-amérindienne signifiant allié ou encore « fils ou fille de » en berbère, est le nom d’un duo composé de Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami, respectivement plasticienne et peintre, autant dire des musiciens autodidactes. De nationalité tunisienne, ils proposent un «univers» qu’ils ont imaginé de toute pièce. «Ce n’était pas prémédité, notre public nous décrivait des histoires et des souvenirs personnels que notre musique faisait ressortir en lui», expliquent les deux artistes dans un entretien avec Mondafrique.
Inspirés de légendes urbaines tunisiennes qui disparaissent avec le temps, ou même de fables et de films, ces artistes aiment raconter des histoires. «On se questionne sur le divin, les esprits, les énergies, la réincarnation, surtout dans le premier album «Chura», poursuivent les artistes.
Sans oublier ce travail d’harmonie de voix et de rythmes, ils jouent les thérapeutes. «Certaines personnes au sein de notre public nous racontent que nos chants et notre musique soignent et apaisent leurs douleurs et leurs peines», indiquent Sabrine Jenhani et Ramy Zoghlami.
Luttes culturelles
Leur univers et leur style qui envoutent le public ne sont pas très présents sur le marché musical tunisien, d’où la particularité du duo. «Nous avions l’impression de prendre des risques», souligne Sabrine Jenhani. En Tunisie, la scène musicale se compose beaucoup de live session et de reprises, mais très peu de concerts d’artiste-auteur-compositeur.
Ils souhaitent organiser leurs concerts dans des lieux culturels, tels que les théâtres et les cinémas, plutôt que dans des bars, à titre d’exemple, parce que leur public, majoritairement formé de jeunes adultes, n’a pas l’habitude de se rendre dans ces lieux culturels. «Notre public est un public jeune qui ne va pas souvent, voire pas du tout, au théâtre. Notre but est de les faire venir dans des lieux où ils n’y vont pas habituellement. C’est sacré une scène de théâtre. Il faut donner de la valeur au théâtre, à la mise en scène et à tous les métiers du spectacle».
En défendant sa vision, Ÿuma a contribué à donner de l’espace à la création et à la découverte. Les deux artistes font partie de ceux qui coopèrent actuellement au fleurissement de la culture en Tunisie. Cette lutte culturelle s’accompagne aussi d’une lutte identitaire qui passe notamment par la langue. En effet, le duo ne chante qu’en dialecte tunisien afin de mettre en relief la valeur et la richesse de cette langue qui est finalement synonyme aussi d’identité et d’appartenance à leur pays. « Certains mots du dialecte tunisien ont tendance à disparaitre, comme toute langue qui évolue et se transforme avec les nouvelles générations », explique Ramy Zoghlami. C’est une qualité de dialecte et de dialogue que revendique le duo.
« Ne pas oublier d’où l’on vient, nos origines, notre identité, notre langue, notre culture, c’est important pour nous », ajoute Sabrine Jenhani. Cette quête culturelle, identitaire et de mots que mènent les deux artistes est finalement une quête du sens de la vie.
Feyrouz, source d’inspiration
Depuis le lancement de Ÿuma, produit par un label français, les deux artistes font plusieurs aller-retour en France, où leur musique est très bien reçue. Venant de l’école rock, du metal, ils se tournent vers le jazz et le folk. Ce dernier deviendra le principal style de leur musique à la création de leur duo. Sabrine Jenhani ajoute aussi qu’ils adorent Feyrouz, la célèbre chanteuse libanaise, qui les a énormément inspirés.
Ayant un background musical assez conséquent, varié et riche, le duo souhaite proposer son univers avec des musiques plutôt folk et indie folk, énormément inspirés du patrimoine tunisien poétique. Une musique accessible mais qui relève en même temps d’une expérience porteuse de sens.
Révélé en 2015 en faisant des mash-up et des covers, mixant style occidental et oriental, le duo séduit. C’est donc avec un franc succès que Ÿuma est lancé avec son premier album, «Chura». Pour le groupe indie folk, cet album mélange émotion, nostalgie, poésie et culture tunisienne. Un univers mystique et fabuleux créé de toute pièce, et singulier au duo qui poursuit sur sa lancée avec un deuxième album, « Ghbar njoum », s’inspirant de fables, d’adages et d’histoires. C’est ainsi qu’il s’affirme aujourd’hui comme l’un des leaders de la musique alternative tunisienne.
« Hannet Lekloub », de la tendresse pour le cœur
Le premier single du troisième album, Hannet Lekloub, fut «Denia Dour» (La roue tourne) alors que c’était la dernière composition. Ce choix n’est pas anodin, « parce que cette chanson représente quelque part la genèse même de Hannet Lekloub (« tendresse pour le cœur »), et résume tout ce que raconte l’album ; elle est représentative du thème principal », souligne Ramy Zoghlami.
Sabrine Jenhani ajoute que « ce troisième album est une sorte de retrouvailles, de réconciliation sur le plan humain et musical ». « Il s’agit d’une réconciliation avec certains sujets autrefois épineux et qui arrivent aujourd’hui à trouver leur sens dans nos textes », souligne-t-elle.
L’album, présenté à Paris le 25 mars dernier, est porteur de sens et d’histoire. Certaines chansons sont très personnelles, comme « Wahna Kbar » (Quand on est grands). Cette chanson aborde leurs souvenirs d’enfance, un sujet très émouvant pour eux. « J’ai mis longtemps avant de pouvoir la chanter tant l’émotion était grande », confie Sabrina Jihani. Pour plonger à nouveau dans leurs fables – parfaitement contées par le mariage de leurs voix et leurs mots – il faut écouter avec attention leur album qui est déjà disponible sur les plateformes de téléchargement et en vente sur leur site ici.
Plusieurs dates de tournées sont prévues à partir du mois d’avril en Tunisie, mais aussi en France, en septembre. Pour connaitre toutes les dates et pour les réservations rendez-vous sur leur compte Instagram .
https://mondafrique.com/yuma-deux-voix-tunisiennes-et-une-guitare-pour-soulager-la-douleur/
Lire aussi
Commentaires