©Des bergers kenyans regardent les carcasses d'une partie de leur troupeau de moutons et de chèvres. (AFP)
Un réchauffement qui s'accélère, des impacts qui s'intensifient causant des souffrances sans précédent à l'humanité responsable de cette dévastation, et un seul moyen d'éviter le pire, réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre.
Plus aucun doute
N'en déplaise aux climato-sceptiques, les preuves scientifiques ont levé les moindres doutes qui pouvaient subsister: les humains sont "indiscutablement" responsables du réchauffement de la planète qui a gagné environ +1,1°C depuis l'ère pré-industrielle.
Le rythme d'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère entre 1900 et 2019, largement liée aux énergies fossiles, est au moins dix fois plus élevé que lors de n'importe quelle autre période des 800.000 dernières années et la concentration de CO2 dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée depuis plus de 2 millions d'années.
Bye bye 1,5°C
L'accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement "bien en deçà" de +2°C, si possible +1,5°C. Mais dans tous les scénarios envisagés par le Giec -- du plus optimiste ou plus pessimiste --, la température mondiale devrait atteindre +1,5°C ou +1,6°C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030. Soit dix ans plus tôt qu'estimé précédemment.
Même s'il existe une possibilité de revenir ensuite sous le seuil de +1,5°C d'ici à la fin du siècle, même un dépassement temporaire provoquerait des dommages "irréversibles" sur certains écosystèmes fragiles (pôles, montagnes, côtes), avec des effets en cascade sur les populations.
Même si les engagements actuels des Etats pour réduire les émissions d'ici 2030 étaient respectés, ne pas dépasser +1,5°C au moins temporairement serait "hors d'atteinte" et atteindre +2°C serait difficile. Sans renforcement des politiques actuelles, le réchauffement pourrait même atteindre 3,2°C d'ici 2100, soit deux fois plus que l'objectif idéal de l'accord de Paris.
Avalanche de souffrances
Les conséquences dévastatrices du changement climatique, longtemps vues comme un point à l'horizon, sont devenues une réalité aux quatre coins de la planète, avec 3,3 à 3,6 milliards de personnes d'ores et déjà "très vulnérables", soit près de la moitié de l'humanité. Et ce n'est qu'un début.
Sécheresse, canicules avec par endroit des extrêmes de températures littéralement invivables, tempêtes, inondations, pénuries d'eau, pertes de récoltes agricoles... Les effets secondaires du réchauffement de l'atmosphère et des océans sont appelés à s'intensifier, avec un impact disproportionné sur les plus fragiles, comme les populations pauvres et les peuples autochtones.
Sans oublier l'exode possible de centaines de millions de personnes face à la montée inexorable du niveau de la mer principalement liée à la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique.
Même si le réchauffement est limité à +2°C, les océans pourraient gagner environ 50 cm au XXIe siècle et cette hausse pourrait atteindre près de 2 mètres d'ici 2300 -- deux fois plus qu'estimé par le Giec en 2019.
Pas le choix
Le Giec ne cesse de répéter que son rôle n'est pas de faire des recommandations, mais les scénarios qu'il a élaborés ne laissent pas de choix si l'humanité veut s'assurer un "avenir vivable" sur la planète: même pour limiter à °2C, il faut "une réduction rapide, radicale et le plus souvent immédiate des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs", insiste le Giec en insistant sur l'énergie, les transports, l'industrie, l'agriculture et les villes.
Pour limiter le réchauffement à +1,5°C, il faudrait ainsi une transformation majeure du système énergétique, avec la réduction de l'utilisation (sans technique de captage du carbone) du charbon, du pétrole et du gaz respectivement d'environ 100%, 60% et 70% d'ici 2050 par rapport à 2019.
Points de rupture
Ces trois rapports du Giec n'ont jamais autant fait de place à la possibilité des points de basculement, modifications abruptes du système climatique à "faible probabilité" mais "impacts importants" qui "ne peuvent être exclus".
Parmi eux, le point de non retour menant à l'effondrement total des calottes glaciaires, capable de faire monter la mer de dizaines de mètres; le dégel du permafrost qui renferme des volumes immenses de carbone; ou encore la transformation en savane de l'Amazonie qui absorbe une partie vitale du CO2 émis par les activités humaines.
Si les scientifiques n'ont pour l'instant pas de certitude sur le seuil de réchauffement qui déclencherait ces "événements singuliers d'échelle planétaire", ils savent que le risque est plus grand à +2°C qu'à +1,5°C. Et qu'on passe dans un "très haut risque" d'ici +2,5°C.
AFP
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