Barkhane se retire, la caravane malienne et Wagner passent
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Alors que le président Emmanuel Macron a acté le retrait français du Mali en mettant fin à l'opération Barkhane, la France s'est déclarée "gravement préoccupée" lundi par de possibles "exactions" commises au Mali par des soldats maliens "accompagnés de mercenaires" du groupe privé russe Wagner. Une déclaration qui, dans le contexte de la guerre en Ukraine, rejoint une vague de très vives condamnations internationales.



L'armée malienne a affirmé vendredi soir avoir tué "203 combattants" de "groupes armés terroristes" lors d'une opération dans une zone sahélienne du centre du Mali menée du 23 au 31 mars. L'AFP n'était pas en mesure de vérifier le moindre bilan. Vendredi, l'état-major invitait "les populations à la retenue contre les spéculations diffamatoires à l'encontre" des forces armées maliennes.

Mais les réactions internationales, de Washington à Paris en passant par l'Union européenne et les Nations unies, témoignent que cette version des faits est vivement contestée. La France s'est ainsi dite "préoccupée par les informations faisant état d'exactions massives dans le village de Moura par des éléments des forces armées maliennes accompagnées de mercenaires russes du groupe Wagner, et qui auraient causé la mort de centaines de civils", a indiqué un communiqué du Quai d'Orsay. La diplomatie française souligne enfin que "la lutte contre les groupes terroristes qui opèrent au Sahel ne saurait en aucun cas justifier des violations des droits de l'Homme" qui "ne font que renforcer ces groupes".

Ces déclarations interviennent dans un contexte où la force française antijihadiste Barkhane est en train de se retirer du Mali après des mois de détérioration de ses relations avec Bamako.
"Extrêmement dérangeantes"

À Bruxelles, le haut-représentant de l'Union européenne Josep Borrell a jugé lui aussi "très préoccupantes" lundi les informations sur "la mort de centaines de personnes dans le village de Moura". "Il est essentiel que la Minusma (Mission de l'ONU) puisse avoir accès aux lieux des événements afin d'épauler les autorités de transition dans leur enquête", a-t-il ajouté. "Le comportement exemplaire de l’Etat et de ses forces de sécurité dont le mandat premier est de protéger les populations civiles ne peut souffrir d’aucune exception".


Idem du côté du département d'Etat américain, qui avait jugé dimanche "extrêmement dérangeantes" ces allégations, en citant elle aussi la société Wagner. "Ces informations contradictoires illustrent le besoin urgent pour les autorités de transition malienne de donner un accès libre, sûr et sans entrave aux enquêteurs dans la zone où ces évènements tragiques se sont déroulés".

Les violences jihadistes ont fait des dizaines de morts civils au cours des dernières semaines dans le centre-est du Mali et la région dite des trois frontières (entre Mali, Niger et Burkina Faso), selon la Minusma. Cette vaste étendue est le théâtre de violences et d'affrontements entre bon nombre des organisations armées (régulières et irrégulières) présentes sur le terrain, y compris entre groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique.

Les jihadistes sont accusés de s'en prendre aux civils qu'ils soupçonnent de collaborer avec leurs ennemis ou de les renseigner. Parallèlement, des ONG et d'ex-rebelles incriminent les forces armées maliennes (FAMa) pour des exactions présumées.

Avec AFP

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