Pour Nassib Ghobril, économiste en chef de la Byblos Bank, «il est très important de rétablir la confiance pour réduire l’utilisation de l'argent liquide dans les transactions économiques».
À l’heure où toutes les économies du monde envisagent la fin du cash et où les banques centrales planchent sur des projets de monnaies numériques qui pourraient remplacer les billets, le Liban revient, à contre-courant, à une économie du cash, résultat du manque de confiance dans l’État et dans le secteur bancaire. Les réformes demandées par le FMI vont-elles permettre de sortir de cette économie obsolète basée sur la liquidité? Ici Beyrouth fait le point.
Pour relancer une économie, il faut généralement supprimer le cash. «Faire disparaître les billets est une manière indirecte de réduire l’épargne, de relancer la consommation et, du coup, la croissance», explique un économiste.
Pour Nassib Ghobril, économiste en chef de la Byblos Bank, avant le début de la crise, 30% de l’économie libanaise étaient une économie parallèle, donc faite de transactions en cash qui sont aujourd’hui passées à 50%.
Pour lui, la loi proposée pour le transfert de capitaux avec un plafond de 1.000 dollars pour les retraits n’a pas uniquement pour but d’imposer des restrictions sur les transferts à l’étranger ou sur les retraits à l’intérieur du pays, mais de limiter les échanges et les transactions en cash et encourager les autres méthodes de paiement telles que les chèques, les cartes et les transferts de compte à compte à l’intérieur du pays.
«Il est très important de rétablir la confiance pour réduire l’utilisation de l'argent liquide dans les transactions économiques. Ce manque de confiance nous a entraînés vers une économie de plus en plus dépendante des transactions en cash, que ce soit au niveau commercial ou du détail», explique-t-il
L’État n’est pas en faillite
M. Ghobril insiste sur le fait qu’«il faut surtout cesser de parler de pertes et de faillite de l’État», en allusion aux propos du vice-président du Conseil, Saadé Chami, dimanche soir sur la chaîne locale Al-Jadeed. «Comment peut-on envisager de rétablir la confiance quand on ne cesse de répéter que l’État est en faillite, avec des pertes chiffrées à 72 milliards de dollars, et que les déposants doivent assumer le coût de celles-ci»? s’interroge-t-il.
Et de poursuivre, «Non! L’État n’est pas en faillite. Si le gouvernement précédent a décidé de ne pas honorer ses dettes, cela ne veut pas dire que l’État est en faillite. C’était une erreur historique. L’État a beaucoup d’avoirs qui sont très mal gérés. Je crois que l’État ne sait même pas combien il possède de biens immobiliers. Une estimation révèle un chiffre d’environ 915 millions de mètres carrés qui ne sont pas productifs. De plus, l’État monopolise des secteurs essentiels pour l’économie, tels que l’électricité, les communications, les transports, les ports, l’aéroport. Ces secteurs, notamment l’électricité, sont devenus un fardeau pour l’économie libanaise. Depuis 1993 jusqu’aujourd’hui, l’État a dépensé 24 milliards 500 millions de dollars sur l’électricité et nous avons à peine deux heures de courant par jour. À ce chiffre, il faut ajouter les 25 millions de dollars en intérêts sur la dette publique qui sont le résultat des dépenses sur ce secteur. La moitié de la dette publique vient de la mauvaise gestion du secteur de l’énergie».
Selon M. Ghobril, le secteur des télécommunications «s’oriente vers la même situation, alors qu’il est censé être une source de revenus essentielle pour le pays».
Rétablir la confiance
La solution? «Il faut que l’État assume ses responsabilités et assure la solvabilité de la Banque centrale. Ce n’est pas au secteur privé de recapitaliser la BDL et de régler le problème de solvabilité. Si les pertes sont distribuées comme ils le disent entre les déposants et les banques, cela va engendrer une perte de confiance pour toute une génération», avertit l’économiste.
«Au lieu d’aggraver le manque de confiance, il est primordial de la rétablir, d’encourager les transactions à travers les méthodes de paiement comme les chèques, les cartes, les transferts entre les banques. Un rétablissement de la confiance commande aussi de mettre comme priorité l’élargissement de l’économie et la croissance économique. Or cela ne se produit qu’à travers les réformes pour que le secteur privé reprenne confiance dans la perspective d’une amélioration du climat propice aux investissements et aux affaires, en élevant le niveau de compétitivité, en réhabilitant les infrastructures, en réduisant l’ingérence de l’État dans les affaires économiques et dans les secteurs vitaux tels que l’électricité, les communications et les transports», souligne-t-il encore.
Il s’agit à ses yeux de la seule voie possible pour que les réformes soient fructueuses et que le programme avec le FMI réussisse. «À partir de là, nous pourrons commencer à parler de réduction des transactions en cash», commente Nassib Ghobril, en revenant sur l’orientation mondiale vers des économies électroniques. «À titre d’exemple, la Suède se dirige pour la fin 2023 vers une économie sans monnaie», note-il.
À l’heure où toutes les économies du monde envisagent la fin du cash et où les banques centrales planchent sur des projets de monnaies numériques qui pourraient remplacer les billets, le Liban revient, à contre-courant, à une économie du cash, résultat du manque de confiance dans l’État et dans le secteur bancaire. Les réformes demandées par le FMI vont-elles permettre de sortir de cette économie obsolète basée sur la liquidité? Ici Beyrouth fait le point.
Pour relancer une économie, il faut généralement supprimer le cash. «Faire disparaître les billets est une manière indirecte de réduire l’épargne, de relancer la consommation et, du coup, la croissance», explique un économiste.
Pour Nassib Ghobril, économiste en chef de la Byblos Bank, avant le début de la crise, 30% de l’économie libanaise étaient une économie parallèle, donc faite de transactions en cash qui sont aujourd’hui passées à 50%.
Pour lui, la loi proposée pour le transfert de capitaux avec un plafond de 1.000 dollars pour les retraits n’a pas uniquement pour but d’imposer des restrictions sur les transferts à l’étranger ou sur les retraits à l’intérieur du pays, mais de limiter les échanges et les transactions en cash et encourager les autres méthodes de paiement telles que les chèques, les cartes et les transferts de compte à compte à l’intérieur du pays.
«Il est très important de rétablir la confiance pour réduire l’utilisation de l'argent liquide dans les transactions économiques. Ce manque de confiance nous a entraînés vers une économie de plus en plus dépendante des transactions en cash, que ce soit au niveau commercial ou du détail», explique-t-il
L’État n’est pas en faillite
M. Ghobril insiste sur le fait qu’«il faut surtout cesser de parler de pertes et de faillite de l’État», en allusion aux propos du vice-président du Conseil, Saadé Chami, dimanche soir sur la chaîne locale Al-Jadeed. «Comment peut-on envisager de rétablir la confiance quand on ne cesse de répéter que l’État est en faillite, avec des pertes chiffrées à 72 milliards de dollars, et que les déposants doivent assumer le coût de celles-ci»? s’interroge-t-il.
Et de poursuivre, «Non! L’État n’est pas en faillite. Si le gouvernement précédent a décidé de ne pas honorer ses dettes, cela ne veut pas dire que l’État est en faillite. C’était une erreur historique. L’État a beaucoup d’avoirs qui sont très mal gérés. Je crois que l’État ne sait même pas combien il possède de biens immobiliers. Une estimation révèle un chiffre d’environ 915 millions de mètres carrés qui ne sont pas productifs. De plus, l’État monopolise des secteurs essentiels pour l’économie, tels que l’électricité, les communications, les transports, les ports, l’aéroport. Ces secteurs, notamment l’électricité, sont devenus un fardeau pour l’économie libanaise. Depuis 1993 jusqu’aujourd’hui, l’État a dépensé 24 milliards 500 millions de dollars sur l’électricité et nous avons à peine deux heures de courant par jour. À ce chiffre, il faut ajouter les 25 millions de dollars en intérêts sur la dette publique qui sont le résultat des dépenses sur ce secteur. La moitié de la dette publique vient de la mauvaise gestion du secteur de l’énergie».
Selon M. Ghobril, le secteur des télécommunications «s’oriente vers la même situation, alors qu’il est censé être une source de revenus essentielle pour le pays».
Rétablir la confiance
La solution? «Il faut que l’État assume ses responsabilités et assure la solvabilité de la Banque centrale. Ce n’est pas au secteur privé de recapitaliser la BDL et de régler le problème de solvabilité. Si les pertes sont distribuées comme ils le disent entre les déposants et les banques, cela va engendrer une perte de confiance pour toute une génération», avertit l’économiste.
«Au lieu d’aggraver le manque de confiance, il est primordial de la rétablir, d’encourager les transactions à travers les méthodes de paiement comme les chèques, les cartes, les transferts entre les banques. Un rétablissement de la confiance commande aussi de mettre comme priorité l’élargissement de l’économie et la croissance économique. Or cela ne se produit qu’à travers les réformes pour que le secteur privé reprenne confiance dans la perspective d’une amélioration du climat propice aux investissements et aux affaires, en élevant le niveau de compétitivité, en réhabilitant les infrastructures, en réduisant l’ingérence de l’État dans les affaires économiques et dans les secteurs vitaux tels que l’électricité, les communications et les transports», souligne-t-il encore.
Il s’agit à ses yeux de la seule voie possible pour que les réformes soient fructueuses et que le programme avec le FMI réussisse. «À partir de là, nous pourrons commencer à parler de réduction des transactions en cash», commente Nassib Ghobril, en revenant sur l’orientation mondiale vers des économies électroniques. «À titre d’exemple, la Suède se dirige pour la fin 2023 vers une économie sans monnaie», note-il.
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