Conseil des ministres: \
Le ministre de la Justice Henri Khoury était absent à la réunion gouvernementale en raison d’un déplacement en-dehors du pays.

Il semblerait que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le Conseil des ministres, en consultant l’ordre du jour de la session ordinaire qui a eu lieu mercredi au Grand Sérail. Aucune mention de vraies réformes dont le pays a urgemment besoin ou de plans de secours visant à assurer les nécessités les plus basiques à une population qui manque absolument de tout. Les ministres seraient davantage préoccupés par la façon de démentir les propos irresponsables du vice-Premier ministre Saadé Chami – sur la faillite du Liban et l’obligation d’une répartition des pertes entre l’État, la Banque du Liban et le secteur bancaire avec les déposants – qui ont suscité un tollé général; ou de réitérer pour la énième fois que les élections législatives auront bel et bien lieu le 15 mai comme prévu. Rien ne presse, nous avons tout le temps du monde à les regarder se lancer des piques durant leurs réunions hebdomadaires, et s’abstenir de prendre des décisions qui pourraient s’avérer impopulaires avant la tenue du scrutin électoral, pendant que le taux du dollar sur marché libre flambe à nouveau.

La réunion du Cabinet en ce mercredi 6 avril n’a évidemment pas fait exception à la règle. Plusieurs dossiers d’ordre financier, énergétique, économique, bancaire et éducatif, ont été discutés, malgré le fait qu’ils n’étaient pas particulièrement urgents. Preuve en est, le ministre de la Culture Mohammad Mortada aurait lancé de son propre chef en pleine réunion: "S’il n’y a ni farine ni traitements pour le cancer, que fait-on encore ici?". Une question que tous les Libanais se posent au quotidien et à laquelle personne ne peut répondre.

Néanmoins, la proposition de construction de centrales électriques par le ministre de l’Énergie Walid Fayad a été le point focal de cette session gouvernementale. En effet, ce dernier a profité que cette question figure à l’ordre du jour pour revenir à la charge concernant la construction d’une centrale électrique à Selaata (projet auquel tient absolument le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil), bien que cette proposition avait été rejetée il y a quelques semaines lors du point de presse du ministre de l’Information, Ziad Makari, à l’issue d’une réunion du Cabinet. M. Makari avait précisé que "la construction d’une centrale électrique supplémentaire se fera si nécessaire du côté nord du littoral, mais pas à Selaata", assurant à une journaliste que cette décision ne revêtait pas un caractère politique, et qu’elle serait motivée par des "raisons logistiques" ayant "un lien direct avec les expropriations et les objections des municipalités", doublées de "l’existence de facteurs économiques et financiers".


Cependant, selon les informations rapportées par la chaîne télévisée MTV, le Premier ministre Nagib Mikati et le ministre Mohammad Mortada ont signalé, encore une fois, leur refus de voir une centrale électrique à Selaata, rappelant à M. Fayad que "le gouvernement avait initialement accepté l’idée de construire des centrales à Zahrani et à Deir Ammar". D’ailleurs, le plan sur le processus d’appel d’offres avancé par le ministre de l’Énergie pour les deux centrales précitées a été avalisé par le cabinet.

Toutefois, cette réunion du gouvernement a quand même permis au Premier ministre d’annoncer, en se voulant rassurant, le bon déroulement des négociations avec le Fonds monétaire international qui conduiraient selon lui à l’aboutissement d’un accord prochainement. M. Mikati a en outre affirmé avoir signé les décrets relatifs au financement du scrutin, et les avoir transmis à la présidence de la République.

Au final, cette réunion n’a rien apporté de nouveau – encore un business as usual. Le Conseil des ministres se contente de gérer des affaires courantes jusqu’aux élections, et de s’occuper de sujets triviaux, histoire de faire passer le temps aussi paisiblement que possible avant le 15 mai 2022.
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