©Le président de la République tchétchène Ramzan Kadyrov s'entretient avec le président russe Vladimir Poutine, le 31 août 2019. (AFP)
Véritables mercenaires au service du Kremlin, les milices tchétchènes du président Kadyrov sont déployées en Ukraine depuis le début du conflit, où elles multiplient assassinats ciblés et massacres de la population. L'image de brutalité qui accompagne ces hommes alimente la terreur parmi la population ukrainienne et aide à discipliner les rangs au sein de l'armée russe, dont le moral est jugé faible après plusieurs semaines d'offensive infructueuse.
Des Tchétchènes tirant tous azimuts au fusil d'assaut, des prisonniers ukrainiens agenouillés, le regard vide : sur sa chaîne Telegram, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov vante chaque jour les mérites de ses troupes, les "kadyrovtsy", des milices de sinistre réputation déployées au côté de l'armée russe en Ukraine.
De Marioupol, ville martyre assiégée par les Russes, à l'Est séparatiste prorusse, l'homme fort de Tchétchénie affiche sa contribution à la guerre à grand renfort de vidéos agrémentées de légendes vantant la "bravoure" de ses hommes face à ceux qu'il appelle les "nazis de Kiev", reprenant la terminologie de Moscou. Sur les réseaux, Ramzan Kadyrov assure aussi avoir trouvé et "puni" de ses propres mains un Ukrainien parce qu'il avait "torturé" un Russe. Ses hommes arborent fièrement leurs "prises", des soldats ukrainiens blessés, ensanglantés.
Autant d'images à la hauteur de leur réputation forgée sur tous les théâtres d'opérations sur lesquels ils sont passés, de la Tchétchénie à la Syrie en passant par l'Ukraine déjà en 2014.
Dans la "guerre psychologique" qui fait rage, "l'annonce de l'entrée en guerre des troupes de Kadyrov et la propagande qui l'entoure participent de cet effort de déstabiliser l'ennemi", décrypte Aurélie Campana, spécialiste des violences politiques et de la Russie à l'université de Laval au Canada.
Alimenter la terreur parmi les Ukrainiens
Au début de la guerre, quand Vladimir Poutine tablait encore sur un renversement rapide du président ukrainien Volodymyr Zelensky, le bruit a couru que les troupes de Kadyrov avaient pour mission de le tuer.
Ramzan Kadyrov, qui dirige la Tchétchénie, une entité de la Fédération de Russie, d'une main de fer, a alors promis à Vladimir Zelensky qu'il serait bientôt "l'ancien président de l'Ukraine".
Le dirigeant ukrainien est depuis devenu le symbole de la résistance de tout un peuple, défiant chaque jour Vladimir Poutine par ses interventions sur les réseaux sociaux, où ses partisans essayent aussi de tourner en dérision les kadyrovtsy. Combien d'entre eux ont rallié l'Ukraine ? Un millier, assurait mi-mars leur chef, une information invérifiable de source indépendante.
Pour le politologue russe Alexeï Malachenko,"personne ne sait combien de Tchétchènes combattent en Ukraine et où ils sont déployés exactement". Par ailleurs, d'autres Tchétchènes ont rejoint le camp ukrainien. Ce sont avant tout des spécialistes du maintien de l'ordre, ce qui ajoute à leur redoutable image de brutalité et d'arbitraire, dont les faits d'armes restent à prouver.
Ramzan Kadyrov a ainsi triomphalement annoncé la conquête par ses hommes de la mairie Marioupol, avant de publier une vidéo où il n'était plus question que de la prise d'un bâtiment administratif secondaire. "Kadyrov participe à l'opération en Ukraine pour montrer qu'il est totalement loyal à l'égard de Poutine et garder son influence. Pour lui, la participation à l'opération, c'est de la publicité personnelle", relève le politologue russe Konstantin Kalatchev.
Une fidélité totale au président Poutine
Ramzan Kadyrov lui-même est soupçonné d'être derrière plusieurs assassinats d'opposants au Kremlin, dont Boris Nemtsov, ainsi que de la journaliste Anna Politkovskaïa, critique du pouvoir.
Rouslan Gueremeïev, commandant des forces tchétchènes à Marioupol et suspecté d'avoir organisé l'assassinat de Boris Nemtsov en 2015, a d'ailleurs été blessé fin mars dans cette ville stratégique située sur les bords de la mer d'Azov.
En Ukraine, les kadyrovtsy pourraient aussi servir de force d'appoint pour mater les plus récalcitrants, y compris dans l'armée russe, comme ils l'avaient fait en 2014 avec certains séparatistes prorusses contestés. "L'expérience des troupes de Kadyrov pourrait représenter un atout, non seulement pour venir à bout localement de la résistance ukrainienne, mais également pour discipliner les troupes russes et leurs affidés", considère Aurélie Campana.
"Poutine leur fait totalement confiance. Kadyrov dit toujours être le +fantassin+ de Poutine. Pour lui, la participation à l'opération en Ukraine, c'est un succès personnel, estime Alexeï Malachenko.
Avec AFP
Des Tchétchènes tirant tous azimuts au fusil d'assaut, des prisonniers ukrainiens agenouillés, le regard vide : sur sa chaîne Telegram, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov vante chaque jour les mérites de ses troupes, les "kadyrovtsy", des milices de sinistre réputation déployées au côté de l'armée russe en Ukraine.
De Marioupol, ville martyre assiégée par les Russes, à l'Est séparatiste prorusse, l'homme fort de Tchétchénie affiche sa contribution à la guerre à grand renfort de vidéos agrémentées de légendes vantant la "bravoure" de ses hommes face à ceux qu'il appelle les "nazis de Kiev", reprenant la terminologie de Moscou. Sur les réseaux, Ramzan Kadyrov assure aussi avoir trouvé et "puni" de ses propres mains un Ukrainien parce qu'il avait "torturé" un Russe. Ses hommes arborent fièrement leurs "prises", des soldats ukrainiens blessés, ensanglantés.
Autant d'images à la hauteur de leur réputation forgée sur tous les théâtres d'opérations sur lesquels ils sont passés, de la Tchétchénie à la Syrie en passant par l'Ukraine déjà en 2014.
Dans la "guerre psychologique" qui fait rage, "l'annonce de l'entrée en guerre des troupes de Kadyrov et la propagande qui l'entoure participent de cet effort de déstabiliser l'ennemi", décrypte Aurélie Campana, spécialiste des violences politiques et de la Russie à l'université de Laval au Canada.
Alimenter la terreur parmi les Ukrainiens
Au début de la guerre, quand Vladimir Poutine tablait encore sur un renversement rapide du président ukrainien Volodymyr Zelensky, le bruit a couru que les troupes de Kadyrov avaient pour mission de le tuer.
Ramzan Kadyrov, qui dirige la Tchétchénie, une entité de la Fédération de Russie, d'une main de fer, a alors promis à Vladimir Zelensky qu'il serait bientôt "l'ancien président de l'Ukraine".
Le dirigeant ukrainien est depuis devenu le symbole de la résistance de tout un peuple, défiant chaque jour Vladimir Poutine par ses interventions sur les réseaux sociaux, où ses partisans essayent aussi de tourner en dérision les kadyrovtsy. Combien d'entre eux ont rallié l'Ukraine ? Un millier, assurait mi-mars leur chef, une information invérifiable de source indépendante.
Pour le politologue russe Alexeï Malachenko,"personne ne sait combien de Tchétchènes combattent en Ukraine et où ils sont déployés exactement". Par ailleurs, d'autres Tchétchènes ont rejoint le camp ukrainien. Ce sont avant tout des spécialistes du maintien de l'ordre, ce qui ajoute à leur redoutable image de brutalité et d'arbitraire, dont les faits d'armes restent à prouver.
Ramzan Kadyrov a ainsi triomphalement annoncé la conquête par ses hommes de la mairie Marioupol, avant de publier une vidéo où il n'était plus question que de la prise d'un bâtiment administratif secondaire. "Kadyrov participe à l'opération en Ukraine pour montrer qu'il est totalement loyal à l'égard de Poutine et garder son influence. Pour lui, la participation à l'opération, c'est de la publicité personnelle", relève le politologue russe Konstantin Kalatchev.
Une fidélité totale au président Poutine
Ramzan Kadyrov lui-même est soupçonné d'être derrière plusieurs assassinats d'opposants au Kremlin, dont Boris Nemtsov, ainsi que de la journaliste Anna Politkovskaïa, critique du pouvoir.
Rouslan Gueremeïev, commandant des forces tchétchènes à Marioupol et suspecté d'avoir organisé l'assassinat de Boris Nemtsov en 2015, a d'ailleurs été blessé fin mars dans cette ville stratégique située sur les bords de la mer d'Azov.
En Ukraine, les kadyrovtsy pourraient aussi servir de force d'appoint pour mater les plus récalcitrants, y compris dans l'armée russe, comme ils l'avaient fait en 2014 avec certains séparatistes prorusses contestés. "L'expérience des troupes de Kadyrov pourrait représenter un atout, non seulement pour venir à bout localement de la résistance ukrainienne, mais également pour discipliner les troupes russes et leurs affidés", considère Aurélie Campana.
"Poutine leur fait totalement confiance. Kadyrov dit toujours être le +fantassin+ de Poutine. Pour lui, la participation à l'opération en Ukraine, c'est un succès personnel, estime Alexeï Malachenko.
Avec AFP
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