Ouïghours: la mortelle passivité de l'ONU
©Des manifestations organisées par le gouvernement du Turkestan oriental (Xinjiang) en exil devant la Maison Blanche, le 5 avril 2022. (AFP)
Alors que la communauté internationale se mobilise pour l'Ukraine, ce n'est pas le cas pour les Ouïghours, qui subissent un véritable ethnocide par le gouvernement chinois, qui met en œuvre une politique d'assimilation, de travail forcée et de colonisation du Xinjiang depuis des décennies. Un deux poids-deux mesures critiqué par les activistes, qui appellent les Nations-Unis à prendre des mesures fermes contre la Chine. 

L'inaction de la Haute-Commissaire aux droits de l'homme face au "génocide" de la minorité musulmane des Ouïghours par la Chine est "profondément" décevante, juge une des militantes les plus connues de leur cause à l'AFP.

Michelle Bachelet "m'a profondément déçue", avoue Rushan Abbas, une Ouïghour de nationalité américaine, rencontrée en marge du Sommet de Genève des droits de l'homme et de la démocratie. Pour elle, ce qui se produit au Xinjiang, où vivent en majorité les Ouïghours, "est clairement un génocide". La militante a aussi exhorté Mme Bachelet à enfin publier un rapport compilé par ses services sur les exactions commises par Pékin dans cette province contre les minorités musulmanes.

L'internement dans des camps de rééducation, les stérilisations forcées et d'autres violations des droits humains ont déjà été documentés par des ONG réputées et pris assez au sérieux pour être dénoncés comme un génocide par de nombreux États. Pékin dément avec véhémence et en bloc ces allégations et parle de centres de formation professionnelle pour contrer l'extrémisme.

Mme Abbas regrette l'attitude relativement discrète adoptée par l'ancienne présidente du Chili sur cette question. "Nous l'avons suppliée de parler haut et fort", insiste Mme Abbas, convaincue que son militantisme a poussé Pékin à emprisonner sa sœur Gulshan Abbas, depuis presque 4 ans.

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L'attentisme de l'ONU sur le dossier des Ouïghours

Après une longue attente, Pékin a finalement donné son feu vert à une visite de Mme Bachelet en Chine, y compris dans le Xinjiang, mais les termes de la visite n'ont pas été rendus publics.

Et des organismes de défense des droits humains se sont inquiétés de ce que la visite ne retarde encore la publication de ce rapport très attendu, même si les équipes de Mme Bachelet n'ont pu se rendre sur place pour le compiler.


Selon des sources diplomatiques, le document est finalisé depuis août 2021. "Il faut qu'elle publie le rapport. Elle a toutes les preuves qu'il faut", insiste Mme Abbas et de marteler: "Qu'est-ce qu'elle attend ? Le feu vert du gouvernement chinois?".

Pour Mme Abbas le rapport est plus important que la visite, "qui sera certainement manipulée avec des interviews préparées d'avance" et utilisée par Pékin à des fins de "propagande". "Si elle ne publie pas le rapport et si elle n'a pas un accès totalement libre -ce qu'elle n'aura pas- ce voyage fera du mal au peuple ouïghour", estime Mme Abbas.

Tout en critiquant le principe du voyage, la militante espère que Mme Bachelet pourra rencontrer sa sœur. "Donnez nous au moins une preuve de vie (...) Je ne sais pas où elle est, comment va sa santé".

Un "deux poids deux mesures" critiqué 

Rushan Abbas dénonce "l'hypocrisie" des États et entreprises qui continuent à faire affaire avec Pékin. Et elle ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec le traitement de la Russie après l'invasion de l'Ukraine.

"Toutes ces entreprises qui ont à juste titre quitté si rapidement la Russie continuent à faire des affaires en Chine", note Mme Abbas, et faisant semblant de s'interroger, ajoute: serait-ce "parce qu'elles ne font pas assez d'argent en Russie?"

Elle a rendu un hommage appuyé au président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a jugé que si l'ONU n'arrivait pas à stopper les atrocités autant la dissoudre.

La passivité des Nations unies "a été une énorme déception pour les Ouïghours et maintenant, c'est une immense déception pour le président Zelensky et le peuple ukrainien", l'ONU "doit agir", lance Mme Abbas.

Avec AFP
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