La thématique de la vente des lingots d’or de l’État libanais a été abordée une première fois en 1999, alors que Salim Hoss était chef du gouvernement et que le pays faisait face à des difficultés financières et monétaires. Rapidement, le pouvoir a clos le sujet. Aujourd’hui, ce sujet «tabou» refait surface dans des moments délicats d’une détérioration de la situation socio-économique et monétaire sans précédent dans l’histoire du Liban.
Tout le monde sait que les réserves de la Banque du Liban (BDL) se réduisent comme peau de chagrin. Le gouverneur Riad Salamé a récemment fait une déclaration à la Middle East News Agency, qu’il a voulu un tant soit peu rassurante, en soulignant que «le total des réserves de liquidités en devises étrangères s'élevaient à 12 milliards et 748 millions de dollars jusqu'à la fin février dernier», alors que «les réserves d'or de la banque s'élevaient à 17,547 milliards de dollars américains jusqu'à fin février dernier, de sorte que le Liban conserve sa position de deuxième plus grand détenteur de réserves d'or dans la région arabe, avec une richesse estimée à 286 tonnes d'or».
Quel que soit le montant des réserves, les conditions du marché financier domestique sont délicates alors que la Banque du Liban est soumise à de fortes pressions afin de maintenir ses subventions sur les prix du pain et certains médicaments.
La question des subventions
Le Conseil des ministres, qui se réunit jeudi dans la matinée, planchera principalement sur l’affaire des subventions. Une source fiable proche de la Banque centrale a confié à Ici Beyrouth que la BDL ne cèdera pas devant l’insistance du gouvernement en l’absence d’une couverture légale. «Nous avons communiqué avec le gouvernement sur un contrat de prêt pour ses besoins en devises car les réserves de la Banque centrale ont atteint le niveau des placements obligatoires. Nous avons besoin d'une loi appropriée pour nous protéger des obligations légales. Nous avons déjà trois procès. Tous les membres du conseil central depuis 1993 à ce jour font l’objet de poursuites judiciaires populistes insensées», relève ladite source, qui ajoute «qu’aucun parmi les responsables politiques ne veut assumer ses responsabilités sur ce plan, d’où le recours du pouvoir à une solution provisoire, celle de l’utilisation d’une partie des droits de tirage spéciaux pour le financement de l’importation du blé.»
Le recours à l’or
Comme le stock des réserves en devises a chuté bien en dessous du «niveau objectif», reprenant ainsi la définition des économistes Wilfred Ethier et Arthur Bloomfield, les regards des créanciers se tournent naturellement vers les réserves des lingots d’or de la Banque du Liban.
La loi 42/86 datée du 24 septembre 1986 stipule qu’exceptionnellement et contrairement à tout autre texte, il est absolument interdit de disposer des avoirs en or de la Banque du Liban quelle que soit la nature de cette mise à disposition, directe ou indirecte, qu’en vertu d’un texte de loi approuvé par le Parlement. «La rédaction du texte de la loi bien que légèrement maladroite est suffisamment explicite et détaillée pour prohiber toute sorte d’opération portant sur l’or de la BDL, même en deça du transfert de propriété comme par exemple la location de l’or», souligne le professeur Nasri Diab, avocat spécialisé en droit bancaire et financier. Mais comme le principe élémentaire du droit stipule qu’une loi peut en abroger ou en amender une autre, la mise à disposition de l’or peut être concrétisée rapidement si une volonté politique se manifeste, ce qui est mentionné dans l’article in fine. «Si ceci se produit, il s’agira d’une véritable catastrophe», relève Me Diab, qui considère «qu’il est inadmissible que la caste politique, qui a mené le pays à la ruine dispose des lingots d’or.»
En réponse à une question d’Ici Beyrouth, il confirme en revanche que les lingots d’or de la Banque du Liban, comme tous les biens de l’État ne sont pas sacrés et peuvent être utilisés en cas de crise. «L’or de la BDL, ressemble un peu aux bijoux de famille qu’on souhaite transmettre aux générations futures mais ne faut-il pas penser a priori aux générations actuelles pour qu’il y ait des générations futures?»
Comptage des lingots
Sur le terrain, la BDL a repris dernièrement le comptage de ses lingots d’or, une opération qui avait débuté en mars 2020 mais interrompue suite à la pandémie. Elle avait été initiée par le cabinet de Hassane Diab à la demande du Fonds monétaire international, ce dernier ayant requis un inventaire des actifs de l’État et de la BDL pour être à même de définir les pertes. L’opération de comptage sera suivie d’une procédure d’évaluation du stock d’or qui sera effectuée par la société KPMG. Ces lingots d’or ont été achetés par l’ancien président de la République et ancien gouverneur de la BDL Élias Sarkis. Toujours est-il qu'il est nécessaire d’indiquer que les personnes chargées du comptage des lingots d’or devraient se charger du comptage des 700 000 pièces que possède la Banque centrale. La valeur de ces pièces historiques reste à démontrer.
Tout le monde sait que les réserves de la Banque du Liban (BDL) se réduisent comme peau de chagrin. Le gouverneur Riad Salamé a récemment fait une déclaration à la Middle East News Agency, qu’il a voulu un tant soit peu rassurante, en soulignant que «le total des réserves de liquidités en devises étrangères s'élevaient à 12 milliards et 748 millions de dollars jusqu'à la fin février dernier», alors que «les réserves d'or de la banque s'élevaient à 17,547 milliards de dollars américains jusqu'à fin février dernier, de sorte que le Liban conserve sa position de deuxième plus grand détenteur de réserves d'or dans la région arabe, avec une richesse estimée à 286 tonnes d'or».
Quel que soit le montant des réserves, les conditions du marché financier domestique sont délicates alors que la Banque du Liban est soumise à de fortes pressions afin de maintenir ses subventions sur les prix du pain et certains médicaments.
La question des subventions
Le Conseil des ministres, qui se réunit jeudi dans la matinée, planchera principalement sur l’affaire des subventions. Une source fiable proche de la Banque centrale a confié à Ici Beyrouth que la BDL ne cèdera pas devant l’insistance du gouvernement en l’absence d’une couverture légale. «Nous avons communiqué avec le gouvernement sur un contrat de prêt pour ses besoins en devises car les réserves de la Banque centrale ont atteint le niveau des placements obligatoires. Nous avons besoin d'une loi appropriée pour nous protéger des obligations légales. Nous avons déjà trois procès. Tous les membres du conseil central depuis 1993 à ce jour font l’objet de poursuites judiciaires populistes insensées», relève ladite source, qui ajoute «qu’aucun parmi les responsables politiques ne veut assumer ses responsabilités sur ce plan, d’où le recours du pouvoir à une solution provisoire, celle de l’utilisation d’une partie des droits de tirage spéciaux pour le financement de l’importation du blé.»
Le recours à l’or
Comme le stock des réserves en devises a chuté bien en dessous du «niveau objectif», reprenant ainsi la définition des économistes Wilfred Ethier et Arthur Bloomfield, les regards des créanciers se tournent naturellement vers les réserves des lingots d’or de la Banque du Liban.
La loi 42/86 datée du 24 septembre 1986 stipule qu’exceptionnellement et contrairement à tout autre texte, il est absolument interdit de disposer des avoirs en or de la Banque du Liban quelle que soit la nature de cette mise à disposition, directe ou indirecte, qu’en vertu d’un texte de loi approuvé par le Parlement. «La rédaction du texte de la loi bien que légèrement maladroite est suffisamment explicite et détaillée pour prohiber toute sorte d’opération portant sur l’or de la BDL, même en deça du transfert de propriété comme par exemple la location de l’or», souligne le professeur Nasri Diab, avocat spécialisé en droit bancaire et financier. Mais comme le principe élémentaire du droit stipule qu’une loi peut en abroger ou en amender une autre, la mise à disposition de l’or peut être concrétisée rapidement si une volonté politique se manifeste, ce qui est mentionné dans l’article in fine. «Si ceci se produit, il s’agira d’une véritable catastrophe», relève Me Diab, qui considère «qu’il est inadmissible que la caste politique, qui a mené le pays à la ruine dispose des lingots d’or.»
En réponse à une question d’Ici Beyrouth, il confirme en revanche que les lingots d’or de la Banque du Liban, comme tous les biens de l’État ne sont pas sacrés et peuvent être utilisés en cas de crise. «L’or de la BDL, ressemble un peu aux bijoux de famille qu’on souhaite transmettre aux générations futures mais ne faut-il pas penser a priori aux générations actuelles pour qu’il y ait des générations futures?»
Comptage des lingots
Sur le terrain, la BDL a repris dernièrement le comptage de ses lingots d’or, une opération qui avait débuté en mars 2020 mais interrompue suite à la pandémie. Elle avait été initiée par le cabinet de Hassane Diab à la demande du Fonds monétaire international, ce dernier ayant requis un inventaire des actifs de l’État et de la BDL pour être à même de définir les pertes. L’opération de comptage sera suivie d’une procédure d’évaluation du stock d’or qui sera effectuée par la société KPMG. Ces lingots d’or ont été achetés par l’ancien président de la République et ancien gouverneur de la BDL Élias Sarkis. Toujours est-il qu'il est nécessaire d’indiquer que les personnes chargées du comptage des lingots d’or devraient se charger du comptage des 700 000 pièces que possède la Banque centrale. La valeur de ces pièces historiques reste à démontrer.
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