©Photo prise le 20 décembre 2021 depuis l'église orthodoxe de Marie-Madeleine au sommet du mont des Oliviers montrant une vue de derrière un crucifix sur la vieille ville de Jérusalem. (AFP)
Les Églises sont vent debout alors que la judaïsation de la Vieille Ville s'accélère avec l'assentiment des autorités israéliennes, qui n'ont pas la volonté de respecter le caractère chrétien de Jérusalem. Des colons ont récemment pénétré dans l'hôtel Pétra et ont par le passé occupé illégalement de nombreux bâtiments appartenant aux Églises dans le quartier chrétien de Jérusalem. Des manœuvres visant à "débarrasser la Terre Sainte" des profanes et installer en masse des colons juifs.
"Le caractère chrétien de Jérusalem est menacé" : dans la Ville Sainte, les Églises sont vent debout ces jours-ci contre des "radicaux" juifs qui s'implantent dans le quartier chrétien et menacent, alertent-elles, un fragile équilibre confessionnel.
Ces colons israéliens sont décidés "à débarrasser la Terre sainte des profanes" que sont à leurs yeux les chrétiens, lance sans ambages le patriarche grec-orthodoxe Théophile III dans un entretien à l'AFP dans la Vieille Ville de Jérusalem, divisée en quatre quartiers historiques (chrétien, juif, musulman et arménien).
Son Église est au cœur d'une bataille judiciaire vieille de 17 ans qui a un pris un nouveau tournant le 27 mars, lorsque des colons ont pénétré dans l'hôtel Petra, dont elle est propriétaire et géré par des Palestiniens à la porte de Jaffa, principale entrée de la Vieille Ville donnant sur le quartier chrétien.
Les colons de l'organisation nationaliste israélienne Ateret Cohanim, qui œuvre à la "judaïsation" de Jérusalem en rachetant des biens de manière souvent opaque, sont entrés dans l'hôtel par "effraction", dénonce l'Église grecque-orthodoxe, soulignant que leur litige n'a pas été tranché. L'Église avait traîné Ateret Cohanim en justice en 2005 après la vente de trois de ses biens, dont l'hôtel, qu'elle dit conclue sans son autorisation, blâmant un avocat véreux ayant "volé le patriarcat".
Le patriarche Théophile III dit avoir le soutien de l'État israélien qui lui a "promis" d'agir pour que les colons quittent les lieux. Mais deux semaines après, ceux-ci étaient toujours sur place, au grand désespoir du chef local de l'Église grecque-orthodoxe. Ce dernier se désole que le gouvernement israélien "ne semble pas avoir le pouvoir ou la volonté" de contrecarrer les projets de ces "radicaux" juifs qui "menacent" le "caractère chrétien de Jérusalem".
Judaïser les quartiers chrétiens de Jérusalem
Si les colons parviennent à s'emparer légalement des trois biens de l'Église grecque-orthodoxe, ils pourront y loger des centaines de personnes, "ce qui changera complètement la nature du quartier chrétien", souligne Hagit Ofran, de l'organisation israélienne anticolonisation "La paix maintenant". Ces biens du quartier chrétien, dans le viseur des colons, y sont devenus des symboles de la colonisation israélienne, illégale au regard du droit international.
Mais celle-ci est plus large : selon l'ONU, environ 300 colons vivent dans la partie chrétienne de la Vieille Ville située à Jérusalem-Est, secteur palestinien illégalement annexé en 1967 par Israël. Constatant une accélération de la colonisation, mais aussi des actes de vandalisme ou des agressions anti-chrétiennes, les Églises haussent le ton.
Aux abords de la Vieille Ville, sur le Mont des Oliviers où se dressent plusieurs éminentes églises, Israël prévoit d'étendre un parc qui empiéterait ainsi sur des terres appartenant à des institutions chrétiennes. Les trois communautés concernées (grecque-orthodoxe, arménienne et franciscaine), ont adressé en février une lettre assassine aux autorités.
"Ces dernières années, nous n'avons pu nous empêcher de penser que diverses entités cherchaient à minimiser, pour ne pas dire éliminer, tout attribut non juif de la Ville Sainte", ont-elles écrit.
En décembre, Israël avait été irrité par des propos de l'archevêque de Canterbury (Royaume-Uni) et chef de l'Église anglicane, Justin Welby, estimant que la hausse des agressions et du vandalisme de lieux saints relevaient d'une "tentative concertée" de faire partir les chrétiens. Israël a dénoncé des accusations "sans fondement".
Une colonisation progressive avec le soutien des autorités
Pour Mme Ofran, le gouvernement fait le minimum, voire "protège les colons" via ses forces de l'ordre qui ne les délogent pas. L'État hébreu, qui considère l'entièreté de Jérusalem comme sa capitale "indivisible", "veut créer un environnement juif, avec des enclaves chrétiennes", accuse-t-elle.
Le père Nikodemus Schnabel, de la communauté bénédictine sur le mont Sion, accolé à la Vieille Ville, regrette que l'État "ferme les yeux". Son Abbaye de la Dormition est la cible d'actes de vandalisme attribués à des colons et qui se sont multipliés ces derniers mois. Il ne faut pas sous-estimer la "haine des chrétiens" qui agite une minorité extrémiste en Israël et qui sous-tend la colonisation, dit-il.
Pourtant, "quel ennui ce serait si Jérusalem n'était que juive, que chrétienne ou que musulmane !", ajoute le religieux, quelques jours avant que, fait rare, les célébrations juive de Pessah, chrétienne de Pâques, et musulmane du ramadan ne coïncident.
Avec AFP
"Le caractère chrétien de Jérusalem est menacé" : dans la Ville Sainte, les Églises sont vent debout ces jours-ci contre des "radicaux" juifs qui s'implantent dans le quartier chrétien et menacent, alertent-elles, un fragile équilibre confessionnel.
Ces colons israéliens sont décidés "à débarrasser la Terre sainte des profanes" que sont à leurs yeux les chrétiens, lance sans ambages le patriarche grec-orthodoxe Théophile III dans un entretien à l'AFP dans la Vieille Ville de Jérusalem, divisée en quatre quartiers historiques (chrétien, juif, musulman et arménien).
Son Église est au cœur d'une bataille judiciaire vieille de 17 ans qui a un pris un nouveau tournant le 27 mars, lorsque des colons ont pénétré dans l'hôtel Petra, dont elle est propriétaire et géré par des Palestiniens à la porte de Jaffa, principale entrée de la Vieille Ville donnant sur le quartier chrétien.
Les colons de l'organisation nationaliste israélienne Ateret Cohanim, qui œuvre à la "judaïsation" de Jérusalem en rachetant des biens de manière souvent opaque, sont entrés dans l'hôtel par "effraction", dénonce l'Église grecque-orthodoxe, soulignant que leur litige n'a pas été tranché. L'Église avait traîné Ateret Cohanim en justice en 2005 après la vente de trois de ses biens, dont l'hôtel, qu'elle dit conclue sans son autorisation, blâmant un avocat véreux ayant "volé le patriarcat".
Le patriarche Théophile III dit avoir le soutien de l'État israélien qui lui a "promis" d'agir pour que les colons quittent les lieux. Mais deux semaines après, ceux-ci étaient toujours sur place, au grand désespoir du chef local de l'Église grecque-orthodoxe. Ce dernier se désole que le gouvernement israélien "ne semble pas avoir le pouvoir ou la volonté" de contrecarrer les projets de ces "radicaux" juifs qui "menacent" le "caractère chrétien de Jérusalem".
Judaïser les quartiers chrétiens de Jérusalem
Si les colons parviennent à s'emparer légalement des trois biens de l'Église grecque-orthodoxe, ils pourront y loger des centaines de personnes, "ce qui changera complètement la nature du quartier chrétien", souligne Hagit Ofran, de l'organisation israélienne anticolonisation "La paix maintenant". Ces biens du quartier chrétien, dans le viseur des colons, y sont devenus des symboles de la colonisation israélienne, illégale au regard du droit international.
Mais celle-ci est plus large : selon l'ONU, environ 300 colons vivent dans la partie chrétienne de la Vieille Ville située à Jérusalem-Est, secteur palestinien illégalement annexé en 1967 par Israël. Constatant une accélération de la colonisation, mais aussi des actes de vandalisme ou des agressions anti-chrétiennes, les Églises haussent le ton.
Aux abords de la Vieille Ville, sur le Mont des Oliviers où se dressent plusieurs éminentes églises, Israël prévoit d'étendre un parc qui empiéterait ainsi sur des terres appartenant à des institutions chrétiennes. Les trois communautés concernées (grecque-orthodoxe, arménienne et franciscaine), ont adressé en février une lettre assassine aux autorités.
"Ces dernières années, nous n'avons pu nous empêcher de penser que diverses entités cherchaient à minimiser, pour ne pas dire éliminer, tout attribut non juif de la Ville Sainte", ont-elles écrit.
En décembre, Israël avait été irrité par des propos de l'archevêque de Canterbury (Royaume-Uni) et chef de l'Église anglicane, Justin Welby, estimant que la hausse des agressions et du vandalisme de lieux saints relevaient d'une "tentative concertée" de faire partir les chrétiens. Israël a dénoncé des accusations "sans fondement".
Une colonisation progressive avec le soutien des autorités
Pour Mme Ofran, le gouvernement fait le minimum, voire "protège les colons" via ses forces de l'ordre qui ne les délogent pas. L'État hébreu, qui considère l'entièreté de Jérusalem comme sa capitale "indivisible", "veut créer un environnement juif, avec des enclaves chrétiennes", accuse-t-elle.
Le père Nikodemus Schnabel, de la communauté bénédictine sur le mont Sion, accolé à la Vieille Ville, regrette que l'État "ferme les yeux". Son Abbaye de la Dormition est la cible d'actes de vandalisme attribués à des colons et qui se sont multipliés ces derniers mois. Il ne faut pas sous-estimer la "haine des chrétiens" qui agite une minorité extrémiste en Israël et qui sous-tend la colonisation, dit-il.
Pourtant, "quel ennui ce serait si Jérusalem n'était que juive, que chrétienne ou que musulmane !", ajoute le religieux, quelques jours avant que, fait rare, les célébrations juive de Pessah, chrétienne de Pâques, et musulmane du ramadan ne coïncident.
Avec AFP
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