Un plan gouvernemental de sauvetage, attendu depuis longtemps et promis dans le cadre de l’accord préliminaire avec le FMI, a fuité dans ses grandes lignes ces derniers jours, suscitant encore plus de désolation que celui de Hassan Diab. Il s’agit manifestement d’un brouillon, car certaines précisions sont encore omises, mais le fond y est.
Encore une fois, l’État se décharge de toute responsabilité dans le remboursement des pertes financières, évaluées à 72 milliards de dollars, alors qu’il est la source avérée de ces pertes. Du coup, il ne trouve d’autre solution que de rejeter une telle charge sur la Banque centrale (BDL), les banques commerciales, et les déposants.
La BDL en première ligne
D’abord la BDL, accusée de tous les maux : ‘’Ingénieries financières adoptées pour attirer des capitaux’’, ‘’pertes pour maintenir le système du taux fixe’’, puis mauvaise gouvernance. En filigrane, c’est le gouverneur qui est visé, alors que c’est le Conseil central qui prend les décisions, lequel comprend les directeurs généraux des ministères des Finances et de l’Économie et le commissaire du gouvernement auprès de la BDL.
Le gouvernement, selon le texte, veut recapitaliser la BDL, ‘’dont les pertes dépassent 60 milliards de dollars’’. Puis ‘’nous allons effacer une partie des engagements de la BDL en devises envers les banques (60 milliards de dollars).’’ Encore une façon d’amener les banques à la faillite. Le texte projette également de revoir la structure des différents départements (commission de contrôle, Conseil bancaire supérieur, etc.), puis la gouvernance, l’audit, et le processus de prise de décision.
En même temps, le taux de change sera unifié, défini par Sayrafa, avec des interventions ponctuelles en cas de dépassements importants, puis reconstitution des réserves qui ont été dilapidées par les subventions. En tout cas, il n’y aura plus, selon le plan, de financement de la BDL au déficit de l’État.
Protection illusoire des dépôts
Deuxième étape, les banques commerciales. Le plan prévoit des actions déjà en cours : des lois pour le contrôle des capitaux, amendement du secret bancaire, et une troisième loi pour la restructuration des banques. Si les deux premières sont claires dans leurs grandes lignes, la troisième est encore un mystère bien gardé, de sorte qu’elle suscite des appréhensions dans les milieux bancaires et économiques. Vu l’historique des interventions gouvernementales, elle peut vouloir dire tout simplement mettre la main sur certaines banques, quand on ne peut pas les liquider.
Pratiquement, le plan prévoit la recapitalisation des banques commerciales et la liquidation de celles qui ne peuvent être sauvées. Les pertes seront réparties, dans cet ordre, sur le capital (fonds propres, qui seront réduits à zéro), puis les divers instruments financiers, puis les dépôts. Pour ces derniers, la ‘protection’ se limite à 100.000 dollars (selon les cas), mais sans préciser qui va assurer cette protection alors que l’État est en faillite. Les dépôts qui dépassent ce seuil seront soumis à une ponction (haircut), ou seront transformés en actions (bail-in), ou alors seront payés en partie en LL, mais selon un taux de change inférieur à celui du marché.
À cette fin, poursuit le texte, ‘’nous allons procéder à l’audit des 14 premières banques, et l’évaluation sera finalisée en septembre 2022. Puis nous allons demander aux actionnaires (anciens ou nouveaux) des banques survivantes d’injecter de l’argent frais comme fonds propres.’’
L’impasse de la dette
Au niveau de la dette, le plan prévoit de la ramener à moins de 100% du PIB en 2026, et 76% en 2032, ‘’grâce aux réformes que nous allons entreprendre’’. Entre-temps, l’État aura toujours besoin d’emprunter tant que son budget n’est pas équilibré. Mais comme il ne peut recourir aux marchés des capitaux depuis qu’il a fait défaut en mars 2020, le gouvernement prévoit de recourir aux sources publiques (Banque mondiale, FMI, pays amis…). Cela posera cependant un problème crucial: jusqu’en 2020, l’État empruntait des banques, de la BDL, et de certains fonds internationaux, sans rendre compte à quiconque sur la façon de dépenser ou de dilapider cet argent. Avec les nouveaux bailleurs de fonds, cela ne sera plus possible, car ils vont exiger un audit permanent vu la réputation sulfureuse de la classe politique.
Mais pour limiter l’endettement, le gouvernement veut, selon le texte, augmenter les taxes (TVA à 15%), puis reconsidérer tout l’appareil administratif pour en diminuer la charge. Parallèlement, le texte ressasse la rengaine de la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale.
L’électricité en ligne de mire
Enfin, pour l’électricité, source de tous les maux si l’en est, le plan veut absolument répéter les mêmes erreurs que depuis le premier plan Bassil, il y a 15 ans : construire et gérer de nouvelles stations pour assurer le courant 24/24 en 2025, et en parallèle augmenter les tarifs. Le rôle du secteur privé, seul capable de résoudre l’impossible énigme, ne sera retenu qu’au niveau de l’exécution.
En gros, le pouvoir, qui a saccagé le pays pendant des années, veut encore une fois sanctionner ceux qui lui ont fait confiance, et sortir indemne du grand pillage.
Encore une fois, l’État se décharge de toute responsabilité dans le remboursement des pertes financières, évaluées à 72 milliards de dollars, alors qu’il est la source avérée de ces pertes. Du coup, il ne trouve d’autre solution que de rejeter une telle charge sur la Banque centrale (BDL), les banques commerciales, et les déposants.
La BDL en première ligne
D’abord la BDL, accusée de tous les maux : ‘’Ingénieries financières adoptées pour attirer des capitaux’’, ‘’pertes pour maintenir le système du taux fixe’’, puis mauvaise gouvernance. En filigrane, c’est le gouverneur qui est visé, alors que c’est le Conseil central qui prend les décisions, lequel comprend les directeurs généraux des ministères des Finances et de l’Économie et le commissaire du gouvernement auprès de la BDL.
Le gouvernement, selon le texte, veut recapitaliser la BDL, ‘’dont les pertes dépassent 60 milliards de dollars’’. Puis ‘’nous allons effacer une partie des engagements de la BDL en devises envers les banques (60 milliards de dollars).’’ Encore une façon d’amener les banques à la faillite. Le texte projette également de revoir la structure des différents départements (commission de contrôle, Conseil bancaire supérieur, etc.), puis la gouvernance, l’audit, et le processus de prise de décision.
En même temps, le taux de change sera unifié, défini par Sayrafa, avec des interventions ponctuelles en cas de dépassements importants, puis reconstitution des réserves qui ont été dilapidées par les subventions. En tout cas, il n’y aura plus, selon le plan, de financement de la BDL au déficit de l’État.
Protection illusoire des dépôts
Deuxième étape, les banques commerciales. Le plan prévoit des actions déjà en cours : des lois pour le contrôle des capitaux, amendement du secret bancaire, et une troisième loi pour la restructuration des banques. Si les deux premières sont claires dans leurs grandes lignes, la troisième est encore un mystère bien gardé, de sorte qu’elle suscite des appréhensions dans les milieux bancaires et économiques. Vu l’historique des interventions gouvernementales, elle peut vouloir dire tout simplement mettre la main sur certaines banques, quand on ne peut pas les liquider.
Pratiquement, le plan prévoit la recapitalisation des banques commerciales et la liquidation de celles qui ne peuvent être sauvées. Les pertes seront réparties, dans cet ordre, sur le capital (fonds propres, qui seront réduits à zéro), puis les divers instruments financiers, puis les dépôts. Pour ces derniers, la ‘protection’ se limite à 100.000 dollars (selon les cas), mais sans préciser qui va assurer cette protection alors que l’État est en faillite. Les dépôts qui dépassent ce seuil seront soumis à une ponction (haircut), ou seront transformés en actions (bail-in), ou alors seront payés en partie en LL, mais selon un taux de change inférieur à celui du marché.
À cette fin, poursuit le texte, ‘’nous allons procéder à l’audit des 14 premières banques, et l’évaluation sera finalisée en septembre 2022. Puis nous allons demander aux actionnaires (anciens ou nouveaux) des banques survivantes d’injecter de l’argent frais comme fonds propres.’’
L’impasse de la dette
Au niveau de la dette, le plan prévoit de la ramener à moins de 100% du PIB en 2026, et 76% en 2032, ‘’grâce aux réformes que nous allons entreprendre’’. Entre-temps, l’État aura toujours besoin d’emprunter tant que son budget n’est pas équilibré. Mais comme il ne peut recourir aux marchés des capitaux depuis qu’il a fait défaut en mars 2020, le gouvernement prévoit de recourir aux sources publiques (Banque mondiale, FMI, pays amis…). Cela posera cependant un problème crucial: jusqu’en 2020, l’État empruntait des banques, de la BDL, et de certains fonds internationaux, sans rendre compte à quiconque sur la façon de dépenser ou de dilapider cet argent. Avec les nouveaux bailleurs de fonds, cela ne sera plus possible, car ils vont exiger un audit permanent vu la réputation sulfureuse de la classe politique.
Mais pour limiter l’endettement, le gouvernement veut, selon le texte, augmenter les taxes (TVA à 15%), puis reconsidérer tout l’appareil administratif pour en diminuer la charge. Parallèlement, le texte ressasse la rengaine de la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale.
L’électricité en ligne de mire
Enfin, pour l’électricité, source de tous les maux si l’en est, le plan veut absolument répéter les mêmes erreurs que depuis le premier plan Bassil, il y a 15 ans : construire et gérer de nouvelles stations pour assurer le courant 24/24 en 2025, et en parallèle augmenter les tarifs. Le rôle du secteur privé, seul capable de résoudre l’impossible énigme, ne sera retenu qu’au niveau de l’exécution.
En gros, le pouvoir, qui a saccagé le pays pendant des années, veut encore une fois sanctionner ceux qui lui ont fait confiance, et sortir indemne du grand pillage.
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