Certaines alliances électorales actuelles façonneront les alliances politiques consécutives aux législatives du 15 mai, certes, mais les bouleversements aux niveaux interne et régional en termes d'alignements futurs et les axes autour desquels elles s’articuleront sont de loin plus importants et plus complexes que ce que laisse entrevoir la scène politique actuelle.
L’un des principaux indicateurs de préparatifs d’alignements futurs reste la rencontre des deux chefs de partis chrétiens, également ennemis jurés, Gebran Bassil et Sleiman Frangié, organisée récemment par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Les deux chefs du Courant patriotique libre et des Marada sont en froid depuis plusieurs années et se livrent à un combat politique sans fin depuis l'élection du fondateur du CPL, Michel Aoun, à la présidence de la République.
Tout le monde s’interrogeait d’ailleurs sur les raisons pour lesquelles le Hezbollah ne les avait pas jusque-là réconciliés, sans obtenir une réponse convaincante. La formation pro-iranienne qui a réussi à organiser ces retrouvailles à la faveur d’un iftar du Ramadan, aurait en effet pu prendre l’initiative de les réunir à n’importe quel moment. Si elle ne semblait pas pressée de le faire, c’est que cette réconciliation ne servait pas vraiment son intérêt ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Selon des informations obtenues par Ici Beyrouth, «le Hezbollah a commencé à resserrer les rangs de camp du 8 Mars en vue de préparer les échéances qui suivront les élections législatives, notamment l’élection du président du Parlement, la nomination d’un chef du gouvernement, la formation du gouvernement et l’élection présidentielle prévue à l’automne 2022».
Parallèlement, ceux qui suivent de près les stratégies du Hezbollah affirment s’attendre au lendemain des législatives à ce que «la polarisation entre le 8 et le 14 Mars ressurgisse mais sous une forme nouvelle ». C’est ce que l’un d’eux confie à Ici Beyrouth. À leur naissance, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, « les deux camps se positionnaient l’un avec et l’autre contre la Syrie, or cet alignement n’est plus de mise aujourd’hui, tellement de choses se sont produites depuis », indique-t-on de mêmes sources, en disant s’attendre à un alignement avec et contre la résistance.
Son intensité sera cependant fonction d’une série de paramètres liés notamment à « l’impulsion régionale et internationale, en particulier les négociations irano-occidentales dans le cadre de l'accord nucléaire iranien, ainsi que les pourparlers directs et indirects irano-saoudiens ». « D’aucuns savent que les résultats d'éventuels accords et ententes entre acteurs internationaux et régionaux tardent à se répercuter sur le Liban s’ils sont positifs alors que les retombées de leurs désaccords se font sentir immédiatement sur la situation dans le pays», selon les mêmes sources.
En attendant d’y voir un peu plus clair aux niveaux régional et international, « un bras de fer coriace entre les pro et les anti Hezbollah est à prévoir après les élections, quels que soient les résultats du scrutin », analysent ces sources, en estimant que « chaque partie cherchera soit à imposer ses conditions, soit à les améliorer », alors qu’elles scrutent les changements qui interviennent sur le double plan régional et international. Chacune peut en effet en tirer profit à un moment ou à un autre.
Dans ce contexte, la position des Forces libanaises peut être interprétée comme un autre indicateur de la polarisation attendue après le scrutin. Le parti de Samir Geagea a déjà annoncé qu’il « n’avait pas l'intention de voter en faveur d’une reconduction de Nabih Berry à la tête de la Chambre, et que le prochain gouvernement ne sera pas un gouvernement d'union nationale, mais plutôt un gouvernement de la majorité, et que la minorité logera dans les rangs de l'opposition, alors que le Hezbollah a toujours marqué une préférence pour les cabinets d’union nationale », expliquent ces sources.
La position des FL aurait été encouragée par le retour des ambassadeurs des monarchies du Golfe qui augure elle aussi de l’ouverture d’une nouvelle page politique dans laquelle ces monarchies auraient un rôle prépondérant à jouer. Le retour des diplomates s’inscrit sans aucun doute dans la perspective d’un soutien à une unification des forces dites souveraines, vu que celles-ci semblent incapables de le faire d’elles-mêmes.
Il est devenu clair, dans le même ordre d’idées, que l'alliance électorale entre les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste est un prélude au rétablissement de l'alliance politique entre eux. Les déclarations du chef du PSP Walid Joumblatt qui rejoignent en grande partie les positions du chef des FL Samir Geagea illustrent ce rapprochement. D’ailleurs, dans un discours récemment, M. Geagea avait affirmé en évoquant la présidentielle que «ni Gebran Bassil ni Sleiman Frangié ne seront chefs d’Etat», en barrant ainsi la voie à un éventuel compromis, similaire à celui qui avait ouvert la voie de Baabda devant Michel Aoun. A ce sujet, il avait commenté : « La dernière fois, nous sommes allés dans le sens voulu par le Premier ministre Saad Hariri mais nous avons fini tous les deux par en payer le prix».
Le retour aux deux camps du 8 et du 14 Mars, fusse-t-il sous une forme nouvelle, n’aurait cependant rien d’innocent, aux yeux notamment de la société civile, après des années au cours desquelles les alliances au sein de chaque camp se sont faites et défaites en fonction des circonstances et au «cas par cas», en fonction des intérêts des uns et des autres.
L’opposition le perçoit ainsi comme une tentative de la classe politique de retourner à la période antérieure au soulèvement du 17 octobre 2019, lorsque le pays vivait au rythme des désaccords et des ententes des partis au pouvoir autour du seul partage de parts. Selon des sources de l’opposition, «la majorité des Libanais a pris conscience de cette réalité amère et a renversé la table face à tous les protagonistes lors du soulèvement du 17 octobre, les défiant tous sans exception. Néanmoins, ces forces mafieuses tentent aujourd’hui de remonter le temps, persuadées que la chute d’une partie d’entre elles aura un effet domino et fera tomber les autres».
Elles disent redouter un « nouveau plan de l’establishment politique qui entretient l’idée selon laquelle le temps des forces du changement et de la révolution est révolu et que les partis en place opéreront un retour en force après les élections, forts d’une légitimité mise en cause pendant les trois dernières années ». Ce plan, estiment les sources de l’opposition, consiste à « leurrer la population en lui faisant croire que le pays est divisé entre des forces souverainistes opposées au Hezbollah et des forces attachées à ce dernier et à ses armes, alors que les Libanais sont essentiellement soucieux de gagner leur vie.
Quoi qu’il en soit, les résultats des législatives du 15 mai vont sans doute définir les contours de la prochaine étape politique. Si les forces du changement réussissent une percée au Parlement avec un bloc capable d’avoir un rôle concret et non de jouer aux figurants, elles pourront alors imposer l'esquisse d’une nouvelle action politique et avoir un impact sur les alignements politiques.
L’un des principaux indicateurs de préparatifs d’alignements futurs reste la rencontre des deux chefs de partis chrétiens, également ennemis jurés, Gebran Bassil et Sleiman Frangié, organisée récemment par le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah. Les deux chefs du Courant patriotique libre et des Marada sont en froid depuis plusieurs années et se livrent à un combat politique sans fin depuis l'élection du fondateur du CPL, Michel Aoun, à la présidence de la République.
Tout le monde s’interrogeait d’ailleurs sur les raisons pour lesquelles le Hezbollah ne les avait pas jusque-là réconciliés, sans obtenir une réponse convaincante. La formation pro-iranienne qui a réussi à organiser ces retrouvailles à la faveur d’un iftar du Ramadan, aurait en effet pu prendre l’initiative de les réunir à n’importe quel moment. Si elle ne semblait pas pressée de le faire, c’est que cette réconciliation ne servait pas vraiment son intérêt ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Selon des informations obtenues par Ici Beyrouth, «le Hezbollah a commencé à resserrer les rangs de camp du 8 Mars en vue de préparer les échéances qui suivront les élections législatives, notamment l’élection du président du Parlement, la nomination d’un chef du gouvernement, la formation du gouvernement et l’élection présidentielle prévue à l’automne 2022».
Parallèlement, ceux qui suivent de près les stratégies du Hezbollah affirment s’attendre au lendemain des législatives à ce que «la polarisation entre le 8 et le 14 Mars ressurgisse mais sous une forme nouvelle ». C’est ce que l’un d’eux confie à Ici Beyrouth. À leur naissance, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, « les deux camps se positionnaient l’un avec et l’autre contre la Syrie, or cet alignement n’est plus de mise aujourd’hui, tellement de choses se sont produites depuis », indique-t-on de mêmes sources, en disant s’attendre à un alignement avec et contre la résistance.
Son intensité sera cependant fonction d’une série de paramètres liés notamment à « l’impulsion régionale et internationale, en particulier les négociations irano-occidentales dans le cadre de l'accord nucléaire iranien, ainsi que les pourparlers directs et indirects irano-saoudiens ». « D’aucuns savent que les résultats d'éventuels accords et ententes entre acteurs internationaux et régionaux tardent à se répercuter sur le Liban s’ils sont positifs alors que les retombées de leurs désaccords se font sentir immédiatement sur la situation dans le pays», selon les mêmes sources.
En attendant d’y voir un peu plus clair aux niveaux régional et international, « un bras de fer coriace entre les pro et les anti Hezbollah est à prévoir après les élections, quels que soient les résultats du scrutin », analysent ces sources, en estimant que « chaque partie cherchera soit à imposer ses conditions, soit à les améliorer », alors qu’elles scrutent les changements qui interviennent sur le double plan régional et international. Chacune peut en effet en tirer profit à un moment ou à un autre.
Dans ce contexte, la position des Forces libanaises peut être interprétée comme un autre indicateur de la polarisation attendue après le scrutin. Le parti de Samir Geagea a déjà annoncé qu’il « n’avait pas l'intention de voter en faveur d’une reconduction de Nabih Berry à la tête de la Chambre, et que le prochain gouvernement ne sera pas un gouvernement d'union nationale, mais plutôt un gouvernement de la majorité, et que la minorité logera dans les rangs de l'opposition, alors que le Hezbollah a toujours marqué une préférence pour les cabinets d’union nationale », expliquent ces sources.
La position des FL aurait été encouragée par le retour des ambassadeurs des monarchies du Golfe qui augure elle aussi de l’ouverture d’une nouvelle page politique dans laquelle ces monarchies auraient un rôle prépondérant à jouer. Le retour des diplomates s’inscrit sans aucun doute dans la perspective d’un soutien à une unification des forces dites souveraines, vu que celles-ci semblent incapables de le faire d’elles-mêmes.
Il est devenu clair, dans le même ordre d’idées, que l'alliance électorale entre les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste est un prélude au rétablissement de l'alliance politique entre eux. Les déclarations du chef du PSP Walid Joumblatt qui rejoignent en grande partie les positions du chef des FL Samir Geagea illustrent ce rapprochement. D’ailleurs, dans un discours récemment, M. Geagea avait affirmé en évoquant la présidentielle que «ni Gebran Bassil ni Sleiman Frangié ne seront chefs d’Etat», en barrant ainsi la voie à un éventuel compromis, similaire à celui qui avait ouvert la voie de Baabda devant Michel Aoun. A ce sujet, il avait commenté : « La dernière fois, nous sommes allés dans le sens voulu par le Premier ministre Saad Hariri mais nous avons fini tous les deux par en payer le prix».
Le retour aux deux camps du 8 et du 14 Mars, fusse-t-il sous une forme nouvelle, n’aurait cependant rien d’innocent, aux yeux notamment de la société civile, après des années au cours desquelles les alliances au sein de chaque camp se sont faites et défaites en fonction des circonstances et au «cas par cas», en fonction des intérêts des uns et des autres.
L’opposition le perçoit ainsi comme une tentative de la classe politique de retourner à la période antérieure au soulèvement du 17 octobre 2019, lorsque le pays vivait au rythme des désaccords et des ententes des partis au pouvoir autour du seul partage de parts. Selon des sources de l’opposition, «la majorité des Libanais a pris conscience de cette réalité amère et a renversé la table face à tous les protagonistes lors du soulèvement du 17 octobre, les défiant tous sans exception. Néanmoins, ces forces mafieuses tentent aujourd’hui de remonter le temps, persuadées que la chute d’une partie d’entre elles aura un effet domino et fera tomber les autres».
Elles disent redouter un « nouveau plan de l’establishment politique qui entretient l’idée selon laquelle le temps des forces du changement et de la révolution est révolu et que les partis en place opéreront un retour en force après les élections, forts d’une légitimité mise en cause pendant les trois dernières années ». Ce plan, estiment les sources de l’opposition, consiste à « leurrer la population en lui faisant croire que le pays est divisé entre des forces souverainistes opposées au Hezbollah et des forces attachées à ce dernier et à ses armes, alors que les Libanais sont essentiellement soucieux de gagner leur vie.
Quoi qu’il en soit, les résultats des législatives du 15 mai vont sans doute définir les contours de la prochaine étape politique. Si les forces du changement réussissent une percée au Parlement avec un bloc capable d’avoir un rôle concret et non de jouer aux figurants, elles pourront alors imposer l'esquisse d’une nouvelle action politique et avoir un impact sur les alignements politiques.
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