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Réactions en chaîne
Les États-Unis se sont dits "profondément troublés et déçus" par sa condamnation, en appelant à sa remise en liberté et en exhortant "le gouvernement à cesser les poursuites motivées par la politique".
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a, elle, dénoncé un arrêt "en contradiction flagrante avec les normes de l'Etat de droit", tandis que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a jugé que la décision témoignait "d'une sévérité maximale".
La représentante de Human Rights Watch, Emma Sinclair-Webb, présente au tribunal, a dénoncé sur Twitter le "pire dénouement possible" - "Horrible, cruel et diabolique", et le directeur Europe d'Amnesty International, Nils Muižnieks, a fustigé une "parodie de justice".
"Assassinat judiciaire"
L'association turque des juristes contemporains (CHD) a appelé les avocats à participer à une veille mardi devant le palais de justice pour protester contre le verdict. "Ce gouvernement, qui s'est abattu sur le pays comme un cauchemar, continue de piétiner le droit", a réagi de son côté le chef du principal parti turc de l'opposition, Kemal Kilicdaroglu.
Par avance, à la clôture des débats, Osman Kavala - qui a toujours nié les charges pesant contre lui - avait dénoncé un "assassinat judiciaire" contre sa personne. "Les théories du complot, avancées pour des raisons politiques et idéologiques, ont empêché une analyse impartiale des événements", avait-il lancé avant que les juges ne se retirent.
Figure de la société civile turque, Osman Kavala, 64 ans, était accusé d'avoir cherché à renverser le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan via le financement des manifestations anti-gouvernementales dites "mouvement de Gezi" en 2013 et lors du coup d'Etat raté de juillet 2016.
Putsch raté de 2016
C'est depuis la prison de haute sécurité de Silivri, en lisière d'Istanbul, par visioconférence et vêtu comme à l'accoutumée d'une chemise blanche impeccable, qu'il a suivi les plaidoiries et entendu l'énoncé du verdict, épilogue d'un feuilleton judiciaire renvoyé de mois en mois.
Ses sept co-accusés - qui comparaissaient libres - ont écopé d'une peine de dix-huit ans de prison, accusés de lui avoir apporté leur soutien. Surnommé le "milliardaire rouge" par ses détracteurs, Osman Kavala, né à Paris, avait été arrêté en octobre 2017.
Acquitté en février 2020 pour les charges liées aux manifestations de 2013, l'éditeur avait été arrêté quelques heures plus tard - avant même de pouvoir rentrer chez lui - puis renvoyé en prison, cette fois accusé d'avoir cherché à "renverser le gouvernement" lors du putsch raté de juillet 2016, ainsi que d'espionnage. Son acquittement avait ensuite été invalidé par la justice turque, mais la reconduction régulière de sa détention en a fait le héros de l'opposition au président Erdogan.
"Avoir passé quatre ans et demi de ma vie en prison ne pourra jamais être compensé. La seule chose qui pourra me consoler sera d'avoir contribué à révéler les graves erreurs de la justice turque", avait-il prévenu vendredi. L'affaire Kavala a déclenché à l'automne une crise diplomatique, Ankara menaçant d'expulser une dizaine d'ambassadeurs occidentaux, dont celui des Etats-Unis, qui avaient réclamé sa libération. En février, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a lancé une "procédure en manquement" contre la Turquie.
Le mois dernier, les procureurs avaient réclamé sa condamnation pour "tentative de renversement" du gouvernement, soit une peine de prison à vie sans possibilité de libération anticipée.
Avec AFP
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