Il y a près de cinq ans, en décembre 2016, la Gambie, petit pays enclavé dans un autre, le Sénégal, a mis fin au règne despotique de 22 ans du président Yahya Jammeh par le biais d'élections démocratiques. Ce dernier est battu par Adama Barrow et s’exile en Guinée équatoriale en janvier 2017.
En deux décennies, la dérive autoritaire de Jammeh a sapé la jeune démocratie gambienne qui s'enfonce progressivement dans la dictature. Le règne du président est marqué par des abus généralisés, notamment des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires, la suppression de la presse et des medias. Il est également accusé d’avoir volé des millions de dollars des coffres du pays. En matière de politique extérieure, la Gambie s'isole, quitte le Commonwealth en 2013 et la Cour pénale internationale en 2016.
Le président Adama Barrow fonde en décembre 2019 le Parti national du peuple (NPP). Depuis lors, le nouveau parti a réussi à recueillir un soutien populaire important et à augmenter les chances du président d'obtenir un second mandat.
Suite à la demande des victimes d’abus et de leurs parents, ainsi que diverses ONG comme Human Right Watch, une Commission de vérité, réconciliation et réparations (TRRC) financée par l’UE est formée en 2018 et devrait conclure bientôt plus de trois ans de témoignages publics télévisés.
Les victimes et les anciens responsables gouvernementaux qui ont témoigné lors d’audiences commencées en janvier 2019, ont lié Jammeh aux meurtres et à la torture d’opposants politiques, notamment 59 migrants ouest-africains, ainsi qu’à des chasses aux sorcières au cours desquelles des centaines de personnes ont été arbitrairement détenues, confirme Human Right Watch.
Fatou Saar, 68 ans, propriétaire d’un magasin à Sarrekunda, n’en revient pas des témoignages sur la violence du temps de Jameh, ‘je suis traumatisée, quand j’y pense, je ne dors pas la nuit, les tortures et les arrestations arbitraires ont été horribles, il a fait étrangler des gens innocents, tuer à petit feu d’autres, les détails des témoignages devant le TRRC passent à la radio, c’est effroyable, je n’ouvre plus mon poste radio pour ne plus risquer d’entendre les atrocités commises sous les ordres de Jammeh.’
La campagne électorale crée la surprise. En septembre, coup de théâtre, Barrow pour élargir sa base de soutien avant les élections, annonce une alliance entre son NPP et l'APRC (Alliance de la Réorientation et de la Construction Patriotique) de Yahya Jammeh. Youssopha A, 35 ans, expert IT à Banjul, insiste ‘Jammeh devrait être inculpé et jugé par le TPI (Tribunal Pénal International), ses crimes ont dépassé toute mesure, il ne reviendra pas, il manœuvre probablement, mais il est inconcevable qu’il refasse partie du paysage politique, ce qui nous désole, c’est qu’il est libre et vit en toute impunité dans sa maison avec sa famille, alors qu’il devrait répondre de ses actes criminels devant la justice.’ Cependant, Jammeh postérieurement, démentira qu’il y ait eu accord.
Mais le mode de scrutin a ses limites. Un million d’électeurs seront appelés aux urnes. Le nombre élevé de partis politiques (18) participant à l'élection, associé au système électoral uninominal majoritaire à un tour de la Gambie, pourrait aboutir à l’élection d'un prochain président avec seulement 100 000 voix. Il s'agit d'une menace majeure pour la stabilité du pays, car elle ouvre la voie à des candidats perdants qui pourraient déclarer les élections illégitimes, les rejeter et même déclencher des troubles civils.
Un autre problème entrave la transition démocratique de la Gambie avant les élections, la privation des droits de la diaspora gambienne. Sur une population totale de 2.417 millions (d'après la Banque Mondiale), environ 180 000 Gambiens vivent actuellement à l'extérieur du pays. La diaspora gambienne a joué un rôle important dans le soutien du mouvement d'opposition qui a finalement mis fin au règne de Jammeh. Mais l'Assemblée nationale en rejetant le projet de constitution en 2020, a mis fin au rêve de la diaspora de participer aux élections de 2021.
Malgré tout, au cours des cinq dernières années, la Gambie a fait des progrès significatifs en termes de renforcement de la démocratie et d'expansion de la représentation politique.
Cependant, la transition démocratique sera confrontée à son test le plus difficile à ce jour, le 4 décembre, lorsque le pays tiendra ses premières élections présidentielles et parlementaires depuis le départ de Jammeh. Elles devront aboutir à fermer définitivement une page noire de l’histoire du pays et déboucher sur les conclusions de la TRRC tant espérées pour que justice soit faite. Enfin, elles détermineront si la Gambie parviendra à rester sur la voie de la démocratie.
En deux décennies, la dérive autoritaire de Jammeh a sapé la jeune démocratie gambienne qui s'enfonce progressivement dans la dictature. Le règne du président est marqué par des abus généralisés, notamment des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires, la suppression de la presse et des medias. Il est également accusé d’avoir volé des millions de dollars des coffres du pays. En matière de politique extérieure, la Gambie s'isole, quitte le Commonwealth en 2013 et la Cour pénale internationale en 2016.
Le président Adama Barrow fonde en décembre 2019 le Parti national du peuple (NPP). Depuis lors, le nouveau parti a réussi à recueillir un soutien populaire important et à augmenter les chances du président d'obtenir un second mandat.
Suite à la demande des victimes d’abus et de leurs parents, ainsi que diverses ONG comme Human Right Watch, une Commission de vérité, réconciliation et réparations (TRRC) financée par l’UE est formée en 2018 et devrait conclure bientôt plus de trois ans de témoignages publics télévisés.
Les victimes et les anciens responsables gouvernementaux qui ont témoigné lors d’audiences commencées en janvier 2019, ont lié Jammeh aux meurtres et à la torture d’opposants politiques, notamment 59 migrants ouest-africains, ainsi qu’à des chasses aux sorcières au cours desquelles des centaines de personnes ont été arbitrairement détenues, confirme Human Right Watch.
Fatou Saar, 68 ans, propriétaire d’un magasin à Sarrekunda, n’en revient pas des témoignages sur la violence du temps de Jameh, ‘je suis traumatisée, quand j’y pense, je ne dors pas la nuit, les tortures et les arrestations arbitraires ont été horribles, il a fait étrangler des gens innocents, tuer à petit feu d’autres, les détails des témoignages devant le TRRC passent à la radio, c’est effroyable, je n’ouvre plus mon poste radio pour ne plus risquer d’entendre les atrocités commises sous les ordres de Jammeh.’
La campagne électorale crée la surprise. En septembre, coup de théâtre, Barrow pour élargir sa base de soutien avant les élections, annonce une alliance entre son NPP et l'APRC (Alliance de la Réorientation et de la Construction Patriotique) de Yahya Jammeh. Youssopha A, 35 ans, expert IT à Banjul, insiste ‘Jammeh devrait être inculpé et jugé par le TPI (Tribunal Pénal International), ses crimes ont dépassé toute mesure, il ne reviendra pas, il manœuvre probablement, mais il est inconcevable qu’il refasse partie du paysage politique, ce qui nous désole, c’est qu’il est libre et vit en toute impunité dans sa maison avec sa famille, alors qu’il devrait répondre de ses actes criminels devant la justice.’ Cependant, Jammeh postérieurement, démentira qu’il y ait eu accord.
Mais le mode de scrutin a ses limites. Un million d’électeurs seront appelés aux urnes. Le nombre élevé de partis politiques (18) participant à l'élection, associé au système électoral uninominal majoritaire à un tour de la Gambie, pourrait aboutir à l’élection d'un prochain président avec seulement 100 000 voix. Il s'agit d'une menace majeure pour la stabilité du pays, car elle ouvre la voie à des candidats perdants qui pourraient déclarer les élections illégitimes, les rejeter et même déclencher des troubles civils.
Un autre problème entrave la transition démocratique de la Gambie avant les élections, la privation des droits de la diaspora gambienne. Sur une population totale de 2.417 millions (d'après la Banque Mondiale), environ 180 000 Gambiens vivent actuellement à l'extérieur du pays. La diaspora gambienne a joué un rôle important dans le soutien du mouvement d'opposition qui a finalement mis fin au règne de Jammeh. Mais l'Assemblée nationale en rejetant le projet de constitution en 2020, a mis fin au rêve de la diaspora de participer aux élections de 2021.
Malgré tout, au cours des cinq dernières années, la Gambie a fait des progrès significatifs en termes de renforcement de la démocratie et d'expansion de la représentation politique.
Cependant, la transition démocratique sera confrontée à son test le plus difficile à ce jour, le 4 décembre, lorsque le pays tiendra ses premières élections présidentielles et parlementaires depuis le départ de Jammeh. Elles devront aboutir à fermer définitivement une page noire de l’histoire du pays et déboucher sur les conclusions de la TRRC tant espérées pour que justice soit faite. Enfin, elles détermineront si la Gambie parviendra à rester sur la voie de la démocratie.
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