Quatre expositions sur le Liban, la Syrie, l’Iraq et la Jordanie sont actuellement en ligne sur la plateforme d’exposition virtuelle Arts&Politics, conçue par l’ONG libanaise I have Learned Academy. Plusieurs artistes dénoncent l’état de leur pays et le régime au pouvoir par le biais de divers supports artistiques.
De la photographie aux reportages journalistiques, en passant par la vidéo, les illustrations, les peintures et les dessins, les artistes n’hésitent pas à exposer des images choquantes, mais de manière subtile et poétique. Le visiteur plonge au cœur même des crises qui secouent le Liban, la Syrie, l’Irak et la Jordanie. Et il le fait grâce à la plateforme qui permet de découvrir des œuvres d’art d’un peu partout dans le monde ; initiative d'autant plus pertinente que le Moyen-Orient est depuis plusieurs années une zone particulièrement mouvementée.
Positionné au centre d’une pièce virtuelle, le visiteur fait face à quatre «portes» représentant les grands événements survenus dans le pays, notamment le vaste soulèvement populaire d’octobre 2019 lancé pour protester contre la corruption à grande échelle d’une partie de la classe politique, ou encore l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth qui a dévasté plusieurs quartiers résidentiels de la capitale. Dans chacune des «pièces» virtuelles, le visiteur pourra côtoyer de plus près ce peuple libanais brisé mais révolté qui se relève une nouvelle fois.
Le visiteur peut apprécier plusieurs types d’œuvres. Certains artistes cherchent uniquement à exposer les faits, sans filtre, tels que les rassemblements d’octobre 2019 ou l’explosion du 4 août et ses retombées, à travers des photographies ou des vidéos à visée journalistique. Parmi cette catégorie d’illustrations, on retrouve des images fortes et symboliques, telles que celles de la longue chaîne humaine qui s’est étalée tout le long du littoral libanais lors du soulèvement d’octobre 2019, ou encore la photographie de montres toutes arrêtées à l’heure de l’explosion du 4 août.
D’autres artistes ont opté pour des illustrations, des dessins sous forme de BD, ou des animations vidéo afin d’exprimer la beauté du mouvement de solidarité et d’unité d’octobre 2019 mais aussi pour exprimer, à leur manière et dans leur style propre, leur douleur et l’espoir de retrouver la paix ou de voir disparaître une classe politique corrompue.
L’une des illustrations montre l’image très symbolique de beaux adolescents portant un drapeau libanais et assaillis de loups féroces représentant des forces politiques, locales mais étrangères également, qui agressent ces jeunes Libanais.
Les œuvres d’art s’accompagnent, dans chaque «salle» virtuelle, d’un fond sonore continu – l’explosion du 4 août forcément –, auquel succéderont les sirènes des ambulances.
La Jordanie? un pays victime de la corruption de la classe politique, d’injustice, de crimes et de harcèlement. Des portraits de femmes, illustrés ou peints, représentés par un mannequin nu. De même pour les enfants qui sont, eux, représentés par une poupée. Ces choix d’objets représentent le contrôle exercé sur eux par le gouvernement.
L’exposition montre ainsi un quotidien lourd à supporter, illustré par des personnages caricaturaux (afin d’exagérer les faits et la personnalité des hommes politiques) mais aussi par des symboles forts, comme le couteau, le pistolet, ou encore le labyrinthe (synonyme de tragédie et de chaos).
Certains artistes exposent aussi l’apport spécial des réseaux sociaux et du monde virtuel, plus ouvert et plus libre, qui permet aux internautes de s’évader. Mais cette évasion est à double tranchant, puisque les internautes deviennent addicts et donc inconsciemment prisonniers de ce monde numérique et virtuel.
Mossoul, un champ de ruines! Dans la première «salle» de l’exposition sur l’Irak, les photographes illustrent les explosions, les villes en ruines, les pertes en vies humaines, les handicapés de guerre, la violence de l’État islamique et celle des milices. Pour illustrer cette atmosphère lourde, les artistes appliquent parfois un filtre noir et blanc pour accentuer l’aspect tragique de ces images. Tel est le cas, à titre d’exemple, de la photo qui reflète symboliquement tout le drame irakien et qui montre un homme amputé d’une jambe se frayant un passage dans un quartier en ruines.
Les artistes revendiquent aussi le respect des droits de l’homme, notamment le droit à l’éducation. C’est pourquoi certains d’entre eux optent pour des caricatures et des «cartoons», proposant un espace d’illustration pour les plus jeunes afin de les informer et les sensibiliser sur la situation sans les choquer, et aborder la question de manière subtile.
Enfin, les deux dernières «salles» présentent des œuvres figuratives et abstraites qui laissent place à l’expression des émotions et des sentiments de tristesse, de douleur mais aussi d’espoir de retrouver une vie normale.
C’est l’histoire d’une guerre et d’un gouvernement meurtrier qui détruit son pays et massacre son peuple depuis plusieurs années. C’est l’histoire de ce peuple humilié, terrorisé, pris en otage, qui se trouve confronté au choix de l’exode et de l’immigration ou celui du combat. Les jeunes, quant à eux, ne peuvent plus rêver, car le rêve dans un pays en guerre n’existe plus.
C’est cette triste réalité qu’illustrent les différents artistes de cette exposition virtuelle, soit à travers des reportages photographiques des ruines et de la population qui fuit, soit à travers des interviews et témoignages filmés. Certains témoignages font état d’enlèvement et d’emprisonnement, un sujet qui occupe une salle entière de l’exposition avec des dessins et illustrations tantôt réalistes, tantôt figuratifs et expressifs.
D’autres artistes, comme pour l’Irak, proposent des animations vidéo et des illustrations. Des œuvres simples, sobres et faciles à comprendre sont destinées aux plus jeunes.
Une 3e section de cette exposition est dédiée à des photographies de graffitis et dessins sur les murs et bâtiments en ruine en Syrie. Des dessins sur les thèmes de la paix, de la tristesse, ou encore de la jeunesse; de quoi faire un véritable musée en plein air sur les ressentis et les émotions des Syriens face à la destruction de leur maison et de leur pays.
Cet article a été originalement publié sur le site Mondafrique.
De la photographie aux reportages journalistiques, en passant par la vidéo, les illustrations, les peintures et les dessins, les artistes n’hésitent pas à exposer des images choquantes, mais de manière subtile et poétique. Le visiteur plonge au cœur même des crises qui secouent le Liban, la Syrie, l’Irak et la Jordanie. Et il le fait grâce à la plateforme qui permet de découvrir des œuvres d’art d’un peu partout dans le monde ; initiative d'autant plus pertinente que le Moyen-Orient est depuis plusieurs années une zone particulièrement mouvementée.
Echoes from Lebanon/ Échos du Liban
Positionné au centre d’une pièce virtuelle, le visiteur fait face à quatre «portes» représentant les grands événements survenus dans le pays, notamment le vaste soulèvement populaire d’octobre 2019 lancé pour protester contre la corruption à grande échelle d’une partie de la classe politique, ou encore l’explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth qui a dévasté plusieurs quartiers résidentiels de la capitale. Dans chacune des «pièces» virtuelles, le visiteur pourra côtoyer de plus près ce peuple libanais brisé mais révolté qui se relève une nouvelle fois.
Le visiteur peut apprécier plusieurs types d’œuvres. Certains artistes cherchent uniquement à exposer les faits, sans filtre, tels que les rassemblements d’octobre 2019 ou l’explosion du 4 août et ses retombées, à travers des photographies ou des vidéos à visée journalistique. Parmi cette catégorie d’illustrations, on retrouve des images fortes et symboliques, telles que celles de la longue chaîne humaine qui s’est étalée tout le long du littoral libanais lors du soulèvement d’octobre 2019, ou encore la photographie de montres toutes arrêtées à l’heure de l’explosion du 4 août.
D’autres artistes ont opté pour des illustrations, des dessins sous forme de BD, ou des animations vidéo afin d’exprimer la beauté du mouvement de solidarité et d’unité d’octobre 2019 mais aussi pour exprimer, à leur manière et dans leur style propre, leur douleur et l’espoir de retrouver la paix ou de voir disparaître une classe politique corrompue.
L’une des illustrations montre l’image très symbolique de beaux adolescents portant un drapeau libanais et assaillis de loups féroces représentant des forces politiques, locales mais étrangères également, qui agressent ces jeunes Libanais.
Les œuvres d’art s’accompagnent, dans chaque «salle» virtuelle, d’un fond sonore continu – l’explosion du 4 août forcément –, auquel succéderont les sirènes des ambulances.
Jordan from Dreams to Reality/ Jordanie, du rêve à la réalité
La Jordanie? un pays victime de la corruption de la classe politique, d’injustice, de crimes et de harcèlement. Des portraits de femmes, illustrés ou peints, représentés par un mannequin nu. De même pour les enfants qui sont, eux, représentés par une poupée. Ces choix d’objets représentent le contrôle exercé sur eux par le gouvernement.
L’exposition montre ainsi un quotidien lourd à supporter, illustré par des personnages caricaturaux (afin d’exagérer les faits et la personnalité des hommes politiques) mais aussi par des symboles forts, comme le couteau, le pistolet, ou encore le labyrinthe (synonyme de tragédie et de chaos).
Certains artistes exposent aussi l’apport spécial des réseaux sociaux et du monde virtuel, plus ouvert et plus libre, qui permet aux internautes de s’évader. Mais cette évasion est à double tranchant, puisque les internautes deviennent addicts et donc inconsciemment prisonniers de ce monde numérique et virtuel.
Iraq lines between Hope and Conflict/ L’Irak, entre espoir et conflit
Mossoul, un champ de ruines! Dans la première «salle» de l’exposition sur l’Irak, les photographes illustrent les explosions, les villes en ruines, les pertes en vies humaines, les handicapés de guerre, la violence de l’État islamique et celle des milices. Pour illustrer cette atmosphère lourde, les artistes appliquent parfois un filtre noir et blanc pour accentuer l’aspect tragique de ces images. Tel est le cas, à titre d’exemple, de la photo qui reflète symboliquement tout le drame irakien et qui montre un homme amputé d’une jambe se frayant un passage dans un quartier en ruines.
Les artistes revendiquent aussi le respect des droits de l’homme, notamment le droit à l’éducation. C’est pourquoi certains d’entre eux optent pour des caricatures et des «cartoons», proposant un espace d’illustration pour les plus jeunes afin de les informer et les sensibiliser sur la situation sans les choquer, et aborder la question de manière subtile.
Enfin, les deux dernières «salles» présentent des œuvres figuratives et abstraites qui laissent place à l’expression des émotions et des sentiments de tristesse, de douleur mais aussi d’espoir de retrouver une vie normale.
The Reigning Shades of Syria/ Les ombres régnantes de la Syrie
C’est l’histoire d’une guerre et d’un gouvernement meurtrier qui détruit son pays et massacre son peuple depuis plusieurs années. C’est l’histoire de ce peuple humilié, terrorisé, pris en otage, qui se trouve confronté au choix de l’exode et de l’immigration ou celui du combat. Les jeunes, quant à eux, ne peuvent plus rêver, car le rêve dans un pays en guerre n’existe plus.
C’est cette triste réalité qu’illustrent les différents artistes de cette exposition virtuelle, soit à travers des reportages photographiques des ruines et de la population qui fuit, soit à travers des interviews et témoignages filmés. Certains témoignages font état d’enlèvement et d’emprisonnement, un sujet qui occupe une salle entière de l’exposition avec des dessins et illustrations tantôt réalistes, tantôt figuratifs et expressifs.
D’autres artistes, comme pour l’Irak, proposent des animations vidéo et des illustrations. Des œuvres simples, sobres et faciles à comprendre sont destinées aux plus jeunes.
Une 3e section de cette exposition est dédiée à des photographies de graffitis et dessins sur les murs et bâtiments en ruine en Syrie. Des dessins sur les thèmes de la paix, de la tristesse, ou encore de la jeunesse; de quoi faire un véritable musée en plein air sur les ressentis et les émotions des Syriens face à la destruction de leur maison et de leur pays.
Cet article a été originalement publié sur le site Mondafrique.
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