Les 6 et 8 mai, la diaspora libanaise se rendra aux urnes pour participer aux élections législatives, donnant ainsi le "la", une semaine avant le scrutin au Liban. Quel impact pour ce vote ? Pour quelles circonscriptions vote en majorité chaque pays ?
Ils y ont cru, même lorsqu’il semblait improbable. Ils ont déjoué les tentatives de le limiter, voire de l’annuler. Les 6 et 8 mai, le vote des émigrés libanais se tiendra malgré tout, permettant aux nombreux expatriés qui se sont inscrits de remplir leur droit et devoir national, en se rendant aux urnes dans leur pays d’accueil pour participer aux élections législatives.
Ils seront nombreux, car 225.624 expatriés sont inscrits pour voter, trois fois plus que lors des dernières législatives en 2018, lorsque leur nombre était de 82.965. Même si une partie d’entre eux ne pourra pas voter, en raison d’un cafouillage au niveau de l’organisation, ou de l’absence de papiers d’identité non-périmés, ces élections permettront à la diaspora de peser dans la balance et prouver qu’elle est devenue un joueur politique à part entière.
Le 6 mai, qui est un vendredi, jour férié dans les pays à majorité musulmane, ce sont les Libanais résidant dans neuf pays arabes et en Iran qui voteront. Les pays arabes concernés sont : l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman, Bahreïn, la Jordanie, l’Égypte, l’Iraq et la Syrie.
Le 8 mai, qui tombe un dimanche, ce sera aux Libanais inscrits dans tous les autres pays de voter. Un seul pays arabe, les Émirats arabes unis, fait partie de la liste car le dimanche y est désormais considéré comme un jour férié.
Il convient de préciser que les émigrés inscrits dans les 72 pays où moins de 200 personnes se sont enregistrées ne pourront pas voter sur place, car le Liban n’y installera pas de bureau de vote, mais pourront voter au Liban, comme l’a précisé le ministère des Affaires étrangères. Par ailleurs, les 341 Libanais inscrits en Ukraine ne pourront pas voter là-bas, en vertu du décret publié le 19 mars dernier, en raison de la guerre dans ce pays.
Quel impact aura ce vote ?
Si la diaspora libanaise a déployé tellement d’efforts pour s’inscrire en masse sur le site compliqué que le ministère des Affaires étrangères a mis à sa disposition, durant le délai très limité qui lui avait été imposé, et si ses militants ont mené campagne à plusieurs reprises afin de préserver le droit de voter suivant la circonscription d’origine et non pas pour six députés seulement, ce n’est pas pour rien.
En effet, les expatriés peuvent peser d’une manière significative sur les résultats, notamment dans les régions où les candidats se livreront des batailles serrées, à condition bien sûr qu’ils aillent voter, sachant qu’en 2018 la moitié seulement des inscrits l’avait fait.
Selon des études menées par des parties concernées, les voix de la diaspora pourraient être déterminantes pour 9 à 10 sièges parlementaires, par rapport à 3 à 4 sièges en 2018. Ces études sont basées sur un calcul de l’impact des expatriés sur les seuils d’éligibilité en 2018, et leur impact potentiel sur ces seuils en 2022.
Il est intéressant de lire la répartition des Libanais inscrits dans la diaspora en 2022 et de les comparer avec les nombres de 2018. Les chiffres, rendus publics par le ministère de l’Intérieur et le Programme des Nations-Unies pour le Développement, reflètent la présence historique des Libanais dans certains pays, mais également l’exode qui a marqué le Liban au cours des deux dernières années.
IciBeyrouth avait déjà publié en février les chiffres par pays et par circonscription, lors des élections de 2018 et pour celles de 2020, dans le cadre d’un dossier sur le rôle de la diaspora dans les élections législatives. Nous republions les tableaux avec les chiffres légèrement amendés après le décompte final du ministère de l’Intérieur.
Les chiffres par pays
Le pays qui compte le plus d’électeurs est la France, avec 28.136 inscrits en 2022, contre 8.370 en 2018.
De nombreux pays ont vu le nombre d’émigrés inscrits doubler, tripler, quadrupler et presque quintupler (c’est le cas des Émirats arabes unis, avec 25.067 inscrits contre 5.166 en 2018) par rapport aux dernières élections. Plusieurs autres remarques s’imposent, parallèlement. Les cinq champions en tête du classement, à savoir la France, les États-Unis (27.984 contre 9.999 en 2018), le Canada, (27.447 contre 11.443 en 2018), les Émirats arabes unis et l’Australie (20.661 inscrits contre 11.825 en 2018) totalisent à eux seuls plus de la moitié des inscrits dans le monde : 129.295 sur 225.624.
En outre, les pays du Golfe, à l’exemple des EAU, ont largement augmenté le nombre d’inscrits : Arabie saoudite (13.105 inscrits contre 3.186 en 2018), Qatar (7.345 inscrits contre 1.832 en 2018), Koweït (5.760 inscrits contre 1.878 en 2018), et Oman (903 inscrits contre 296 en 2018).
Les habitants de 23 pays où le vote n’avait pas eu lieu en 2018 pourront voter cette année. Il s’agit de : la Syrie (1.018 inscrits), la Turquie (999), Chypre (840), le Congo (780), l’Iran (642), Bahreïn (638), la Jordanie, le Togo, la Zambie et l’Ukraine, l’Angola, l’Irak, la Russie, le Mali, le Burkina Faso, l’Autriche, le Maroc, l’Irlande, le Cameroun, la Hongrie, l’Equateur, la Pologne et le Luxembourg.
En revanche, certains pays ont enregistré un nombre inférieur à celui de 2018. Il s’agit du Venezuela (991 contre 1497 en 2018) et de la Colombie (273 contre 325 en 2018). Parmi eux, des pays ont même vu le nombre d’inscrits baisser sous le seuil des 200 requis et ont été retirés de la liste. Il s’agit notamment de l’Arménie (192 inscrits contre 311 en 2018) l’Argentine (118 contre 392 en 2018) et le Paraguay (67 contre 924 en 2018).
Les chiffres par circonscription
Il est assez intéressant de se pencher sur l’impact que pourrait avoir le vote dans certains pays sur les résultats dans certaines circonscriptions.
Un des exemples les plus frappants est sans doute celui de l’Australie, et sa relation avec la circonscription Nord III (Koura, Batroun, Becharré et Zghorta).
En effet, 20.661 expatriés sont inscrits en Australie, presque le double qu’en 2018, lorsque 11.825 émigrés s’étaient inscrits. L’Australie est l’un des plus grands réservoirs de voix pour les Forces libanaises à l’étranger du fait de l’émigration historique vers ce pays. Selon des activistes de la diaspora à Sydney, les FL auraient à eux seuls inscrit près de 15 mille partisans. Le CPL y est présent aussi, mais en moindre nombre. Quant à la société civile, et malgré les grands efforts déployés par ses volontaires qui ont permis d’inscrire des indépendants, elle n’a pu que constater la grande emprise des partis traditionnels sur la diaspora, notamment les FL.
Une grande partie des Libanais d’Australie sont originaires de la circonscription Nord III et leurs votes seront décisifs dans la bataille que s’y livrent les différents candidats à l’élection présidentielle libanaise et leurs partis : MM. Gebran Bassil (Batroun), Samir Geagea (Becharré), Sleiman Frangié et Michel Moawad (Zghorta).
Ainsi, de ces 20.661 électeurs inscrits en Australie, 1270 votent à Batroun, 1301 à Koura, 3395 à Becharré et 3293 à Zghorta, soit un total de 9259 voix pour la circonscription, c’est-à-dire près de la moitié des inscrits dans ce pays.
Si on fait le calcul dans la direction inverse aussi, c’est à dire si l’on étudie le pourcentage d’électeurs expatriés par rapport au nombre total d’électeurs de cette circonscription, on constate que les émigrés constituent cette année 11,87 pour cent des électeurs de Becharré, 10,30 pour cent des électeurs de Batroun, 10,01 pour cent des électeurs de Zgharta et 9,62 pour cent des électeurs de Koura. Ainsi, 10,35 pour cent des électeurs de Nord III sont dans la diaspora et près du tiers de ces électeurs émigrés (9.259 voix sur 26.714) sont en Australie. La relation entre l’Australie et Liban Nord III est ainsi bel et bien privilégiée.
D’ailleurs, une vive polémique a récemment opposé les Forces libanaises, qui ont de nombreux sympathisants à Sydney et d’autres villes, au Courant patriotique libre, dont le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib est considéré comme étant proche.
Les FL avaient en effet accusé le consul général libanais à Sydney, Charbel Maacaron, d’avoir réparti les expatriés libanais inscrits pour voter en Australie de manière à les décourager de le faire, soit en séparant les membres d’une même famille, soit en assignant des bureaux de vote très éloignés des lieux de résidence des électeurs. Le ministère des Affaires étrangères avait répondu en expliquant que la répartition était due au processus d’inscription des émigrés par internet, et au code postal enregistré.
Qu’en est-il des autres pays ?
Les trois pays avec le plus d’inscrits sont la France, les États-Unis et le Canada.
Les électeurs inscrits en France sont répartis sur toutes les circonscriptions, sans que l’une d’entre elles se distingue vraiment des autres, sachant que la circonscription avec le plus grand nombre d’inscrits est le Chouf-Aley, avec 3.498 personnes enregistrées. Aux États-Unis, Nord III vient en tête avec 4.464 inscrits, suivi par Chouf-Aley avec 3.800, puis par Beyrouth II avec 2869. Au Canada, Chouf-Aley est la circonscription qui compte le plus d’inscrits, avec 3.435, suivie de Beyrouth II, avec 2.736 inscrits.
En Allemagne, 5ᵉ pays dans le classement des inscrits dans la diaspora, Sud III, qui regroupe Nabatieh, Marjeyoun Hasbaya et Bint-Jbeil, vient en premier lieu, avec 4181 inscrits. Elle est suivie par Sud II, qui regroupe Tyr et Zahrani (Est de Saida), avec 3852 inscrits, et Beyrouth II, avec 3797 inscrits.
Lors des élections de 2018, cinq partis politiques avaient obtenu la plus grande partie des votes de la diaspora, notamment dans les pays qui avaient le plus d’inscrits à l’époque, à savoir l’Australie, le Canada, les États-Unis, la France et l’Allemagne. Il s’agissait des Forces libanaises, du CPL, du Hezbollah, du mouvement Amal et du Courant du Futur, sachant que les FL et le CPL avaient raflé la moitié des votes au Canada et aux États-Unis, un peu moins que la moitié en France, et près de 40 pour cent des votes en Australie (29 pour cent pour les FL et 15 pour cent pour le CPL, selon une étude récemment publiée par the Arab Reform Initiative). Selon cette même étude, ces partis étaient presque absents en Allemagne, où Amal a eu 42 pour cent des votes et le Hezbollah 31 pour cent.
Depuis, la Thaoura est passée par là, et il y a fort à parier que certains candidats de la contestation pourraient recevoir les votes des électeurs de la diaspora, surtout ceux qui ont été forcés de quitter le pays en raison de la crise.
Pays arabes : quart des inscrits
Les pays du Golfe qui votent le 6 mai, à savoir l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman et Bahrein, regroupent 27.751 inscrits. Les Émirats arabes unis qui votent le 8 mai ont 25.067 inscrits. Ensemble, les pays du Golfe comptent donc 52.818 inscrits. Si on ajoute l’Égypte, avec 709 inscrits, et la Jordanie avec 483 inscrits, on obtient un total de 54.010, soit le quart des inscrits dans le monde.
Pour quelles circonscriptions votent ces pays arabes ? Surtout pour Beyrouth II, avec 8878 inscrits, le Chouf (4987), Tripoli (4127), Baabda (3731), Aley (3550), le Metn (3138), Akkar (2213), Beyrouth II (2028), Saïda (1774) et le Kesrouan (1647). À l'évidence, leur vote fera une différence.
Parmi les pays arabes qui voteront cette année et qui n’avaient pas voté en 2018, l’on retrouve notamment l’Irak, avec 327 inscrits, et le Maroc, qui compte 248 inscrits.
Deux autres nouveaux venus voteront le 6 mai, la Syrie avec 1018 inscrits, et l’Iran avec 642. Il est intéressant de noter que la plus grande partie des Libanais inscrits en Syrie votent principalement dans trois circonscriptions : Békaa-Ouest-Rachaya avec 296 inscrits, Chouf-Aley avec 324, et Baalbeck-Hermel avec 220. Les Libanais inscrits en Iran votent principalement à Baalbeck-Hermel, avec 176 inscrits, Sud II, avec 143 inscrits et Sud III avec 211 inscrits.
Les pays africains
De nombreux Libanais résidant dans des pays africains voteront le 8 mai. Ces pays sont la Côte d’Ivoire, en tête avec 6070 personnes inscrites, suivie par le Nigéria, Ghana, le Gabon, le Congo, Sierra Leone, le Sénégal, RD Congo, le Bénin, Togo, la Zambie, le Libéria, l’Afrique du sud, le Libéria, la Guinée, l’Angola, le Mali, le Burkina Faso et le Cameroun.
En Côte d’Ivoire, le plus grand nombre d’inscrits vote pour la circonscription Sud II, qui regroupe Tyr et Zahrani (Est de Saida), avec 3855 inscrits. Elle est suivie par Sud III, qui regroupe Nabatieh, Marjeyoun Hasbaya et Bint-Jbeil, avec 1170 inscrits. Au Gabon, au Congo, au Sierra Leone, au Sénégal, ces deux circonscriptions ont le plus grand nombre d’inscrits aussi. Au Nigéria et au Ghana, la répartition est moins claire et les inscrits plus répartis.
Le 6 mai, puis le 8, la diaspora libanaise donnera le "la". Même si les résultats de son vote ne seront connus qu’avec ceux des élections au Liban, les machines électorales des partis et de la société civile, ainsi que l’État libanais, auront déjà une meilleure idée de l’organisation de ces élections, et peut-être même des résultats.
Ils y ont cru, même lorsqu’il semblait improbable. Ils ont déjoué les tentatives de le limiter, voire de l’annuler. Les 6 et 8 mai, le vote des émigrés libanais se tiendra malgré tout, permettant aux nombreux expatriés qui se sont inscrits de remplir leur droit et devoir national, en se rendant aux urnes dans leur pays d’accueil pour participer aux élections législatives.
Ils seront nombreux, car 225.624 expatriés sont inscrits pour voter, trois fois plus que lors des dernières législatives en 2018, lorsque leur nombre était de 82.965. Même si une partie d’entre eux ne pourra pas voter, en raison d’un cafouillage au niveau de l’organisation, ou de l’absence de papiers d’identité non-périmés, ces élections permettront à la diaspora de peser dans la balance et prouver qu’elle est devenue un joueur politique à part entière.
Le 6 mai, qui est un vendredi, jour férié dans les pays à majorité musulmane, ce sont les Libanais résidant dans neuf pays arabes et en Iran qui voteront. Les pays arabes concernés sont : l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman, Bahreïn, la Jordanie, l’Égypte, l’Iraq et la Syrie.
Le 8 mai, qui tombe un dimanche, ce sera aux Libanais inscrits dans tous les autres pays de voter. Un seul pays arabe, les Émirats arabes unis, fait partie de la liste car le dimanche y est désormais considéré comme un jour férié.
Il convient de préciser que les émigrés inscrits dans les 72 pays où moins de 200 personnes se sont enregistrées ne pourront pas voter sur place, car le Liban n’y installera pas de bureau de vote, mais pourront voter au Liban, comme l’a précisé le ministère des Affaires étrangères. Par ailleurs, les 341 Libanais inscrits en Ukraine ne pourront pas voter là-bas, en vertu du décret publié le 19 mars dernier, en raison de la guerre dans ce pays.
Quel impact aura ce vote ?
Si la diaspora libanaise a déployé tellement d’efforts pour s’inscrire en masse sur le site compliqué que le ministère des Affaires étrangères a mis à sa disposition, durant le délai très limité qui lui avait été imposé, et si ses militants ont mené campagne à plusieurs reprises afin de préserver le droit de voter suivant la circonscription d’origine et non pas pour six députés seulement, ce n’est pas pour rien.
En effet, les expatriés peuvent peser d’une manière significative sur les résultats, notamment dans les régions où les candidats se livreront des batailles serrées, à condition bien sûr qu’ils aillent voter, sachant qu’en 2018 la moitié seulement des inscrits l’avait fait.
Selon des études menées par des parties concernées, les voix de la diaspora pourraient être déterminantes pour 9 à 10 sièges parlementaires, par rapport à 3 à 4 sièges en 2018. Ces études sont basées sur un calcul de l’impact des expatriés sur les seuils d’éligibilité en 2018, et leur impact potentiel sur ces seuils en 2022.
Il est intéressant de lire la répartition des Libanais inscrits dans la diaspora en 2022 et de les comparer avec les nombres de 2018. Les chiffres, rendus publics par le ministère de l’Intérieur et le Programme des Nations-Unies pour le Développement, reflètent la présence historique des Libanais dans certains pays, mais également l’exode qui a marqué le Liban au cours des deux dernières années.
IciBeyrouth avait déjà publié en février les chiffres par pays et par circonscription, lors des élections de 2018 et pour celles de 2020, dans le cadre d’un dossier sur le rôle de la diaspora dans les élections législatives. Nous republions les tableaux avec les chiffres légèrement amendés après le décompte final du ministère de l’Intérieur.
Les chiffres par pays
Le pays qui compte le plus d’électeurs est la France, avec 28.136 inscrits en 2022, contre 8.370 en 2018.
De nombreux pays ont vu le nombre d’émigrés inscrits doubler, tripler, quadrupler et presque quintupler (c’est le cas des Émirats arabes unis, avec 25.067 inscrits contre 5.166 en 2018) par rapport aux dernières élections. Plusieurs autres remarques s’imposent, parallèlement. Les cinq champions en tête du classement, à savoir la France, les États-Unis (27.984 contre 9.999 en 2018), le Canada, (27.447 contre 11.443 en 2018), les Émirats arabes unis et l’Australie (20.661 inscrits contre 11.825 en 2018) totalisent à eux seuls plus de la moitié des inscrits dans le monde : 129.295 sur 225.624.
En outre, les pays du Golfe, à l’exemple des EAU, ont largement augmenté le nombre d’inscrits : Arabie saoudite (13.105 inscrits contre 3.186 en 2018), Qatar (7.345 inscrits contre 1.832 en 2018), Koweït (5.760 inscrits contre 1.878 en 2018), et Oman (903 inscrits contre 296 en 2018).
Les habitants de 23 pays où le vote n’avait pas eu lieu en 2018 pourront voter cette année. Il s’agit de : la Syrie (1.018 inscrits), la Turquie (999), Chypre (840), le Congo (780), l’Iran (642), Bahreïn (638), la Jordanie, le Togo, la Zambie et l’Ukraine, l’Angola, l’Irak, la Russie, le Mali, le Burkina Faso, l’Autriche, le Maroc, l’Irlande, le Cameroun, la Hongrie, l’Equateur, la Pologne et le Luxembourg.
En revanche, certains pays ont enregistré un nombre inférieur à celui de 2018. Il s’agit du Venezuela (991 contre 1497 en 2018) et de la Colombie (273 contre 325 en 2018). Parmi eux, des pays ont même vu le nombre d’inscrits baisser sous le seuil des 200 requis et ont été retirés de la liste. Il s’agit notamment de l’Arménie (192 inscrits contre 311 en 2018) l’Argentine (118 contre 392 en 2018) et le Paraguay (67 contre 924 en 2018).
Les chiffres par circonscription
Il est assez intéressant de se pencher sur l’impact que pourrait avoir le vote dans certains pays sur les résultats dans certaines circonscriptions.
Un des exemples les plus frappants est sans doute celui de l’Australie, et sa relation avec la circonscription Nord III (Koura, Batroun, Becharré et Zghorta).
En effet, 20.661 expatriés sont inscrits en Australie, presque le double qu’en 2018, lorsque 11.825 émigrés s’étaient inscrits. L’Australie est l’un des plus grands réservoirs de voix pour les Forces libanaises à l’étranger du fait de l’émigration historique vers ce pays. Selon des activistes de la diaspora à Sydney, les FL auraient à eux seuls inscrit près de 15 mille partisans. Le CPL y est présent aussi, mais en moindre nombre. Quant à la société civile, et malgré les grands efforts déployés par ses volontaires qui ont permis d’inscrire des indépendants, elle n’a pu que constater la grande emprise des partis traditionnels sur la diaspora, notamment les FL.
Une grande partie des Libanais d’Australie sont originaires de la circonscription Nord III et leurs votes seront décisifs dans la bataille que s’y livrent les différents candidats à l’élection présidentielle libanaise et leurs partis : MM. Gebran Bassil (Batroun), Samir Geagea (Becharré), Sleiman Frangié et Michel Moawad (Zghorta).
Ainsi, de ces 20.661 électeurs inscrits en Australie, 1270 votent à Batroun, 1301 à Koura, 3395 à Becharré et 3293 à Zghorta, soit un total de 9259 voix pour la circonscription, c’est-à-dire près de la moitié des inscrits dans ce pays.
Si on fait le calcul dans la direction inverse aussi, c’est à dire si l’on étudie le pourcentage d’électeurs expatriés par rapport au nombre total d’électeurs de cette circonscription, on constate que les émigrés constituent cette année 11,87 pour cent des électeurs de Becharré, 10,30 pour cent des électeurs de Batroun, 10,01 pour cent des électeurs de Zgharta et 9,62 pour cent des électeurs de Koura. Ainsi, 10,35 pour cent des électeurs de Nord III sont dans la diaspora et près du tiers de ces électeurs émigrés (9.259 voix sur 26.714) sont en Australie. La relation entre l’Australie et Liban Nord III est ainsi bel et bien privilégiée.
D’ailleurs, une vive polémique a récemment opposé les Forces libanaises, qui ont de nombreux sympathisants à Sydney et d’autres villes, au Courant patriotique libre, dont le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib est considéré comme étant proche.
Les FL avaient en effet accusé le consul général libanais à Sydney, Charbel Maacaron, d’avoir réparti les expatriés libanais inscrits pour voter en Australie de manière à les décourager de le faire, soit en séparant les membres d’une même famille, soit en assignant des bureaux de vote très éloignés des lieux de résidence des électeurs. Le ministère des Affaires étrangères avait répondu en expliquant que la répartition était due au processus d’inscription des émigrés par internet, et au code postal enregistré.
Qu’en est-il des autres pays ?
Les trois pays avec le plus d’inscrits sont la France, les États-Unis et le Canada.
Les électeurs inscrits en France sont répartis sur toutes les circonscriptions, sans que l’une d’entre elles se distingue vraiment des autres, sachant que la circonscription avec le plus grand nombre d’inscrits est le Chouf-Aley, avec 3.498 personnes enregistrées. Aux États-Unis, Nord III vient en tête avec 4.464 inscrits, suivi par Chouf-Aley avec 3.800, puis par Beyrouth II avec 2869. Au Canada, Chouf-Aley est la circonscription qui compte le plus d’inscrits, avec 3.435, suivie de Beyrouth II, avec 2.736 inscrits.
En Allemagne, 5ᵉ pays dans le classement des inscrits dans la diaspora, Sud III, qui regroupe Nabatieh, Marjeyoun Hasbaya et Bint-Jbeil, vient en premier lieu, avec 4181 inscrits. Elle est suivie par Sud II, qui regroupe Tyr et Zahrani (Est de Saida), avec 3852 inscrits, et Beyrouth II, avec 3797 inscrits.
Lors des élections de 2018, cinq partis politiques avaient obtenu la plus grande partie des votes de la diaspora, notamment dans les pays qui avaient le plus d’inscrits à l’époque, à savoir l’Australie, le Canada, les États-Unis, la France et l’Allemagne. Il s’agissait des Forces libanaises, du CPL, du Hezbollah, du mouvement Amal et du Courant du Futur, sachant que les FL et le CPL avaient raflé la moitié des votes au Canada et aux États-Unis, un peu moins que la moitié en France, et près de 40 pour cent des votes en Australie (29 pour cent pour les FL et 15 pour cent pour le CPL, selon une étude récemment publiée par the Arab Reform Initiative). Selon cette même étude, ces partis étaient presque absents en Allemagne, où Amal a eu 42 pour cent des votes et le Hezbollah 31 pour cent.
Depuis, la Thaoura est passée par là, et il y a fort à parier que certains candidats de la contestation pourraient recevoir les votes des électeurs de la diaspora, surtout ceux qui ont été forcés de quitter le pays en raison de la crise.
Pays arabes : quart des inscrits
Les pays du Golfe qui votent le 6 mai, à savoir l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, Oman et Bahrein, regroupent 27.751 inscrits. Les Émirats arabes unis qui votent le 8 mai ont 25.067 inscrits. Ensemble, les pays du Golfe comptent donc 52.818 inscrits. Si on ajoute l’Égypte, avec 709 inscrits, et la Jordanie avec 483 inscrits, on obtient un total de 54.010, soit le quart des inscrits dans le monde.
Pour quelles circonscriptions votent ces pays arabes ? Surtout pour Beyrouth II, avec 8878 inscrits, le Chouf (4987), Tripoli (4127), Baabda (3731), Aley (3550), le Metn (3138), Akkar (2213), Beyrouth II (2028), Saïda (1774) et le Kesrouan (1647). À l'évidence, leur vote fera une différence.
Parmi les pays arabes qui voteront cette année et qui n’avaient pas voté en 2018, l’on retrouve notamment l’Irak, avec 327 inscrits, et le Maroc, qui compte 248 inscrits.
Deux autres nouveaux venus voteront le 6 mai, la Syrie avec 1018 inscrits, et l’Iran avec 642. Il est intéressant de noter que la plus grande partie des Libanais inscrits en Syrie votent principalement dans trois circonscriptions : Békaa-Ouest-Rachaya avec 296 inscrits, Chouf-Aley avec 324, et Baalbeck-Hermel avec 220. Les Libanais inscrits en Iran votent principalement à Baalbeck-Hermel, avec 176 inscrits, Sud II, avec 143 inscrits et Sud III avec 211 inscrits.
Les pays africains
De nombreux Libanais résidant dans des pays africains voteront le 8 mai. Ces pays sont la Côte d’Ivoire, en tête avec 6070 personnes inscrites, suivie par le Nigéria, Ghana, le Gabon, le Congo, Sierra Leone, le Sénégal, RD Congo, le Bénin, Togo, la Zambie, le Libéria, l’Afrique du sud, le Libéria, la Guinée, l’Angola, le Mali, le Burkina Faso et le Cameroun.
En Côte d’Ivoire, le plus grand nombre d’inscrits vote pour la circonscription Sud II, qui regroupe Tyr et Zahrani (Est de Saida), avec 3855 inscrits. Elle est suivie par Sud III, qui regroupe Nabatieh, Marjeyoun Hasbaya et Bint-Jbeil, avec 1170 inscrits. Au Gabon, au Congo, au Sierra Leone, au Sénégal, ces deux circonscriptions ont le plus grand nombre d’inscrits aussi. Au Nigéria et au Ghana, la répartition est moins claire et les inscrits plus répartis.
Le 6 mai, puis le 8, la diaspora libanaise donnera le "la". Même si les résultats de son vote ne seront connus qu’avec ceux des élections au Liban, les machines électorales des partis et de la société civile, ainsi que l’État libanais, auront déjà une meilleure idée de l’organisation de ces élections, et peut-être même des résultats.
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