Si beaucoup de regards sont tournés, ce vendredi 6 mai, vers une partie de la diaspora qui vote pour les élections législatives, certains n’ont pas manqué de commémorer, comme chaque année ce même jour, la mémoire des martyrs de la presse. C’était le cas de l’ordre des journalistes, qui a organisé une cérémonie de commémoration à la place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth.

L’accent a été mis, bien sûr, sur l’hommage aux journalistes tués dans l’exercice de leur fonction. «La presse libanaise, c’était l’espace de liberté du monde arabe. Cela a été rendu possible grâce à tous ces journalistes qui sont morts en travaillant», explique Scarlett Haddad, journaliste à L’Orient-Le Jour. «Le moindre que l’on puisse faire, c’est leur rendre hommage et agir pour que la presse reste toujours un espace de liberté», ajoute-t-elle.

Un objectif encore loin d’être atteint. Dans l’édition 2022 de son classement mondial sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières a placé le Liban en 130e position sur 180, une dégringolade de 23 places pour le pays du Cèdre par rapport à la version de 2021.


Dans son document, l’ONG internationale loue la «liberté de ton» présente dans le pays, malgré le contrôle des médias par «quelques individus directement affiliés à des partis ou appartenant à des dynasties locales». Elle observe également une «inquiétante instrumentalisation de la justice, qui condamne régulièrement des médias et journalistes à payer des amendes ou à de la prison par contumace».

Outre les difficultés économiques liées à la crise et impactant directement le travail de la presse, Reporters sans frontières estime que «les militants politiques participent à des campagnes d’intimidation, en particulier les loyalistes du Hezbollah, qui utilisent Twitter pour menacer les journalistes».

Le Liban n’est pas, en effet, toujours un espace de sécurité pour les médias. Outre les nombreux journalistes tués pendant la guerre civile, les observateurs indépendants, comme le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dénombrent une dizaine de victimes dans la presse depuis le début des années 1990. Le pays se rappelle, par exemple, des meurtres de Samir Kassir et Gebran Tueni en 2005 et, plus récemment, l’assassinat de Lokman Slim, début 2021.
«Le pays n’est pas dans un état normal. Il y a beaucoup de libertés, mais peu de démocratie», estime Joseph Kossaifi, président de l’ordre des journalistes libanais. «Les journalistes de ce pays souffrent, car ils subissent des pressions de tous les côtés», conclut-il.
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