L’étatisme de droite a encore frappé. Pendant que les conservateurs calomnient – à raison ! – la gauche radicale, il est crucial de rappeler que ces premiers ne sont pas les cavaliers de la liberté qu’ils prétendent être. De peur d’enrager le lecteur, je clarifie ma position dès le début : comme beaucoup d’autres actes, l’avortement me dégoute, mais son interdiction engendrerait des conséquences cauchemardesques.
John Locke et le droit sacré à la propriété privée
Contrairement aux bêtises propagées par Karl Marx, nous vivrons toujours dans un monde où nos désirs seront infinis et où nos ressources disponibles ne le sont pas, mais pourraient être utilisées d’une infinité de différentes façons. Cette inabondance, ou rareté, des ressources est la source de tout conflit, puisque les conflits émergent toujours lorsque deux ou plusieurs partis – dans ce cas, la femme et l’Etat – se disputent à propos de l’usage des ressources rares – dans ce cas, le corps de la femme. Si nos ressources étaient infinies, il n’y aurait pas de conflit.
Le problème de l’avortement est alors un problème de propriété privée. Les femmes veulent jouir de leur corps d’une certaine façon ; l’État veut leur interdire de le faire. Être propriétaire de quelque chose, c’est avoir un contrôle exclusif sur cette chose, et donc posséder le droit d’empêcher les autres d’utiliser cette même chose. L’individu est avant tout propriétaire de lui-même. Il possède son propre corps et peut le contrôler rien que par sa volonté. Telle est l’idée révolutionnaire – et pourtant évidente – de John Locke, père du libéralisme classique ayant vécu entre 1632 et 1704. Nier cette vérité générale revient à dire qu’on a le droit de dicter aux autres ce qu’ils peuvent faire avec leur corps. Certes, Locke abhorrait l’avortement, mais cela ne change rien. Il n’est donc pas anti-libéral de dire que ma liberté de balancer mon poing s’arrête là où commence le nez des autres, puisque la violence est une agression contre la propriété des autres – dans ce cas, leur nez.
Tout le monde a le droit de défendre sa propriété privée. Hurler « l’avortement, c’est le meurtre ! » n’est pas suffisant : buter un criminel ayant infiltré votre maison est un meurtre aussi, et pourtant personne ne bronche contre la légitime défense, à part une poignée de pacifistes excentriques. Il s’avère que le pauvre petit fœtus est un intrus, voire un parasite.
Le déplorable cas de la Roumanie
Croyez-le ou pas, certains d’entre nous pensent vraiment que de l’encre sur du papier suffit pour éradiquer les crimes. La vie est belle, pour ces gens-là. Hélas, les choses ne sont pas aussi faciles que ça. Il ne suffit pas d’interdire la drogue pour s’en débarrasser comme par magie, il en est de même pour l’avortement. Jetons un œil à la Roumanie sous Nicolae Ceaușescu, dictateur communiste fusillé beaucoup trop doucement le 25 décembre 1989. Après l’interdiction de l’avortement, de nombreuses femmes roumaines se sont tournées vers les avortements à domicile et dans les ruelles et, en 1989, environ 10.000 femmes étaient décédées à la suite de l’emploi de procédures dangereuses. Le nombre réel de décès aurait pu être beaucoup plus élevé, car les femmes qui cherchaient à se faire avorter et celles qui les aidaient risquaient d’être emprisonnées si elles étaient arrêtées. La mortalité maternelle est montée en flèche, doublant entre 1965 et 1989. L’histoire n’est donc pas du côté des gens qui proclament “l’amour de la vie”.
Quelle synthèse ?
Accorder à l’État carte blanche pour réguler nos corps, c’est apporter encore une pierre à l’édifice du totalitarisme. Évidemment, il n’est pas question d’applaudir l’avortement. C’est un acte écœurant, certes, mais l’interdire n’est pas le bon moyen de s’en débarrasser. Walter Block, économiste et philosophe américain, a proposé une synthèse au problème de l’avortement : l’évictionnisme (« evictionism », en anglais). Block prend comme point de départ le principe de Locke. Si le corps d’une personne appartient à cette même personne, alors elle est la seule à avoir le droit de décider ce qui y entre et ce qui en sort. Or comme la mère est l’unique propriétaire de son utérus, elle possède ultimement le droit de décider ce qu’elle en fait, y compris expulser le fœtus, qui viole le droit de propriété de la mère. Étant donné qu'il n'y a pas de contrat entre la mère et le fœtus, la mère peut l'évincer. Si la technologie existe pour le maintenir en vie, la mère doit l'utiliser. Toutefois, comme les moyens n'existent pas pour le moment, le fœtus peut être tué.
La morale et la déontologie sont des idéaux nobles, mais il faut être conscient des conséquences de nos idées sur le monde réel. Pour ma part, entre l’hypocrisie de la droite et l’idiotie de la gauche, je suis ravi d’être un « laisser-tranquiliste » radical, un extrémiste modéré, un libertarien. Ce n’est pas si difficile de reconnaitre le fait qu’autrui n’est pas ma propriété.
John Locke et le droit sacré à la propriété privée
Contrairement aux bêtises propagées par Karl Marx, nous vivrons toujours dans un monde où nos désirs seront infinis et où nos ressources disponibles ne le sont pas, mais pourraient être utilisées d’une infinité de différentes façons. Cette inabondance, ou rareté, des ressources est la source de tout conflit, puisque les conflits émergent toujours lorsque deux ou plusieurs partis – dans ce cas, la femme et l’Etat – se disputent à propos de l’usage des ressources rares – dans ce cas, le corps de la femme. Si nos ressources étaient infinies, il n’y aurait pas de conflit.
Le problème de l’avortement est alors un problème de propriété privée. Les femmes veulent jouir de leur corps d’une certaine façon ; l’État veut leur interdire de le faire. Être propriétaire de quelque chose, c’est avoir un contrôle exclusif sur cette chose, et donc posséder le droit d’empêcher les autres d’utiliser cette même chose. L’individu est avant tout propriétaire de lui-même. Il possède son propre corps et peut le contrôler rien que par sa volonté. Telle est l’idée révolutionnaire – et pourtant évidente – de John Locke, père du libéralisme classique ayant vécu entre 1632 et 1704. Nier cette vérité générale revient à dire qu’on a le droit de dicter aux autres ce qu’ils peuvent faire avec leur corps. Certes, Locke abhorrait l’avortement, mais cela ne change rien. Il n’est donc pas anti-libéral de dire que ma liberté de balancer mon poing s’arrête là où commence le nez des autres, puisque la violence est une agression contre la propriété des autres – dans ce cas, leur nez.
Tout le monde a le droit de défendre sa propriété privée. Hurler « l’avortement, c’est le meurtre ! » n’est pas suffisant : buter un criminel ayant infiltré votre maison est un meurtre aussi, et pourtant personne ne bronche contre la légitime défense, à part une poignée de pacifistes excentriques. Il s’avère que le pauvre petit fœtus est un intrus, voire un parasite.
Le déplorable cas de la Roumanie
Croyez-le ou pas, certains d’entre nous pensent vraiment que de l’encre sur du papier suffit pour éradiquer les crimes. La vie est belle, pour ces gens-là. Hélas, les choses ne sont pas aussi faciles que ça. Il ne suffit pas d’interdire la drogue pour s’en débarrasser comme par magie, il en est de même pour l’avortement. Jetons un œil à la Roumanie sous Nicolae Ceaușescu, dictateur communiste fusillé beaucoup trop doucement le 25 décembre 1989. Après l’interdiction de l’avortement, de nombreuses femmes roumaines se sont tournées vers les avortements à domicile et dans les ruelles et, en 1989, environ 10.000 femmes étaient décédées à la suite de l’emploi de procédures dangereuses. Le nombre réel de décès aurait pu être beaucoup plus élevé, car les femmes qui cherchaient à se faire avorter et celles qui les aidaient risquaient d’être emprisonnées si elles étaient arrêtées. La mortalité maternelle est montée en flèche, doublant entre 1965 et 1989. L’histoire n’est donc pas du côté des gens qui proclament “l’amour de la vie”.
Quelle synthèse ?
Accorder à l’État carte blanche pour réguler nos corps, c’est apporter encore une pierre à l’édifice du totalitarisme. Évidemment, il n’est pas question d’applaudir l’avortement. C’est un acte écœurant, certes, mais l’interdire n’est pas le bon moyen de s’en débarrasser. Walter Block, économiste et philosophe américain, a proposé une synthèse au problème de l’avortement : l’évictionnisme (« evictionism », en anglais). Block prend comme point de départ le principe de Locke. Si le corps d’une personne appartient à cette même personne, alors elle est la seule à avoir le droit de décider ce qui y entre et ce qui en sort. Or comme la mère est l’unique propriétaire de son utérus, elle possède ultimement le droit de décider ce qu’elle en fait, y compris expulser le fœtus, qui viole le droit de propriété de la mère. Étant donné qu'il n'y a pas de contrat entre la mère et le fœtus, la mère peut l'évincer. Si la technologie existe pour le maintenir en vie, la mère doit l'utiliser. Toutefois, comme les moyens n'existent pas pour le moment, le fœtus peut être tué.
La morale et la déontologie sont des idéaux nobles, mais il faut être conscient des conséquences de nos idées sur le monde réel. Pour ma part, entre l’hypocrisie de la droite et l’idiotie de la gauche, je suis ravi d’être un « laisser-tranquiliste » radical, un extrémiste modéré, un libertarien. Ce n’est pas si difficile de reconnaitre le fait qu’autrui n’est pas ma propriété.
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