©Suite à un décret du gouvernement des Talibans, les femmes afghanes doivent se couvrir intégralement en public, ce qui implique le port de la burqa. (AFP)
Après avoir interdit l'accès à l'éducation secondaire aux filles et imposé aux femmes la permission d'un tuteur masculin pour voyager, le gouvernement des Talibans a ordonné aux femmes de porter un voile intégral en public. Le décret a été annoncé samedi, justifiant cette décision par le respect de la charia et de la tradition, tout en ajoutant que les femmes n'ayant rien à faire dehors "devraient rester à la maison". Les femmes ne respectant pas cette restriction vestimentaire risquent une peine de prison.
Le directeur de la Cour suprême des talibans Mohammad Sharif annonce le décret sur le code vestimentaire des femmes afghanes à Kaboul le 7 mai 2022.(AFP)
Les talibans ont fortement durci les restrictions à la liberté des femmes en Afghanistan, en leur imposant samedi le port en public d'un voile intégral, de préférence la burqa, une annonce vivement critiquée par les militantes féministes.
Dans un décret rendu public lors d'une cérémonie à Kaboul, le chef suprême des talibans et de l'Afghanistan, Hibatullah Akhundzada, a ordonné aux femmes de couvrir intégralement leurs corps et visage en public, estimant que la burqa, le voile intégral bleu grillagé au niveau des yeux, est la meilleure option pour cela.
Les femmes devraient porter "un tchadri (autre nom de la burqa), car c'est traditionnel et respectueux", indique ce décret. "Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles doivent voiler leur visage, à l'exception de leurs yeux, selon les recommandations de la charia, afin d'éviter toute provocation quand elles rencontrent un homme" qui n'est pas un proche membre de leur famille, ajoute-t-il. Et si elles n'ont pas de raison d'aller à l'extérieur, il est "mieux pour elles de rester à la maison".
Ce décret liste aussi les punitions auxquelles sont exposés les chefs de famille qui ne feraient pas respecter le port d'un voile intégral. Les deux premières infractions seront sanctionnées d'un simple avertissement. À la troisième, ils écoperont de trois jours de prison, et à la quatrième, ils seront traduits en justice.
Par ailleurs, toute employée gouvernementale ne portant pas le voile intégral sera immédiatement licenciée.
"L'islam n'a jamais recommandé le tchadri", a réagi auprès de l'AFP une militante des droits des femmes restée en Afghanistan, sous couvert d'anonymat. "Les talibans, au lieu d'être progressistes, retournent en arrière. Ils se comportent comme lors de leur premier régime, ce sont les mêmes qu'il y a 20 ans", a-t-elle ajouté.
Un retour de vingt ans en arrière
Depuis le retour au pouvoir des talibans, à la mi-août, le redouté ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice avait publié plusieurs recommandations sur la manière dont les femmes doivent se vêtir. Mais il s'agit du premier édit sur le sujet promulgué à l'échelon national.
Les talibans avaient jusqu'ici exigé que les femmes portent au minimum un hijab, un foulard couvrant la tête, mais laissant apparaître le visage. Mais ils recommandaient chaudement le port de la burqa, qu'ils avaient rendu obligatoire lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. Sous leur premier régime, ils avaient privé les femmes de presque tout droit, conformément à leur interprétation ultra-rigoriste de la charia, la loi islamique. Les agents du ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice fouettaient ainsi quiconque était surprise sans burqa.
Après leur retour au pouvoir, après 20 années d'occupation par les États-Unis et leurs alliés, qui les en avaient chassés en 2001, les talibans avaient promis de se montrer cette fois-ci plus souples. Mais ils ont rapidement renié leurs promesses, érodant à nouveau progressivement les droits et balayant 20 années de liberté conquise par les femmes. Celles-ci sont désormais largement exclues des emplois publics et il leur est interdit de voyager à l'étranger ou sur une longue distance dans le pays sans être accompagnées d'un membre masculin de leur famille.
La communauté internationale scandalisée
En mars, les talibans ont fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine à la suite de leur réouverture, annoncée de longue date. Cette volte-face inattendue, qui n'a pas été justifiée sinon pour dire que l'éducation des filles devait se faire en conformité avec la charia, a scandalisé la communauté internationale. Les talibans ont aussi imposé la séparation des femmes et des hommes dans les parcs publics de Kaboul, avec jours de visites définis pour chaque sexe.
Le décret publié samedi pourrait compliquer un peu plus la quête de reconnaissance internationale des talibans, que la communauté internationale a directement liée au respect des droits des femmes.
Des femmes ont d'abord essayé de faire valoir leurs droits en manifestant à Kaboul et dans de grandes villes, après le retour au pouvoir des talibans. Mais ceux-ci ont férocement réprimé le mouvement, arrêtant nombre de militantes et en détenant certaines, parfois pendant plusieurs semaines.
Ces nouvelles restrictions ont été dénoncées par les Etats-Unis, "extrêmement préoccupés que les droits des femmes et filles afghanes et les progrès accomplis dans ce domaine au cours des vingt dernières années soient rognés", selon un porte-parole du Département d'Etat.
Les Nations unies ont également condamné cette décision. Elle "va à l'encontre de nombreuses assurances concernant la protection des droits humains pour tous les Afghans" qui ont été données ces dernières années à la communauté internationale par des représentants des talibans, insiste dans un communiqué la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan.
Avec AFP
Le directeur de la Cour suprême des talibans Mohammad Sharif annonce le décret sur le code vestimentaire des femmes afghanes à Kaboul le 7 mai 2022.(AFP)
Les talibans ont fortement durci les restrictions à la liberté des femmes en Afghanistan, en leur imposant samedi le port en public d'un voile intégral, de préférence la burqa, une annonce vivement critiquée par les militantes féministes.
Dans un décret rendu public lors d'une cérémonie à Kaboul, le chef suprême des talibans et de l'Afghanistan, Hibatullah Akhundzada, a ordonné aux femmes de couvrir intégralement leurs corps et visage en public, estimant que la burqa, le voile intégral bleu grillagé au niveau des yeux, est la meilleure option pour cela.
Les femmes devraient porter "un tchadri (autre nom de la burqa), car c'est traditionnel et respectueux", indique ce décret. "Les femmes qui ne sont ni trop jeunes ni trop vieilles doivent voiler leur visage, à l'exception de leurs yeux, selon les recommandations de la charia, afin d'éviter toute provocation quand elles rencontrent un homme" qui n'est pas un proche membre de leur famille, ajoute-t-il. Et si elles n'ont pas de raison d'aller à l'extérieur, il est "mieux pour elles de rester à la maison".
Ce décret liste aussi les punitions auxquelles sont exposés les chefs de famille qui ne feraient pas respecter le port d'un voile intégral. Les deux premières infractions seront sanctionnées d'un simple avertissement. À la troisième, ils écoperont de trois jours de prison, et à la quatrième, ils seront traduits en justice.
Par ailleurs, toute employée gouvernementale ne portant pas le voile intégral sera immédiatement licenciée.
"L'islam n'a jamais recommandé le tchadri", a réagi auprès de l'AFP une militante des droits des femmes restée en Afghanistan, sous couvert d'anonymat. "Les talibans, au lieu d'être progressistes, retournent en arrière. Ils se comportent comme lors de leur premier régime, ce sont les mêmes qu'il y a 20 ans", a-t-elle ajouté.
Un retour de vingt ans en arrière
Depuis le retour au pouvoir des talibans, à la mi-août, le redouté ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice avait publié plusieurs recommandations sur la manière dont les femmes doivent se vêtir. Mais il s'agit du premier édit sur le sujet promulgué à l'échelon national.
Les talibans avaient jusqu'ici exigé que les femmes portent au minimum un hijab, un foulard couvrant la tête, mais laissant apparaître le visage. Mais ils recommandaient chaudement le port de la burqa, qu'ils avaient rendu obligatoire lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. Sous leur premier régime, ils avaient privé les femmes de presque tout droit, conformément à leur interprétation ultra-rigoriste de la charia, la loi islamique. Les agents du ministère de la Promotion de la vertu et de la prévention du vice fouettaient ainsi quiconque était surprise sans burqa.
Après leur retour au pouvoir, après 20 années d'occupation par les États-Unis et leurs alliés, qui les en avaient chassés en 2001, les talibans avaient promis de se montrer cette fois-ci plus souples. Mais ils ont rapidement renié leurs promesses, érodant à nouveau progressivement les droits et balayant 20 années de liberté conquise par les femmes. Celles-ci sont désormais largement exclues des emplois publics et il leur est interdit de voyager à l'étranger ou sur une longue distance dans le pays sans être accompagnées d'un membre masculin de leur famille.
La communauté internationale scandalisée
En mars, les talibans ont fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine à la suite de leur réouverture, annoncée de longue date. Cette volte-face inattendue, qui n'a pas été justifiée sinon pour dire que l'éducation des filles devait se faire en conformité avec la charia, a scandalisé la communauté internationale. Les talibans ont aussi imposé la séparation des femmes et des hommes dans les parcs publics de Kaboul, avec jours de visites définis pour chaque sexe.
Le décret publié samedi pourrait compliquer un peu plus la quête de reconnaissance internationale des talibans, que la communauté internationale a directement liée au respect des droits des femmes.
Des femmes ont d'abord essayé de faire valoir leurs droits en manifestant à Kaboul et dans de grandes villes, après le retour au pouvoir des talibans. Mais ceux-ci ont férocement réprimé le mouvement, arrêtant nombre de militantes et en détenant certaines, parfois pendant plusieurs semaines.
Ces nouvelles restrictions ont été dénoncées par les Etats-Unis, "extrêmement préoccupés que les droits des femmes et filles afghanes et les progrès accomplis dans ce domaine au cours des vingt dernières années soient rognés", selon un porte-parole du Département d'Etat.
Les Nations unies ont également condamné cette décision. Elle "va à l'encontre de nombreuses assurances concernant la protection des droits humains pour tous les Afghans" qui ont été données ces dernières années à la communauté internationale par des représentants des talibans, insiste dans un communiqué la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan.
Avec AFP
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